« je préconise l’idée que l’humain reste au centre du jeu »

Il a joué en groupe, du rock distordu. Il a tourné en solo, s’entourant de pédales de loop comme d’un orchestre miniature. Aujourd’hui, Dominique A revient en trio acoustique (avec le claviériste Julien Noël et le contrebassiste Sébastien Boisseau) pour Quelques lumières, une relecture intimiste de trente ans de carrière. La tournée passera par le Kubb, à Évreux, jeudi 3 avril à 20 heures. Avant cela, on est allé à sa rencontre. Pour prendre son pouls. Savoir dans quel état d’esprit il se trouve, à une époque qui ne ressemble plus en rien à celle de ses débuts.

Par où gravir la montagne Dominique A ? L’enfance. Le dessin. « Je voulais être dessinateur de BD. Finalement, la musique a pris le dessus. J’étais partagé entre les deux. Je dessinais beaucoup jusqu’à l’âge de mes 17-18 ans, mais la musique a vraiment pris le dessus dès l’adolescence, quand j’ai commencé à écouter de la musique, à être un aficionado, à faire partie du public spécialisé », résume-t-il. « C’était une autre époque aussi. C’était une époque où on pouvait encore assimiler tout ce qui se passait musicalement – c’est-à-dire qu’aujourd’hui, c’est juste impossible. Donc voilà, c’est sur les coups de 18 ans, quand j’ai fait mes premiers groupes, que j’ai complètement laissé tomber le dessin. Maintenant, c’est une passion d’amateur, enfin… de spectateur. Je ne pratique plus du tout. » On insiste : quel genre de BD l’attirait ? « J’ai commencé à être lecteur du Journal de Spirou. Après, ça a été les comics américains traduits en français, le magazine Strange, etc. Et puis, un tout petit peu plus tard, j’étais fasciné par toute la bande dessinée de la fin des années 70, début des années 80, avec des revues comme Métal Hurlant et À Suivre. Alors j’étais assez jeune, j’avais 12-13 ans, mais j’étais déjà très très impliqué là-dedans. Ça développait mon imaginaire, tout simplement. Ça me faisait rêver. Ça me sortait. À l’époque, je vivais en Seine-et-Marne, dans une petite ville. C’était la fin des années 70, le début des années 80, la vie était un peu en noir et blanc. C’était pas la joie. C’était une vraie échappatoire. Il y avait peu de choses, à l’époque. On n’avait pas autant de canaux qu’aujourd’hui, c’est sûr. » Il vivait à Provins, avant de migrer à Nantes, où débutera sa « seconde vie », à l’âge de 15 ans.

Pour infirmer ce que disait l’abbé Brel, je pense qu’on peut encore s’émerveiller à 70 ans.

Dominique A

Le pouvoir du chant lui est révélé très tôt. À l’école. On s’étonne : ce n’est pas donné à tout le monde de chanter devant ses camarades de classe. L’affaire peut même tourner à la torture, lui fait-on remarquer. « Ben non, moi, bizarrement, ça a été le seul moment qui n’était pas une torture », dit-il. « À partir de ce moment-là, je me suis dit : tiens, il y a quelque chose. C’était bon. J’étais assez renfermé, mais c’était le moment où quelque chose se… comment dire… se libérait en moi. Ça, c’est à l’enfance, parce qu’à l’adolescence, c’était plus compliqué de chanter devant les autres. À l’adolescence, on se sent ridicule et tout, pour tout. Mais enfant, ça m’est apparu comme une activité naturelle. » Il donne son premier concert à 14 ans, en pleine adolescence… Il coupe : « Excusez-moi, si on remonte jusqu’à toute mon enfance, on va pas s’en sortir. » On dévoile notre jeu : cette théorie de Brel, selon laquelle un homme est fini à 20 ans, qu’il peut mourir à cet âge-là, parce qu’il a déjà vécu tous ses émerveillements – et qu’ensuite, il passera le reste de sa vie à les rechercher. « Oui, je suis d’accord, d’une certaine façon… Mais Brel avait toujours des formules un peu péremptoires, très moralistes et tout. En fait, à la fois il a raison… et puis j’ai pas envie de lui donner raison », plaisante-t-il. « Il avait des côtés comme ça, très moralistes. Très abbé Brel. Oui, c’est vrai que les émotions les plus fortes, ça se cristallise pendant l’enfance, l’adolescence – surtout l’enfance. C’est vrai qu’après, on tourne autour de ces émotions-là, et qu’elles ressurgissent. En quelque sorte, quand on fait une activité artistique, on donne un éclairage différent à des émotions qui sont là depuis bien longtemps. Qui remontent à l’enfance, oui, j’en suis persuadé aussi. Mais… pour infirmer ce que disait l’abbé Brel, je pense qu’on peut encore s’émerveiller à 70 ans. Ce n’est pas le même type d’émerveillement, mais on peut toujours être saisi – ne serait-ce que – par la toute bête, si j’ose dire, beauté d’un coucher de soleil. Il n’y a pas d’âge. Donc voilà, je ne suis pas totalement sur ce terrain-là… mais je vois ce qu’il veut dire. »

