JO de Paris 2024. « Pas-de-Calais, terre de sports « et « Soldat blessé, soldat sportif » deux expositions à découvrir en marge du passage de la flamme

Alors que la flamme olympique arrivera à Lille le 2 juillet accueillie par une immense parade de plus de 1 800 personnes et 65 associations sportives de la ville, pour ensuite se rendre à Ohlain le 3 juillet, de nombreux événements autour du sport et des Jeux Olympiques et Paralympiques sont à découvrir dès ce week-end dans le Nord-Pas-De-Calais. Zoom sur deux d’entre-eux.

« Pas-de-Calais, terre de sports », l’histoire des Jeux mérite bien une exposition !

Dès ce week-end et jusqu’au 30 septembre, l’histoire des jeux s’expose sur neuf sites du Pas-de-Calais, Neufchâtel-Hardelot, Camiers-Sainte-Cécile, Berck-sur-Mer, Arques, Aire-sur-la-Lys, Auxi-le-Château, Noeux-les-Mines, Rouvroy et le Parc Départemental d’Ohlain qui accueillera la Flamme olympique le mercredi 3 juillet prochain.

Des expositions de plein air, consacrées à l’histoire du sport et de l’olympisme dans le Pas-de-Calais et orchestrées selon huit thématiques.

Huit thématiques pour dresser une histoire du sport des années 1900 à nos jours, et aborder l’olympisme et les spécificités propres à notre département.

Conduit en partenariat avec trois enseignants de l’Université d’Artois : Olivier Chovaux, Noémie Beltramo et Jean Bréhon, Pas-de-Calais, terre de sports retrace ainsi l’implantation des sports modernes dans le département depuis la fin du XIXᵉ siècle, en regard des olympiades successives depuis le « rétablissement » des Jeux – en particulier celles ayant eu lieu en France, les « concours internationaux d’exercices physiques » de l’Exposition universelle de 1900, les Jeux d’été de Paris en 1924 ou les éditions hivernales de Grenoble (1968) et d’Albertville (1992).

Des compétitions qui sont aussi le reflet des évolutions des pratiques comme du spectacle sportif. Si les sports anglais arrivent très tôt dans les villes littorales du Pas-de-Calais, ils se diffusent tout aussi rapidement dans l’entre-deux-guerres : accessibles au plus grand nombre, les disciplines en usage lors des Jeux olympiques témoignent aussi des mutations des techniques corporelles et des modes d’engagement des athlètes, hommes ou femmes, valides ou handicapé.e.s.

Pas-de-Calais, terre de sports aborde également des aspects plus thématiques, autour des grandes figures du sport hexagonal, Pierre de Coubertin et Alice Milliat notamment, ou encore les athlètes médaillés mis à l’honneur.

L’exposition rappelle aussi les dimensions politiques, économiques et géopolitiques des Jeux olympiques : lieux de lecture des relations internationales, moyen d’affirmer la vitalité d’un État (indépendamment de son régime politique), ceux-ci sont également des outils au service du développement des territoires, à l’image du Département du Pas-de-Calais, « base arrière » des Jeux de Londres en 2012, et des nombreuses infrastructures sportives réalisées à cette occasion.

Avec ce voyage à travers l’histoire des Jeux et des sports, l’exposition témoigne de la vitalité d’une philosophie et de valeurs nées il y a plus d’un siècle, et que les Jeux de Paris 2024, malgré un contexte difficile, auront à charge d’incarner.

« Soldat blessé, soldat sportif : itinéraire d’une reconstruction » 

À Fromelles, c’est un autre pan de l’histoire du sport, que le musée de la Bataille vous propose de découvrir dès ce week-end.

Ce musée, mémoire des combats qui ont opposé les soldats allemands, australiens et britanniques en juillet 1916, présente une nouvelle exposition autour de l’histoire des blessés de guerre qui se reconstruisent par le sport.

« Soldat blessé, soldat sportif : itinéraire d’une reconstruction », met à l’honneur ces blessés ou mutilés de guerre, qui se sont reconstruits mais aussi réinsérés à travers la pratique sportive. La Première Guerre mondiale a marqué durablement les corps et les esprits des soldats. Des corps estropiés, abîmés, qui nécessitent rééducation, reconstruction et réinsertion dans un monde qui se reconstruit lui aussi. 

