Est-ce réaliste de tenir des Jeux du Canada dans deux villes séparées par 160 kilomètres ? C’est l’une des nombreuses questions auxquelles devra répondre un comité d’évaluation qui était en tournée cette semaine à Moncton et à Saint-Jean pour déterminer la viabilité d’un tel projet.
Les Jeux d’été du Canada de 2029 doivent se tenir au Nouveau-Brunswick, selon la rotation prévue entre les provinces. La seule candidature est celle soumise conjointement par Moncton et Saint-Jean.
Même si l’affaire semble déjà réglée, les rencontres tenues cette semaine sont essentielles.
Les derniers Jeux d’été ont eu lien à Niagara, en Ontario. L’édition 2025 se déroulera à Saint-Jean de Terre-Neuve.
Photo : Facebook/Team Nova Scotia
Il faut démontrer qu’on est capable, qu’on a les installations, que la communauté est derrière les Jeux
, explique Louis Léger, coprésident pour Moncton au sein du comité organisateur des Jeux de 2029.
C’est plus une évaluation de notre équipe, de notre stratégie et du legs des Jeux. Ils testent notre plan
, ajoute l’autre coprésident, Bill MacMackin, qui représente Saint-Jean.
En juin dernier, on avait déjà passé les critères de base
, ajoute-t-il.
Catherine Gosselin-Desprès, présidente du comité d’évaluation, voit cela comme un examen d’étape.
C’est sûr que le but, c’est que ça reste ici. Nous, on va faire tout en notre possible pour que les Jeux demeurent dans les deux communautés
, ajoute-t-elle.

Catherine Gosselin-Després, présidente, Comité d’évaluation des candidatures au Conseil des Jeux du Canada.
Photo : Radio-Canada / Francois Leblanc
La visite des membres du Conseil des Jeux du Canada, qui s’est achevée vendredi, a permis d’analyser, notamment, les documents techniques, la coordination entre les régions, le transport, le budget de 40 millions de dollars et les sites proposés pour tenir les compétitions.

Le Centre d’éducation physique et sportive de l’Université de Moncton abrite des gymnases et un stade intérieur et pourrait accueillir des épreuves.
Photo : Radio-Canada / Guillaume Aubut
Le Nouveau-Brunswick a déjà promis de mettre sur la table 10 millions de dollars, le reste du financement proviendra des commanditaires, du privé, d’Ottawa et des gouvernements municipaux.
Les conseils de Moncton, de Saint-Jean et de six localités de la région Fundy ont déjà donné leur accord.

Francis Charles Roussel vient de remettre le témoin à un coéquipier de l’équipe de relais du Nouveau-Brunswick aux Jeux du Canada en 2022.
Photo : Archives
Selon les organisateurs, l’événement attirera plus de 20 000 visiteurs et des retombées économiques sont estimées à 200 millions de dollars.
Les Jeux durent pendant deux semaines et accueillent 4600 athlètes. Il faut environ 5000 bénévoles pour la bonne tenue de l’événement multisports.
La distance n’est pas un problème
L’organisation bicéphale n’est pas vue comme un obstacle selon le comité d’évaluation.
C’est beaucoup pour une seule communauté en termes de budget, d’être une ville hôtesse
, plaide Catherine Gosselin-Desprès.
Nous sommes ici pour nous assurer que l’expérience des Jeux soit la même dans les deux communautés.
Dans le projet présenté, les athlètes d’un même sport ne voyageront pas d’une ville à l’autre, mais le comité d’évaluation ne permet pas aux organisateurs de dévoiler publiquement où se tiendront la vingtaine de compétitions ni le partage entre les deux régions.
Toutefois, la seule piscine réglementaire au Nouveau-Brunswick pour tenir les épreuves de natation se trouve à Saint-Jean.
Les sentiers du parc Rotary Saint-Anselme, à Dieppe, a accueilli des Coupes Canada de vélo de montagne.
Radio-Canada Acadie a aussi surpris les évaluateurs en train de visiter l’Université de Moncton (où se trouvent le CEPS, les résidences étudiantes et le stade), puis le Centre Avenir.
C’est dans cet amphithéâtre que se tiendrait la cérémonie d’ouverture, tandis que l’événement se clôturerait à Saint-Jean.

Le Centre Avenir, au centre-ville de Moncton, pourrait accueillir la cérémonie d’ouverture des Jeux du Canada en 2029.
Photo : Radio-Canada / Shane Magee
La question des infrastructures
Louis Léger veut que la tenue des Jeux soit un catalyseur pour les sportifs.
On est choyé d’avoir les installations dans les deux villes
, souligne-t-il. Il n’y aura pas de nouvelles constructions, seulement des rénovations.
Des édifices, ce n’est pas ça qui fait la différence. Le développement est vraiment au cœur de nos athlètes.
Cependant, en coulisses, des critiques se font entendre. Par exemple, une candidature unique de Moncton aurait permis de donner des infrastructures nouvelles pour l’est de la province, comme une piscine de 50 mètres.

Le Centre Aquatique Jeux du Canada de Saint-Jean, au Nouveau-Brunswick.
Photo : Radio-Canada / Guy R. Leblanc
Il n’y a pas beaucoup de communautés dans la province qui veulent avoir une autre piscine de 50 m
, soutient Louis Léger. La réalité, c’est que de rénover la piscine à Saint-Jean, c’est peut-être 25 millions dollars tandis que de construire une nouvelle piscine, on parle de 100 à 150 millions dollars.
Saint-Jean a déjà accueilli les Jeux d’été en 1985 tandis que le duo Bathurst–Campbellton a présenté la version hivernale en 2003.
La décision sur le projet Moncton-Saint-Jean sera connue en avril.
Crédit: Lien source