On reste à l’adolescence. C’est à ce moment-là qu’il perçoit, pour la première fois, que les Anglo-Saxons sont plus élégants que ne le sont les Français. L’élégance – le mot est lancé. Elle va marquer la suite de son histoire. « Oui, c’est sûr. Je trouve qu’en France, souvent, la musique manque un peu d’élégance. Après, moi, je ne suis pas spécialement quelqu’un d’élégant, dans ma personnalité. Je me sens pas spécialement élégant. Mais j’essaie de faire en sorte que ma musique le soit. » Il poursuit : « En France, on a un rapport à la musique où on n’entend pas les… enfin… le grand public, souvent, n’entend pas les arrangements. Il n’entend pas le travail qui est fait sur la musique à proprement parler. C’est une histoire d’éducation musicale. En France, on n’apprend pas beaucoup à chanter à l’école. Et il n’y a pas cette tradition de chanter en famille comme il peut y en avoir dans un pays comme l’Angleterre… sauf peut-être pour chanter des chansons grivoises. Je pense que le problème vient de là. Après, bien sûr, il y a beaucoup de gens qui, en France, font des trucs élégants. Mais ce qui occupe le haut du panier, c’est souvent des choses qui, pour moi, sont assez grossières dans la façon de faire. Amenées à la truelle. Sans finesse. » Il nuance aussitôt : « Je ne soutiens pas l’idée que le grand public a mauvais goût. Mais les diffuseurs n’aident pas à ce que le public se tourne vers des choses plus qualitatives. L’éducation musicale se fait là aussi. Parce que certains décideurs, dans les médias, ont décrété que le grand public n’était pas apte à recevoir certaines musiques – et donc, ils vont vers la facilité. Bon, c’est un vieux débat, un peu cliché ce que je dis, mais je crois que c’est vrai, en fait. Il y a quand même un gros nivellement par le bas. » On le sait clairement engagé dans une voie opposée. « J’essaie. Je ne veux pas me lancer des fleurs, c’est compliqué… mais c’est clair que j’aime la musique. C’est bête à dire, mais j’en écoute encore pas mal – moins qu’avant – et je suis très sensible aux atmosphères. Au-delà des chansons elles-mêmes, j’aime beaucoup le travail sur les textures sonores. Ça peut paraître pompeux de dire ça, mais c’est vrai. Donc je ne vais pas m’en cacher non plus. »

