Joseph Kabila en RDC, présidentielle au Gabon, enquête sur la BAD, crise Algérie-Mali et Constitution au Cameroun : les 5 infos qu’il ne fallait pas rater
Bonjour à toutes et tous,
Bienvenue dans cette nouvelle édition du Brief de Jeune Afrique, qui vous propose de revenir sur les cinq articles qu’il ne fallait pas manquer au cours des sept derniers jours.
Cette semaine, on ne vous parlera pas de Donald Trump. Non pas que le sujet ne soit pas central, en particulier pour le continent. Mais les annonces en provenance de la Maison-Blanche, toutes plus « surprenantes » les unes que les autres, sont si erratiques qu’il semble plus pertinent de vous inviter à suivre notre page dédiée au président des États-Unis. Vous pourrez retrouver les dernières actualités le concernant ainsi que nos analyses, infographies et entretiens permettant de mieux comprendre les conséquences de la gouvernance si « particulière » du milliardaire américain.
Au programme de cette édition, la 73e depuis le lancement de ce Brief :
- Joseph Kabila annonce son retour en RDC « sans délai »
- Présidentielle au Gabon : une élection jouée d’avance ?
- Enquête sur les fonds envolés de la Banque africaine de développement
- Algérie-Mali : les conséquences économiques d’une crise sans précédent
- Présidentielle au Cameroun : Paul Biya est-il prêt à modifier la Constitution
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1 – Joseph Kabila annonce son retour en RDC « sans délai »
Joseph Kabila, l’ancien président de la RD Congo, à Johannesburg, le 18 mars 2025. © Siphiwe Sibeko/REUTERS
Come-back. L’information a été révélée par Jeune Afrique : Joseph Kabila a annoncé, le 8 avril, avoir « pris la résolution de rentrer sans délai » dans son pays. Dans une correspondance adressée à JA, l’ancien président, qui a quitté la RDC en décembre 2023, a assuré vouloir faire ce « come-back » par la « partie orientale » du pays, sans préciser s’il s’agit du Katanga, son fief, ou des provinces du Kivu contrôlées par le M23 et leurs alliés rwandais.
Longtemps silencieux, Joseph Kabila a multiplié, ces derniers mois, les prises de parole publiques. D’interviews en tribunes, il n’a eu de cesse de critiquer la gouvernance de Félix Tshisekedi, qu’il n’a pas hésité à qualifier de « dictateur ».
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Homme providentiel ou agent de déstabilisation ? Pour les partisans de l’ancien président congolais, Joseph Kabila serait « l’homme providentiel » qui permettra d’aboutir à un apaisement dans l’est de la RDC. Au contraire, Félix Tshisekedi le considère comme un des acteurs de la déstabilisation du pays.
Le président congolais a notamment accusé son prédécesseur d’être à l’origine de la constitution de l’Alliance Fleuve Congo (AFC), groupe politico-militaire dont les rebelles du M23 font partie, et dirigé par Corneille Naanga, ancien président de la Commission nationale électorale indépendante et proche de Kabila.
Hasard ou calcul politique ? Joseph Kabila a annoncé son intention de revenir en RDC le jour même de la fin des consultations nationales lancées par Félix Tshisekedi, qui a promis de constituer un gouvernement « d’union nationale ». Une main tendue que la majeure partie des poids lourds de l’opposition a refusé de saisir.
2 – Présidentielle au Gabon : une élection jouée d’avance ?
Brice tout-puissant. La présidentielle de ce samedi 12 avril, lors de laquelle près de 850 000 électeurs gabonais sont appelés aux urnes, marque le retour à l’ordre constitutionnel, un peu plus d’un an et demi après le coup d’État militaire.
Brice Clotaire Oligui Nguema, « tombeur » d’Ali Bongo Ondimba devenu ensuite président de la transition, candidat à ce scrutin, en est l’indéniable favori. Se présentant en « président bâtisseur », il est parvenu à construire un solide réseau dans toutes les strates de la société gabonaise. Nombre de caciques de l’ère Bongo l’ont rejoint, mais aussi des partis, des syndicats et des associations.
Bilie-By-Nze, la « rupture ». Plusieurs opposants sont absents de l’affiche dans cette compétition électorale qui prend des airs de « match amical », pour reprendre l’expression du politologue Bergès Mietté, qui analyse les enjeux du vote dans notre décryptage en vidéo. C’est notamment le cas du syndicaliste Jean-Rémy Yama, ainsi que d’Albert Ondo Ossa, candidat à la présidentielle d’août 2023 qui continue aujourd’hui encore à revendiquer le statut de « vrai président élu ».
Parmi les sept candidats qui affrontent Brice Clotaire Oligui Nguema, une figure émerge cependant : Alain-Claude Bilie-By-Nze. Ancien porte-parole de la présidence sous Ali Bongo Ondimba, dont il fut également le Premier ministre, il se présente comme le candidat de la « rupture avec le système ».
Pour tout comprendre des enjeux de cette élection historique – dont les résultats devraient être connus dans les quatre jours qui suivent le jour du vote –, et retrouver la couverture de ce scrutin par les envoyés spéciaux de Jeune Afrique à Libreville, Jeanne Le Bihan et George Dougueli, c’est ici.
3- Enquête sur les fonds envolés de la Banque africaine de développement

