Kindonou. L’effervescence d’un quartier à demi-ton d’affluence. Entre brouhaha ponctuel et calme cyclique. À l’image de la ville de Cotonou, cette zone située non loin d’un stade multifonction d’envergure (Stade de l’Amitié Général Mathieu Kérékou) vibre au gré de son développement ascensionnel. C’est là, à quelques encablures d’une pharmacie devenue le repère de toutes les personnes qui veulent s’y rendre ; qu’Africa Sound City vibre. Un centre culturel d’abord musical puis progressivement élargi à d’autres genres.
Un artiste en tient les fondations. Multi-instrumentiste, compositeur et producteur. La profusion de barbe et de tignasse comme traits physiques caractéristiques. Le regard taquin comme expression d’une enfance qui continue de l’habiter. Un visage solennel qui traduit sa personnalité de noblesse assumée. Lui, c’est Jah Baba, de son vrai nom Oladipo Abiala. Il est expression de confluences, de résistance, de persévérances, et vecteur de transmission : entre ce qu’il a reçu et ce qu’il s’évertue à léguer à son échelle. Autant à travers les formations qu’il propose dans son espace culturel, que celles qui l’accompagnent lors de ses tournées à l’international, ou de ses résidences de créations avec ses instrumentistes.
En cela, il apparaît comme une figure incontournable de l’Afrobeat contemporain béninois. Originaire de Pobè, une ville du Bénin voisine du Nigéria, Jah Baba fait preuve de syncrétisme musical en fusionnant l’afrogospel, les rythmes traditionnels yorubas et les influences vodoun inspirées de l’éthique et de l’ancestralité des cultes Orishas.
Né dans une région où la richesse musicale est aussi profonde que l’histoire elle-même, Jah Baba puise son inspiration de l’héritage familial. Sa grand-mère Oyin Ade étant une voix de conservation des grandes élégies de son temps. Il a su ensuite, synthétiser ce legs patrimonial pour l’enrichir des inflexions de Féla Kuti ou encore de Bob Marley ; mâtiné aux interférences du Sud-Bénin. Jah Baba incarne ainsi la quintessence de l’Afrobeat, une fusion vibrante de traditions ancestrales et de sonorités jazz. Virtuose des tambours bata et gangan (dun-dun), ce sont davantage ses performances scéniques qui reflètent l’authenticité créative qui l’anime. Lui qui est habité quand il chante, quand il improvise ou quand il prononce des litanies. Avec sa voix d’écorchure transcriptrice de ses périples de vie, de ses péripéties de parcours, de ses traversées truffées d’enseignements ; il raconte l’appartenance, la dévotion, l’offrande de soi, les cantiques incantatoires des traditions, la dignité existentielle mais également son engagement militant.
En effet, à travers ses compositions, Jah Baba ne se satisfait pas que de divertir, il veut éduquer et instruire. Pour lui, la musique est un outil de conscientisation sociale. Ses paroles, s’imprègnent donc de messages de justice, d’alerte à la déperdition culturelle, de célébration cultuelle et d’espoir. Si ce n’est qu’en réalité, Jah Baba se pose en rempart contre les injustices et en contestataire des abus croissants autour de lui.
Et au-delà de ses talents musicaux, il se distingue également en tant que promoteur engagé. De fait, son centre culturel, lui octroie la possibilité d’être un mentor, capable d’impulser une prochaine génération d’artistes béninois.e.s, d’artistes africain.e.s ancré.es et orienté.es vers l’auto-accomplissement.
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