Intelligence artificielle : des étudiants en droit de Montpellier confrontés à ChatGPT pour rédiger une charte de la nature

Le professeur Dominique Rousseau a proposé la rédaction d’une charte des droits de la nature à des étudiants en droit de Montpellier et à une Intelligence artificielle.

Lors de l’année universitaire 2023-2024, le professeur de droit constitutionnel Dominique Rousseau avait demandé à une douzaine d’étudiants en Master 2 de droit constitutionnel de l’université de Montpellier de rédiger une charte des droits de l’homme du XXIe siècle. Et de soumettre la même requête à… ChatGPT.

Une expérience pour tenter une « comparaison entre intelligence artificielle et humaine », et, in fine, démontrer que ce que l’intelligence artificielle (IA) avait mis… dix secondes à élaborer ne rivalisait bien sûr pas avec les heures de travail pendant lesquels les étudiants avaient travaillé. Même si ces derniers avaient reconnu « une certaine efficacité » au résultat délivré par ChatGPT, petit miracle technologique en soi.

Analyse comparative

Satisfait par ce premier essai, toujours intéressé à l’idée de « trouver de nouvelles formes pédagogiques, avec des actes plus créateurs que répétitifs » Dominique Rousseau a donc décidé de récidiver.

Et de solliciter cette fois ses étudiants montpelliérains, toujours du Master 2 (dirigé par Jordan Arlettaz) de la faculté de droit, pour œuvrer à l’élaboration d’une charte des droits de la nature. Qui permettra une analyse comparative « entre intelligence artificielle et intelligence de juristes », comme le détaillait le constitutionnaliste.

Une charte de la nature rédigée en… cinq secondes

Midi Libre a pu assister à la restitution de leur travail, lors de laquelle il est apparu que ChatGPT avait progressé : il ne lui a fallu cette année pas plus de cinq secondes pour rédiger cette charte. Et ôtons tout suspense : celle écrite par les étudiants a « une âme, et une sensibilité » saluées par Dominique Rousseau, dont celle signée par l’IA reste dépourvue. Cette dernière, par ailleurs moins complète et argumentée, s’apparentant en effet parfois à un catalogue d’articles impersonnels et désincarnés.

Mais, fair-play, les étudiants ont noté qu’« à l’appui d’un prompt minimaliste, et en quelques secondes, l’IA a produit une déclaration des droits de la nature satisfaisante, voire remarquable à bien des égards« . Et de saluer « un préambule éloquent qui aurait fait la fierté du comité rédactionnel dans la peau duquel nous nous sommes glissés ».

L’IA « assez précise, parfois plus que nous »

Ils ont encore apprécié chez cette IA qu’ils challengeaient son « sens pragmatique », voire sa « capacité à être assez précise, parfois plus que nous ». D’où ce constat : « Si la déclaration produite par l’IA n’est pas parfaite et ne remplace pas la patte humaine, ces qualités nous démontrent l’utilité de cet instrument pour analyser, synthétiser, structurer, rédiger, et même proposer des idées intéressantes ».

Beaux joueurs, donc, jusqu’à sonder l’IA sur leur propre charte, mais sans aller jusqu’à tenir compte de ses observations. Et ces mêmes étudiants de déplorer de leur côté « une certaine superficialité de la déclaration IA », loin « d’être exempte de contradictions et d’incohérences », et qui rend donc indispensable « une intervention humaine pour enrichir et préciser véritablement les principes fondamentaux » du texte demandé.

ChatGPT hégémonique

Reste ce constat sur l’usage que font ces jeunes universitaires de ChatGPT (ils n’utilisent pas d’autre modèle) dans le cadre de leurs études : il y a deux ans, personne n’en parlait, et en 2024 un seul étudiant du groupe alors soumis à cet exercice en avait la pratique. Ce jeudi, a contrario, un seul étudiant a affirmé n’y avoir jamais recours.

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