Le siège de la Banque africaine de développement (BAD), dans le quartier d’affaires du plateau d’Abidjan. © Issouf SANOGO / AFP
Projets fantômes ? Un investissement de 110,7 millions d’euros consenti par la Banque africaine de développement (BAD). Des objectifs plus qu’ambitieux affichés sur la construction d’infrastructures, des créations d’emplois ou encore la lutte contre l’insécurité alimentaire. Et sur le terrain : rien.
Bobisi, petit village de RDC près de la frontière avec la Centrafrique, a été choisi par la BAD pour accueillir l’un de ses plus gros projets. Dans l’enquête qu’il consacre aux « fonds envolés » de la BAD, Thaïs Brouck détaille le gouffre abyssal qu’il y a entre les promesses et l’effectivité des réalisations concrètes de ce projet qui, d’ici 2029, était supposé permettre à 20 000 jeunes congolais de se former aux techniques agricoles.
« Manque de sérieux ». De très nombreuses questions se posent sur la conduite de ce projet. Pressions de la part du gouvernement congolais, recrutement d’un consultant au profil qui interroge, soupçons de corruption… Le projet qui est supposé naître à Bobisi « manque de sérieux » et « ressemble à un éléphant blanc », ont confié plusieurs sources à JA.
Alors que la campagne fait rage pour succéder au Nigérian Akinwumi Adesina à la tête de la BAD, l’institution revendique fièrement appliquer les règles de transparence les plus exigeantes. Pour preuve, la BAD est en seconde position dans l’index de l’ONG Publish What You Fund. Reste la question de l’efficacité de ses investissements. En 2022, 68 % des projets financés par l’institution ont « atteint les résultats escomptés en matière de développement », ce qui veut dire qu’un projet sur trois n’atteint pas ses objectifs. En outre, sur l’ensemble des projets validés par le conseil d’administration de la BAD, un tiers est finalement annulé, et un autre tiers « subit des retards ou des difficultés ».
4 – Algérie-Mali : les conséquences économiques d’une crise sans précédent

Abdelmadjid Tebboune (à gauche) et Assimi Goïta. © Montage JA : Fateh Guidoum/PPAgency/SIPA ; Vladimir Smirnov/TASS/SIPA
Tensions dans les airs. L’Algérie a affirmé avoir abattu un drone de l’armée malienne, dans la nuit du 31 mars au 1ᵉʳ avril, à proximité de Tinzawaten, à la frontière entre les deux pays. L’appareil aurait, à en croire Alger, pénétré dans son espace aérien. Bamako, qui réfute, assure que l’épave du drone abattu a été découverte à 9,5 km de la frontière.
Si les tensions entre Alger et Bamako sont récurrentes, en particulier depuis la remise en cause des accords d’Alger par la junte dirigée par Assimi Goïta, cet épisode a provoqué une crise sans précédent. Le 7 avril, les autorités des deux pays ont notamment annoncé la fermeture de leurs espaces aériens respectifs.
Conséquences au sol. L’escalade diplomatique a d’ores et déjà des conséquences très concrètes sur le plan économique, analysent Salimata Koné et Bilal Mousjid.
« C’est une crise politique qui a des répercussions sur le secteur aérien des deux pays, mais aussi dans toute la sous-région », relève Ibra Wane, spécialiste du secteur basé à Dakar et directeur général du spécialiste de l’affrètement aérien Avico.
Le coup est particulièrement sévère pour Air Algérie. La compagnie, qui a profité du retrait d’Air France pour renforcer sa présence au Sahel, se voit désormais persona non grata tant dans le ciel malien que sur le tarmac de Bamako.
Autre secteur qui pourrait faire les frais de cette crise : l’énergie. Paradoxalement, c’est le Niger qui risque d’être le plus touché, à qui l’Algérie avait promis des financements pour la construction d’une raffinerie de pétrole, d’un complexe pétrochimique ou encore d’une centrale électrique. L’avenir du projet du Trans-Saharan Gas-Pipeline (TSGP), gazoduc qui doit relier le Nigeria à l’Algérie en passant par le Niger, est désormais « au point mort ».
5 – Présidentielle au Cameroun : Paul Biya est-il prêt à modifier la Constitution ?

Le président camerounais, Paul Biya, lors d’une conférence de presse au palais d’Etoudi, à Yaoundé, le 26 juillet 2022. © STÉPHANE LEMOUTON/POOL/SIPA
« Task force ». C’est un sujet qui, au Cameroun, refait surface à chaque élection. Faut-il ou non réformer la Constitution ? Selon plusieurs sources au sein de la présidence qui se sont confiées à Yves Plumey Bobo de Jeune Afrique, un projet de nouvelle Constitution est bel et bien sur les rails. Il aurait été confié à une « task force » placée sous l’égide de Ferdinand Ngoh Ngoh, le très puissant secrétaire général de la présidence.
Préparer la succession ? Plusieurs pistes sont envisagées, de l’augmentation du nombre de parlementaires et d’élus régionaux et municipaux à un redécoupage administratif du pays. Il est également envisagé de créer un poste de vice-président, qui serait élu sur un « ticket » à l’américaine, ou désigné par le chef de l’État élu.
Une piste qui, à quelques mois de la présidentielle d’octobre prochain, est particulièrement scrutée, le numéro deux de Paul Biya ayant toutes les chances d’être vu comme le dauphin potentiel du chef de l’État, âgé de 92 ans.
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