Julia a porté plainte il y a une semaine pour viol envers un ancien censeur de l’établissement catholique de Neuilly-sur-Seine. Devenu proviseur dans deux lycées privés dans les Yvelines, cet homme vient d’être mis en retrait à titre provisoire de ses fonctions ce lundi.
« C’était ce type de jeune prof beau-gosse qui s’amusait à draguer des jeunes filles de 15 à 17 ans. A l’époque, j’étais fleur bleue et je suis en quelque sorte tombée sous son charme », se souvient Julia (nom d’emprunt), jointe par téléphone ce lundi. « Il m’a invitée chez lui et je me suis retrouvée dans son lit. Je n’ai pas compris ce qui m’arrivait. J’étais dans un état de sidération, j’ai trouvé cela ensuite dégueulasse et j’ai eu honte« , confie Julia.
C’est quand elle a découvert qu’Olivier B. encadrait toujours des jeunes dans d’autres établissements catholiques : le lycée de l’institut Notre-Dame à Saint-Germain en Laye et Jean-Paul II à Sartrouville dans les Yvelines, que Julie s’est décidée à déposer plainte il y a huit jours pour un fait de viol non prescrit lorsqu’elle avait 16 ans et lui 39 ans.
« A l’époque, on m’aurait dit que je l’avais bien cherché. Aujourd’hui, j’ai une fille de 12 ans et je ne veux pas que cela lui arrive. Si personne ne dit rien, ces prédateurs sexuels restent dans l’enseignement », affirme-t-elle, persuadée que cet ancien professeur a fait d’autres victimes et qu’il n’était pas le seul dans ce cas-là.
Ce lundi, l’ancien censeur a été « mis en retrait conservatoire à titre temporaire » de son poste de proviseur dans les deux établissements privés où il exerçait par l’enseignement catholique des Yvelines.
Une décision prise « conformément à la demande du rectorat », précise l’organisme dans un courrier aux parents du lycée de l’institut Notre-Dame à Saint-Germain en Laye et du lycée Jean-Paul II à Sartrouville dans les Yvelines où il est proviseur. Il est « dispensé d’activité jusqu’à nouvel ordre », précise le courrier de l’enseignement catholique.
« C’était la chose à faire. J’espère qu’il sera définitivement renvoyé. Ces prédateurs sexuels n’ont rien à faire dans l’enseignement », réagit Julie qui se défend de tout esprit de vengeance personnelle.
Pour l’heure, au moins trois plaintes pour harcèlement sexuel, viol et agression sexuelle ont été déposées ces deux dernières semaines par d’anciens élèves de Saint-Dominique de Neuilly. Et cinq autres vont suivre cette semaine. Elles visent plusieurs enseignants et encadrants sur une période qui va des années 1980 aux années 2000.
Un tsunami, une déferlante de témoignages. On ne s’attendait pas à cela !
Constance Bertrand, représentante du collectif des anciens élèves de Saint-Dominique de Neuilly
A l’origine d’un groupe Facebook créé dans le sillage de l’affaire Bétharram et qui rassemble aujourd’hui plus de 700 personnes, la directrice associée dans un groupe de communication est passée « du choc à la détermination« . « Maintenant, on passe à l’action », explique-t-elle tout en ajoutant « être très surprise de n’avoir pas été contactée par l’établissement (Saint-Dominque Ndlr) Je ne comprends pas ce silence. Il interroge sur ce qui peut être fait aujourd’hui dans cette école pour lutter contre les cas de violence. »
Les nouvelles plaintes qui seront déposées cette semaine portent sur des « faits d’attouchement, de violences psychologiques et physiques ». Un enseignant de CM2 est ainsi accusé d’avoir « caressé les cuisses de jeunes filles derrière son caisson à tiroirs » de 1993 à 1994. « Il a disparu après, on ne retrouve plus sa trace« , souligne la quadragénaire. Quand une autre aurait assené un coup de poing sur la tête d’un élève de CM1.
Le parquet de Nanterre a ouvert mi-mars une enquête préliminaire. Dans le même temps, le rectorat de Versailles a lancé un audit et multiplie les inspections dans plusieurs établissements catholiques de l’académie.
« Nous redisons notre compassion pour les victimes et notre volonté claire : tout doit être mis en œuvre (…) pour que la parole soit libérée, que la lumière soit faite, dans une coopération sans réserve, sans restriction, avec les autorités publiques compétentes », ont réagi l’actuelle direction de l’établissement et celle de l’Enseignement catholique des Hauts-de-Seine dans un communiqué diffusé auprès de l’AFP.
Elles ont confirmé avoir reçu « plusieurs témoignages (…) pouvant mettre en cause des personnes ayant travaillé à Saint-Dominique » mais n’étant plus en poste, qui ont été « portés à la connaissance » du procureur de Nanterre.
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