Comme le rappelle Hélène Blanc, la directrice du Musée, cette réinsertion par le sport démarre véritablement en 1919. « Si les premiers secours organisés ont eu lieu lors de la bataille de Solférino, le regard sur les blessés de guerre rapatriés va vraiment changer après la 1ere Guerre mondiale. En 1919, l’Europe compte 21 millions d’hommes mutilés ou blessés qu’il a fallu réinsérer et qui se sont rééduqués avec le sport”.

Une seconde vie, pour ces militaires touchés dans leur chair au front qui vont reprendre confiance par le sport, au cours du 20e et du début du 21e siècle.

A travers des documents rares, des photos, des films, mais également des prothèses, l’exposition montre comment ces hommes dévoués à leur pays se sont reconstruits, et démontre par là même, que le sport au-delà des médailles, peut offrir également une magnifique résurrection.

En France, de nombreuses institutions vont jouer un rôle important dans la prise en charge et la reconstruction des victimes des guerres.

Vous découvrirez ainsi les premiers centres de réhabilitation, comme à Vizille dans les Alpes en 1917 et 1918, mais également comment le Grand Palais à Paris (futur site olympique) a été transformé à l’époque en hôpital militaire pour permettre aux militaires de pratiquer une activité sportive.

Les activités physiques et sportives apparaissent aussi comme des outils déterminants dans la rééducation des blessés de guerre. Cette rééducation par le sport est favorisée pendant tout le 20e siècle.

Des associations et des fédérations sportives se mettent en place. Elles structurent et réglementent ces pratiques pour que les blessés de guerre jouent dans les meilleures conditions. Vient ainsi la création de l’Amicale sportive des mutilés en 1954. À partir des années 1960, on assiste à une institutionnalisation puis une mondialisation de ces activités sportives. Ainsi, émerge l’identité « handisport ». En 2006, le Centre national des sports de la défense, est créé pour généraliser ce type de rééducation.

L’exposition nous fait également revivre les premiers Grand prix vélo en 1920, mais également les premiers Jeux Paralympiques à Rome en 1960 et les Invictus Games en 2014, un grand événement médiatisé qui réunit des centaines de soldats et vétérans de guerre handicapés.

Une évolution rendue possible également, grâce aux nouvelles techniques dont ont bénéficié les appareillages. Au cours de la Première Guerre mondiale, des nouvelles prothèses permettent à ces soldats de retrouver une vie sociale et professionnelle. Des prothèses en bois et en fer, on va passer au début des années 2000 à des prolongements du corps en carbone permettant à ces « nouveaux sportifs » d’être performant.

Blessés, mutilés, à force de persévérance, ces soldats ont grâce au sport connu une véritable renaissance, au point de devenir de véritables idoles. Par le sport, ces soldats vont devenir les premiers athlètes des compétitions sportives.

C’est l’exemple d’Eugène Criqui, un boxeur parisien surnommé « Gégène, la Gueule cassée », car il a été gravement blessé au visage pendant la bataille des Epargnes en 1915, nécessitant la pose de plaques métalliques à la place de sa mâchoire, lui valant d’être présenté comme « le boxeur à la mâchoire de fer ». Il sera champion d’Europe en 1922 et du monde des poids plume en 1923, le deuxième français après Georges Carpentier, à décrocher un tel titre. 

Autre exemple, Joseph Guillemot, cet athlète avait perdu en partie l’usage de ses poumons après avoir été gazé en 1915. Ce coureur de demi-fond deviendra champion olympique à Anvers en 1920 sur 5000 mètres.

Et puis, il y a aussi Armand Massard, escrimeur, blessé au ventre en 1914, qui aura obtenu trois médailles dont un d’or à l’épée aux Jeux d’Anvers, et deviendra plus tard président de la Fédération française d’escrime et vice-président du CIO.

Labellisée « Olympiades culturelles » et organisée en collaboration avec l’UREPSSS, Unité de Recherche « Sport, Santé, Société » – Groupe « Stratégie des organisations sportives », de l’Université de Lille, cette exposition met en avant ces progrès qui rendent ces athlètes de plus en plus puissants, et le parcours de ces sportifs qui éclairent cette nouvelle histoire.

Musée de la Bataille de Fromelles À voir jusqu’au 2 février 2025. Entrée gratuite.


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