JO Paris 2024 : « On avait une chance sur cent d’être champion olympique », Laurent Tillie donne les clés du succès des sports co
Les sports collectifs français ont tout raflé ou presque en 2021 à Tokyo. L’ex-coach de l’équipe de France de volley-ball était aux premières loges. Il livre aujourd’hui les secrets de cette réussite.
Avant d’arracher la médaille d’or face aux Russes en 2021, votre équipe a vécu un tournoi olympique compliqué…
Après l’Argentine (match de poules perdu 3 sets à 2), je pensais que c’était mort. Derrière, j’ai organisé un débriefing très violent dans le vestiaire. Ça ne m’était jamais arrivé. Il y avait de la colère, de la frustration, un manque d’humilité et un décalage entre ce que les joueurs voulaient être, pensaient être et la réalité.
Que s’est-il passé ensuite ?
Il restait une infime chance de qualification. J’ai laissé les joueurs se prendre en main. Il y a alors eu une convergence d’idées, d’émotions, d’actions et d’écoutes pour essayer de survivre, point après point, set après set, match après match. C’était incroyable et ça s’est terminé sur un bonheur total. Dans ces moments-là, tu es tellement heureux que tu veux que la terre entière soit heureuse.
Comme quoi…
Rien n’est jamais perdu. Dans une compétition comme les Jeux Olympiques, la résilience, la capacité à rebondir et à survivre sont primordiales. On avait une chance sur cent d’être champion olympique. Mais tant qu’il te reste une chance, même une chance sur cent, tu peux la jouer.
Au-delà du succès, de cette joie immense, que retenez-vous ?
L’état d’esprit dont les garçons ont fait preuve à partir de ce match face à l’Argentine. Ils ont commencé à jouer sans regarder le résultat, la médaille. Ils étaient juste dans le présent. On parle souvent du mental. Le mental, ce n’est pas être fort, vouloir gagner une médaille. C’est donner le maximum à l’instant T. Après l’Argentine, il y a eu ce déclic magique. C’est sans doute le résultat de tout ce que nous avions vécu ensemble jusque-là.
« Les victoires des uns encouragent les victoires des autres »
À Tokyo, ce sont tous les sports collectifs français qui ont brillé (lire par ailleurs). Comment l’expliquez-vous ?
Contrairement à ce que beaucoup disent, je pense que la France est un pays extraordinaire. Après il y a l’émulation. Quand tu vois les handballeurs réussir, quand tu vois les basketteurs réussir, tu as envie toi-même de réussir.
Et puis il y a une forme d’orgueil… C’était quand même un moment extraordinaire et unique.
Peut-on encore envisager un Grand Chelem dans les quinze prochains jours à Paris ?
Quand on regarde le collectif des équipes de France, ce sont pratiquement les mêmes par rapport à Tokyo. Alors oui, on pourrait bien revivre la même chose à Paris. Ce serait incroyable.
« Il y avait un décalage entre ce que les joueurs voulaient être, pensaient être et la réalité »
Y a-t-il une recette tricolore ?
Peut-être. En France, nous considérons le sport “co” comme un jeu. Il y a du plaisir, de la satisfaction, de la camaraderie. La natation, c’est dur. Les sports individuels, c’est difficile. Nous (les Français), on aime bien faire l’apéro, partager plutôt que cette difficulté individuelle. Vous avez vu la fête des rugbymen toulousains après leur titre de champions de France ?
C’est peut-être aussi plus facile de se tourner vers un sport collectif ?
Oui, sans doute. Et les résultats aidant, ça attire un peu plus les jeunes. Les victoires des uns encouragent les victoires des autres. C’est une espèce de cercle vertueux.
Revenons à Paris. À Tokyo, pandémie oblige, il n’y avait personne dans les salles. En France, le public sera omniprésent.
Est-ce une chance ou une pression supplémentaire ?
J’ai eu la chance de coacher les Championnats d’Europe en France en 2019. À Montpellier, à Nantes, à Bercy… le public était un moteur extraordinaire. Avant le début de la compétition, je pensais pourtant que ce serait un désavantage. Aujourd’hui, je peux vous assurer que c’est un avantage. Le public était vraiment un septième homme.
Serez-vous à Paris pour suivre votre ancienne sélection ?
Je serai le consultant volley-ball pour France Télévisions. J’espère ne pas être trop nerveux au micro (rires).
Appréhendez-vous de passer de l’autre côté de ce micro ?
Les anciens joueurs, les anciens coaches, peuvent parfois avoir la dent dure. C’est tellement facile la critique. Je préfère le positif et la bienveillance, un de mes leitmotivs en 2021 à Tokyo.
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