Alors que la dette publique continue de peser lourdement sur les économies africaines, certains pays se distinguent par l’ampleur de leur endettement. Entre défis structurels, pressions économiques et stratégies de redressement, voici un état des lieux des cinq nations les plus endettées du continent selon le rapport African Debt Outlook: A Ray of Optimism publié par Afreximbank en février 2025.
1. Afrique du Sud – 14 % de la dette extérieure africaine
L’Afrique du Sud détient le plus fort niveau d’endettement sur le continent, représentant 14 % de la dette extérieure africaine. Ce poids financier s’explique par :
🔴 Une croissance économique faible, freinée par des inégalités persistantes.
🔴 Un chômage structurellement élevé, impactant le pouvoir d’achat et la consommation.
🔴 Une instabilité sociopolitique, dissuadant les investissements étrangers.
Le pays recourt massivement aux euro-obligations pour financer son déficit budgétaire croissant, ce qui alourdit encore davantage le service de la dette. Cette situation suscite l’inquiétude des agences de notation qui adoptent une perspective prudente sur l’évolution économique sud-africaine.
2. Égypte – 13 % de la dette extérieure africaine
L’Égypte occupe la deuxième place avec une dette représentant 13 % du total africain. Cette accumulation s’explique par :
🛑 Un recours accru aux emprunts internationaux pour financer des mégaprojets d’infrastructure.
🛑 Une pression continue sur la balance des paiements, alimentée par une inflation galopante.
🛑 La dévaluation de la livre égyptienne, rendant plus coûteux le remboursement des dettes en devises étrangères.
Malgré ces défis, le gouvernement tente une restructuration de certaines échéances pour alléger le fardeau financier du pays.
3. Nigeria – 8 % de la dette extérieure africaine
Avec 8 % de la dette africaine, le Nigeria, première puissance économique d’Afrique de l’Ouest, se trouve dans une situation délicate.
Les causes principales de cette dette sont :
⚠️ Une forte dépendance aux revenus pétroliers, exposant l’économie aux fluctuations des prix du pétrole.
⚠️ Des déficits budgétaires récurrents, poussant l’État à multiplier les emprunts.
⚠️ Une émission fréquente d’euro-obligations, augmentant la charge des intérêts.
Toutefois, la diversification économique amorcée ces dernières années, notamment dans l’agriculture et les technologies numériques, pourrait permettre un allègement progressif de cette dette.
4. Maroc – 6 % de la dette extérieure africaine
Le Maroc détient 6 % de la dette extérieure africaine, soit environ 45,65 milliards de dollars.
Les principaux facteurs de cette situation sont :
📌 Des emprunts massifs pour financer des infrastructures (autoroutes, trains à grande vitesse, énergies renouvelables).
📌 Un endettement soutenu pour accélérer la transition énergétique.
📌 Une croissance économique dynamique, qui permet cependant de maintenir une certaine stabilité financière.
Le Maroc reste un pays attractif pour les investisseurs, ce qui lui offre une marge de manœuvre pour gérer sa dette de manière stratégique.
5. Mozambique – 6 % de la dette extérieure africaine
Tout comme le Maroc, le Mozambique détient 6 % de la dette extérieure africaine, mais sa situation est plus préoccupante en raison des scandales financiers qui ont fragilisé l’économie.
💥 En 2016, l’affaire de la “dette cachée” a révélé des emprunts non déclarés d’environ 2 milliards de dollars, plongeant le pays dans une crise économique majeure.
💥 L’instabilité financière a entraîné une perte de confiance des créanciers internationaux.
💥 Toutefois, les réserves de gaz naturel offshore pourraient, si bien exploitées, aider à assainir les finances publiques à moyen terme.
Une tendance préoccupante mais des perspectives d’amélioration
Outre ces cinq pays, d’autres nations africaines comme l’Angola, le Kenya et le Ghana affichent des niveaux de dette préoccupants.
📈 Trois facteurs aggravent le fardeau de la dette africaine :
✔️ L’inflation mondiale persistante, qui augmente le coût de la vie et réduit la capacité des États à rembourser leurs dettes.
✔️ La remontée des taux d’intérêt, rendant les emprunts plus coûteux.
✔️ L’appréciation du dollar américain, alourdissant le service de la dette contractée en devises étrangères.
Cependant, plusieurs pays engagent des réformes structurelles pour améliorer leur gestion budgétaire et diversifier leurs sources de revenus. Si ces efforts se poursuivent, l’Afrique pourrait progressivement stabiliser sa dette et transformer ce fardeau en un levier de croissance durable.
La question reste ouverte : les réformes en cours seront-elles suffisantes pour inverser la tendance ou le continent devra-t-il encore faire face à de nouvelles turbulences économiques ?
La rédaction
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