INTERVIEW. « Il faut démystifier l’intelligence artificielle » pour le professeur Dominique Barbolosi
Les 7 et 8 avril, le quatrième forum des mathématiques a été organisé à Porto-Vecchio. Au cœur de cette édition : l’intelligence artificielle. Pour faire le point sur les enjeux de cet outil, notamment en médecine, France 3 Corse ViaStella a rencontré le professeur Dominique Barbolosi, enseignant en mathématiques à l’université d’Aix-Marseille.
Les 7 et 8 avril, le quatrième forum des mathématiques a eu lieu à Porto-Vecchio.
Un évènement à destination des scolaires de l’île.
Cette année, l’intelligence artificielle a été particulièrement mise à l’honneur, à travers divers ateliers, mais aussi une conférence liée à son impact sur la cancérologie du futur.
En marge de cet évènement, le professeur Dominique Barbolosi, enseignant à l’université d’Aix-Marseille et spécialiste des mathématiques appliquées à la médecine, a accordé un entretien à France 3 Corse ViaStella afin de faire le point sur les enjeux de l’intelligence artificielle, notamment dans le domaine de la santé.
Le reportage de Caroline Ferrer et Morgan Ferrer :
durée de la vidéo : 00h01mn52s
Quatrième forum des mathématiques à Porto-Vecchio
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©M. PLOUCHART – C. FERRER / FTV
France 3 Corse ViaStella : Quel est le rôle de l’intelligence artificielle en médecine ?
Dominique Barbolosi : Le rôle de l’intelligence artificielle, c’est de donner un support intellectuel pour les médecins, pour utiliser toute la connaissance disponible, qui va de l’imagerie en passant par tous les examens d’anatomopathologie (ndlr : l’analyse à l’œil nu puis au microscope d’un prélèvement d’un organe), les examens de biochimie, etc. Pour fédérer toutes ces connaissances et arriver à en tirer des critères de jugement, par exemple, savoir si un traitement va fonctionner mieux ou moins bien, s’il va y avoir des toxicités, et au niveau du diagnostic, pour tous ces renseignements, l’intelligence artificielle va être d’un recours exceptionnel.
C’est donc une aide fantastique pour les médecins, mais cela ne remplacera jamais le professionnel, c’est ce que vous dites dans votre conférence.
Il faut démystifier cela, c’est clair. L’intelligence artificielle, c’est un nom qui a été très mal choisi. Il n’y a aucune intelligence, simplement des outils numériques très performants. Un petit peu à l’instar des chaussures qui vous aident à marcher, mais qui ne remplacent pas vos pieds, l’intelligence artificielle permet de réfléchir, d’aller plus loin, mais c’est l’individu et l’être humain qui réfléchit.
Vous expliquez aussi que l’intelligence artificielle permet de trier des données.
Il y a des quantités indénombrables d’informations, avec beaucoup de cancers différents. Et donc cette intelligence artificielle va permettre de faire le tri et de forger des critères qui sont introuvables de manière intuitive.
Est-ce particulièrement utile concernant les cancers pédiatriques ?
Oui et non, car concernant les cancers pédiatriques, il n’y a pas beaucoup de données, puisque la bonne nouvelle, c’est qu’il y a peu d’enfants malades. Donc il n’y a pas ce qu’on appelle des « Big data » parce que l’intelligence artificielle est nourrie par de grosses quantités de données, par définition. Mais la pédiatrie, en revanche, peut bénéficier de la modélisation mathématique qui utilise moins de données et peut donner des informations très importantes.
En tout cas, l’intelligence artificielle est un tel outil pour la médecine que vous avez des projets avec l’université de Corse. Quels sont-ils ?
Oui, l’université de Corse a très bien réagi. Nous développons des projets de formation, au niveau du doctorat, par exemple. Nous avons des projets de fabriquer des nouveaux masters pour que les étudiants puissent prendre le train en marche et ne pas rester sur le quai de la gare. Désormais, l’université de Corte a l’autorisation d’ouvrir la deuxième et troisième année de médecine et, à terme, il y aura un cursus complet. Donc nous pourrons offrir des formations, je dirais modernes, aux médecins qui vont faire de la recherche et qui auront besoin de l’intelligence artificielle.
Retrouvez l’intégralité de l’entretien :
durée de la vidéo : 00h02mn58s

INTERVIEW. « Il faut démystifier l’intelligence artificielle » pour le professeur Dominique Barbolosi, enseignant en mathématiques
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©C. FERRER – M. PLOUCHART / FTV
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