« C’est une chose d’écrire des chansons, mais ensuite, c’est la façon dont elles sont mises en forme qui m’intéresse vachement », poursuit-il. « Comment on les enregistre, avec quel type de musiciens. Aujourd’hui, beaucoup de musiques sont faites avec des ordinateurs, y a plus vraiment d’humains. Moi, je préconise l’idée que l’humain reste au centre du jeu. Que les machines ne prennent pas le dessus. Là aussi, ce sont des idées toutes bêtes… mais c’est vrai que beaucoup de musiques produites aujourd’hui le sont à moitié par des machines. Quand on parle d’intelligence artificielle et des dangers qu’elle représente pour la création… ben, moi, quand j’écoute certaines chansons, j’ai l’impression que ça fait déjà bien longtemps qu’elles sont conçues comme si c’était de l’IA. Qu’il y a à peine des humains derrière. C’est juste qu’aujourd’hui, on commence à s’en rendre compte. » Sur cette tournée, il y a volontairement le moins de machines possible. À peine de l’électricité. Il nuance : « Avec Sébastien Boisseau, le contrebassiste, et Julien Noël au clavier, on a enregistré un disque avant la tournée : Quelques lumières, un double album rétrospectif, assez acoustique. Mais sur scène, je joue beaucoup plus de guitare électrique, et Julien utilise un piano électrique avec des effets. Donc c’est moins acoustique que le disque lui-même. C’est assez climatique. On travaille vraiment sur les atmosphères, sur les changements d’ambiance. Et on n’est clairement pas dans un concert de rock’n’roll, ça c’est sûr… mais il y a des passages assez enlevés. » On pense à certains de ses fans, ceux qui lui reprochent de s’être éloigné du rock’n’roll. « Il y a des gens qui me disent ça », concède-t-il, avant de donner la clé : « Parce que j’ai vieilli. C’est une forme de méprise », analyse-t-il. « C’est vrai que je jouais avec des guitares saturées. Mais je crois que, fondamentalement, au fond de moi, j’ai toujours préféré les choses plus apaisées, plus acoustiques. Et qu’au bout d’un moment, je me sentais un peu obligé de faire le show. Aujourd’hui, je me sens moins obligé. Aujourd’hui, j’ai vraiment envie de m’écouter. »

Là encore, il nuance : « L’idée, c’est quand même de faire plaisir aux gens qui viennent. Pas de les rebuter, de les emmerder avec des trucs abscons. Ce ne sont jamais que des chansons. Pour moi, l’énergie peut se placer ailleurs que dans le jeu… enfin, que dans le son. Ce qui est important, c’est qu’il y ait une forme de tension. Et on peut avoir une tension, y compris sur des choses très douces. Là, par exemple, il n’y a pas de batterie sur scène. Donc, évidemment, on sait qu’on va être dans un registre où ce n’est pas l’énergie brute qui prime. Mais il faut qu’il y ait cette énergie. Qu’elle se transmette d’une certaine façon. Et ça passe par les arrangements, par les changements d’ambiance pendant le concert. C’est comme ça qu’on arrive à équilibrer cette énergie. » En l’entendant parler de l’obligation de « faire le show », on pense à Philippe Katerine, qui, lui, a opté pour le show total. « Oui, c’est clair. C’est la liberté, Philippe. Je suis admiratif de son parcours – et puis, il ne cesse de nous étonner », plaisante-t-il. « C’est l’artiste le plus libre que je connaisse. C’est fascinant. Parce qu’il y a eu une prise de risque totale, à un moment donné de sa carrière – à peu près au début des années 2000. Ensuite, il a forcé le trait – je dis ça de façon positive. Et puis… il s’est tout permis. Je regarde ce phénomène, comme plein de gens, en étant ébahi. Avec un œil aussi sur la qualité de sa musique. Il y a des morceaux que je trouve vraiment superbes. Et puis c’est un ami. Par ailleurs, je ne le vois pas comme les gens le voient, puisque je le connais relativement bien. C’est l’une des personnes les plus normales que je connaisse, en fait. Parce que toute sa folie, il peut justement l’exprimer dans son art. C’est quelqu’un d’assez calme. Dans une soirée, je vais parler trois fois plus que lui. Je vais même le saouler. Les gens s’en font une idée qui est sans doute un peu fausse… mais c’est pas grave. Je suis admiratif de son parcours, c’est sûr », insiste-t-il.

