Jean-Luc Mélenchon à Sciences Po : un meeting de campagne

Dès son entrée dans l’amphithéâtre, il est ovationné avant d’avoir prononcé le premier mot. De toute évidence, les étudiants ne sont pas là en tant qu’étudiants mais en tant que militants. En témoigne aussi l’appel scandé par ce même auditoire à la fin de son discours : « union populaire ! Union populaire ! », produisant la satisfaction de l’orateur qui leur répond « Ah ! J’ai des amis ici ».

En effet, il n’avait même que des amis dans cet amphithéâtre. Les rares contradicteurs qui ont tenté de s’exprimer ont aussitôt été poussés vers la sortie, si bien que, de leurs propos, nous n’avons pu entendre qu’une protestation étouffée. Cela n’a pas empêché Jean-Luc Mélenchon de déclarer ce soir-là : « il n’y a pas de pensée possible autrement que par la liberté du contradictoire. Pas de contradictoire, pas de pensée ».

Jean-Luc Mélenchon s’est adressé aux étudiants comme à ses militants. S’il a beaucoup parlé du conflit israélo-palestinien, c’est dans le but d’appeler finalement à voter pour sa liste : « moi, je vous dis cela pour que vous vous en rappeliez […], quand vous êtes enfermés dans l’isoloir, avec un bulletin de vote. »

C’est un problème car il s’agit d’un meeting électoral, et non de la « conférence » annoncée. Un vrai meeting. Outre les personnes présentes dans l’amphithéâtre, Mélenchon s’adressait aussi au public en ligne – 11.000 personnes connectées, selon les organisateurs.

C’est ainsi que le leader de La France Insoumise a pu profiter de l’attention massive portée à Sciences Po depuis quelques jours, en raison d’une agitation étudiante à laquelle LFI avait d’ailleurs pris une part majeure.

Cette opération est d’autant plus astucieuse que Sciences Po ne pourra plus recevoir dans les mêmes conditions les représentants des autres listes candidates aux européennes ; en effet, les cours sont maintenant terminés, les étudiants préparent leurs examens.

En faisant passer son meeting électoral pour une conférence, Jean-Luc Mélenchon a bénéficié d’un privilège important pour sa campagne étant donné que l’on contraint les médias à respecter l’égalité des temps de parole à la seconde près.

Quatre jours seulement après ce meeting, Rima Hassan, candidate sur la liste La France Insoumise, n’a pas hésité à lancer sur Tweeter un appel à bloquer Sciences Po : « Venez tous et toutes à sciences po, l’heure est au soulèvement ».

Et il faudra l’intervention des CRS pour rendre l’École à ses étudiants qui subissent cette situation et qui pour la plupart la condamnent. Si Sciences Po doit se soulever, c’est contre son instrumentalisation politique, pour la liberté d’opinion et pour le pluralisme des idées sans lesquels l’université court à sa perte.

Crédit: Lien source

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.