Ce n’est pas par hasard qu’on évoque Philippe Katerine. Ils ont été, un temps, sur cette même ligne élégante. « Oui, lui, ce qui est bien, c’est qu’il peut être élégant même dans la vulgarité. Ce qui n’est pas donné à tout le monde », plaisante-t-il. « Mais oui, au début, il était plus pop que moi, en fait. Pour grossir le trait, disons qu’il était plus Gainsbourg, et moi j’étais plus Rive gauche, Brel et compagnie. Ce qu’il déteste. Il déteste Brel. Musicalement, même si on était de la même génération, et qu’il y avait des points communs, on n’était pas tout à fait sur les mêmes références. Moi, j’aimais la New Wave. La New Wave sombre. Joy Division et compagnie. Lui, ça n’a jamais été son truc. Il était plus pop. C’était plus la pop anglaise à guitare claire. » On revient à cette idée du concert sans batterie. On devine que cela met en avant le texte, que le public devient plus attentif aux mots. « Oui, c’est sûr. » On sait l’importance que l’écriture a pour lui. « Disons que c’est un truc que j’ai assumé avec les années. C’était un truc que je refusais complètement quand j’étais plus jeune. Maintenant, je suis plus dans cette volonté d’interpréter, de raconter des histoires auxquelles les gens puissent se raccrocher. C’est sûr que là, on les entend bien. On entend bien les mots », confirme-t-il. « Et je me repose vachement sur l’inventivité de Sébastien et de Julien, l’inventivité musicale, justement, pour que ce ne soit pas juste quelques notes posées sur du chant. Il faut que la musique illustre le propos, qu’elle soit forte aussi. L’idée, ce n’est pas de faire un accompagnement plan-plan. Chaque chanson, on la prend vraiment comme une chanson à part entière, et on essaye de lui donner une identité. » On a lu qu’il avait eu, très tôt, des velléités d’écriture. Mais qu’il avait une telle vénération de la chose écrite qu’il avait freiné des quatre fers pendant vingt ans. Pourquoi ? « Vis-à-vis de la littérature, je ne me sens toujours pas… » Il marque une pause. « J’ai la prétention d’être plutôt bon dans ma catégorie. Et quand on est bon dans un domaine, c’est rare qu’on le soit dans un autre », remarque-t-il. « Je m’y suis essayé régulièrement. Je sais écrire des textes en prose. Mais… il n’y a pas d’urgence. Pas de nécessité. Ça m’épate toujours, les livres comme ça, les romans notamment, où il y a une vraie patte, un vrai style, et on est embarqué. Je me demande toujours comment les gens font. C’est un mystère pour moi. J’ai beau avoir écrit quelques bouquins, ça reste mystérieux. Autant j’ai l’impression, quand je fais de la musique, de maîtriser un petit peu ce que je fais, et de pouvoir avancer dans une forme de sérénité… autant, dès que j’aborde la littérature, c’est plus délicat. Je crois qu’à l’avenir, je ne vais pas persister, je vais m’en tenir à la musique », confie-t-il.

Il abandonne même l’idée du « un jour… », relève-t-on. « Peut-être la poésie », concède-t-il. « Parce qu’il y a la versification, le format court, qui se rapproche de celui d’un texte de chanson. Dans ce domaine-là, je me sens des possibilités. » On observe que la poésie aujourd’hui est reléguée à une niche. Qu’elle a disparu de nos vies, « tuée » par la chanson, avance-t-on. « Oui, c’est clair que la chanson a pris la place », nous rejoint-il. « Mais la poésie revient. La niche s’est un peu agrandie ces dernières années. J’ai sorti un bouquin (Le Présent Impossible, ndlr) dans la collection Iconopop, chez les Éditions Iconoclaste – une collection qui n’existe plus aujourd’hui, mais qui marchait bien pourtant. Ils arrivaient à vendre des livres de poésie à plusieurs milliers d’exemplaires, ce qui est quand même assez notable. Donc il y a un petit retour, qui correspond peut-être à la façon dont l’attention des gens s’est diluée avec Internet. C’est de plus en plus compliqué de lire des livres. Il y a une vraie déperdition de l’attention, notamment chez les jeunes. Ils ont du mal à se concentrer sur des textes longs. La poésie, peut-être, permet un autre rapport à l’écrit. Un rapport sur un temps court – on peut lire un poème en une minute. Ça rejoint peut-être la manière dont on approche aujourd’hui les choses artistiques. Je ne parle pas de l’audiovisuel, des films, des séries… Mais ce petit retour de la poésie, me semble-t-il, est lié à ça. Parce que c’est un public assez jeune qui vient vers elle. » L’histoire prend souvent la forme d’un balancier, d’une inspiration, d’une expiration. Ne reviendrons-nous pas, tôt ou tard, à ce qu’on a laissé tomber : le livre papier, les instruments de musique ? « Le livre, en tant qu’objet, je pense qu’il n’est pas directement menacé. Même si les gens lisent moins, c’est un fait. Et les jeunes lisent moins, c’est un fait aussi. Après… sur le côté : est-ce que l’organique va reprendre le pas sur le numérique ? Oui… j’aurais dit oui, avant. Mais maintenant, je ne sais plus. » Il marque une pause. « Ce qui est sûr, c’est que ce que l’intelligence artificielle ne peut pas produire, par exemple, c’est la présence des corps sur scène. Alors oui, on peut toujours proposer des hologrammes, c’est sûr. Mais une vraie interaction avec un public… ça, je pense que c’est encore la chance de la musique : la scène. L’incarnation. Savoir si, sur scène, les gens utiliseront moins les ordinateurs, s’ils reviendront à de vrais instruments… ça, je n’en sais rien. Je suis assez pessimiste. J’ai l’impression de travailler dans un domaine qui est de plus en plus une niche. »

L’attente des gens, c’est du son et lumière. C’est un light-show. Du gros son. Et un ou deux corps sur scène, qui ressemblent à celui – ou celle – qu’ils écoutent sur leur téléphone.

Dominique A

Dans une interview, il parlait de ceux qui le suivent comme de « vieux barbons comme moi ». On lui sort alors une vraie réflexion de vieux barbon : de plus en plus de concerts ressemblent à des séances de gym de masse, où l’instrumentation se résume vaguement à une console de DJ – et encore, pas toujours. « Oui, oui, c’est de la gym de masse. C’est Véronique et Davina », plaisante-t-il. « C’est désolant, qu’est-ce que vous voulez que je vous dise ? C’est vrai que, globalement, ce que la majorité du public attend aujourd’hui, c’est d’entendre et de voir les gens qu’ils écoutent sur leur téléphone. Ce qu’ils veulent, c’est une énergie. Sentir que la personne est là. Mais le jeu musical les indiffère, en fait. » Il s’interroge. « Je ne sais pas s’il y aura un mouvement de balancier par rapport à ça. Je veux croire que oui, mais… je suis un peu sceptique. Parce que… je ne sais pas… J’ai l’impression que… En tout cas, l’attente, aujourd’hui, n’est pas là. L’attente des gens, c’est du son et lumière. C’est un light-show. Du gros son. Et un ou deux corps sur scène, qui ressemblent à celui – ou celle – qu’ils écoutent sur leur téléphone. » Il marque un temps. « C’est fou. Il y a trente ans, quelqu’un qui arrivait avec des bandes sur scène passait pour un faussaire. Un usurpateur. Et maintenant, c’est juste la norme. Je ne pense pas, sincèrement, que ce soit un progrès. Je n’ai pas cette sensation que ça aille vers du mieux. Ça va vers une forme de déshumanisation. Une inféodation à la machine. » Et il élargit la réflexion : « Mais c’est juste l’illustration du rapport qu’on a à nos existences. La musique suit ce chemin-là. Elle suit la voie qu’on donne à nos vies. Elle ne l’anticipe pas. Elle ne s’en détache pas. Elle est à l’image de nos vies. Nos vies sont inféodées à l’iPhone. Il suffit d’aller dans la rue, de prendre les transports pour voir que les gens sont captifs. En captivité. Mais de leur propre chef. La musique populaire est l’illustration de ce phénomène. » Et il conclut, avec un sourire dans la voix : « J’ai l’air, comme ça, d’être un vieux con. Un Cassandre. Mais c’est ce que j’observe, en tout cas. »

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