Joseph Tonda. Au Gabon, « Oligui Nguema est en campagne depuis son coup d’État »

Tout le monde a été surpris. Moins de deux ans après le coup d’État militaire du 23 août 2023, mené par le général Brice Clotaire Oligui Nguema et qui a mis fin à cinquante-six ans de règne de la famille Bongo (Omar, de 1967 à 2009, puis son fils Ali), le porte-parole du Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI), Séraphin Akure-Davain, a annoncé le 23 janvier que l’élection présidentielle gabonaise se tiendrait le 12 avril, avant la date initialement prévue d’août 2025.

Vingt-trois candidats ont déposé leur dossier (ils avaient jusqu’au 8 mars pour le faire), mais seuls quatre ont été retenus pour l’instant. Sans surprise, l’actuel chef de la Transition, Brice Oligui Nguema, en fait partie. Le dernier Premier ministre d’Ali Bongo (de janvier à août 2023), Alain-Claude Bilie-By-Nze, Stéphane Germain Iloko (un médecin) et Joseph Lapensée Essingone, un ancien cadre du Parti démocratique gabonais (PDG, le parti des Bongo), complètent la liste. Le militant et syndicaliste Jean-Rémy Yama (emprisonné de 2022 à 2023, puis nommé sénateur par le régime de transition) fait partie des dossiers écartés. Il n’aurait pas fourni l’extrait d’acte de naissance de son père prouvant qu’il est bien gabonais, l’une des conditions inscrites dans la nouvelle Constitution. Il dénonce une « mascarade »1 puisque la nationalité de ses parents est inscrite sur son propre acte de naissance.

Pendant près de deux ans, le nouvel homme fort du Gabon (pays dont le revenu par habitante est plus élevé que celui de l’Afrique du Sud grâce à sa manne pétrolière), Brice Oligui Nguema, a promu la « restauration » et mené une véritable opération séduction aux allures de campagne électorale. À en croire les discours officiels, cette « restauration » devait rendre la « dignité » aux Gabonaises qui se seraient senties « humiliées » par l’ancien régime.

Ainsi que l’explique le sociologue et anthropologue Joseph Tonda dans cet entretien, Oligui Nguema s’est efforcé d’effacer les quatorze années de présidence d’Ali Bongo, diminué depuis son AVC survenu en Arabie saoudite, en 2018. L’ancien chef de l’État est toujours en résidence surveillée à Libreville, tandis que plusieurs membres de sa famille, dont sa femme, Sylvia, sont en prison.

« Il veut rassurer la communauté internationale »

Michael Pauron : L’annonce de la tenue de l’élection présidentielle le 12 avril a surpris nombre d’observateurs… Pourquoi Brice Clotaire Oligui Nguema a-t-il anticipé la date du scrutin ?

Joseph Tonda : Brice Oligui Nguema avait promis une élection présidentielle en août 2025. En accélérant le calendrier, il veut faire passer le message qu’il n’entend pas s’éterniser au pouvoir de manière anticonstitutionnelle. Il donne ainsi des gages de sa bonne foi et utilise une manœuvre politicienne pour gagner un maximum de capital politique. Cela lui permet aussi de prendre de vitesse l’opposition. Toutes celles et ceux qui n’étaient pas dans le secret de la présidence ont été étonnées par cette annonce.

Michael Pauron : À qui adresse-t-il ce message ?


Joseph Tonda : En premier lieu, il veut rassurer la communauté internationale. Ensuite, il craint, en attendant trop longtemps, que sa popularité ne s’effrite à l’intérieur du pays.

Michael Pauron : Il a attendu le dernier moment pour annoncer sa candidature, alors qu’elle ne faisait guère de doute…

Joseph Tonda : Ce schéma est le même partout : celui sur qui les gens comptent ou qui a le capital politique le plus important se déclare en dernier.

En réalité, il est en campagne électorale depuis son coup d’État. Il cherche à auto-justifier un acte anticonstitutionnel – car même si ce « coup de la libération » a été salué par la population, ce putsch demeure un acte anticonstitutionnel.

« Pour Ali Bongo, la modernité était hédoniste »

Michael Pauron : Dans le dernier numéro de Politique africaine, consacré au Gabon, vous listez les raisons qui ont conduit au coup d’État du 30 août 2023. Parmi elles, un rejet des étrangers, des relents homophobes et un profond sentiment de déclassement et « d’humiliation »

Joseph Tonda : Quand Ali Bongo prend le pouvoir, en 2009, il pose très vite des actes de rupture par rapport à la manière dont son père, Omar, faisait de la politique. Il se débarrasse des barons du régime ; il nomme à des postes importants des gens de sa génération – des « jeunes », en somme… Il va se présenter comme un président « moderne », au diapason avec ce qui se passe à l’étranger, principalement aux États-Unis, en Angleterre et en France… Or, ce que les populations veulent, ce sont des améliorations dans leur vie quotidienne.

Michael Pauron : Cette modernité occidentale ne séduisait donc pas les Gabonaises ?

Joseph Tonda : Pour Ali Bongo, la modernité était une modernité hédonique. Lorsqu’il détruit la Cité de la démocratie [un complexe construit dans les années 1970 pour accueillir un sommet de l’Organisation de l’Union africaine, NDLR], où se tenaient, par exemple, les congrès du Parti démocratique gabonais [PDG, le parti d’Omar Bongo, NDLR], où on recevait de grandes réunions internationales, c’est pour le transformer en terrain de golf. La modernité était aussi pour lui une modernité des mœurs, avec la dépénalisation de l’homosexualité en 2020 alors que les intellectuelles estimaient que les rapports entre personnes de même sexe sont contre la nature et la tradition et voyaient cette modernité comme une régression puisque, selon celles et ceux qui s’y opposent, l’homosexualité serait un retour à l’état animal.

Pour les Gabonaises, la modernité réside dans le fait d’avoir des salaires décents, d’être employées et d’être en capacité de consommer. Pour eux, la modernité c’est la route. La modernité, c’est l’hôpital, afin que les femmes et les hommes politiques, privilégiées, ne soient plus les seules à se faire soigner – en général à l’étranger, où ils vont également mourir. La modernité est que les étudiantes puissent étudier de manière décente au Gabon et ne soient pas obligées d’aller au Sénégal alors que leur pays est censé être très riche. Pour les Gabonaises, la modernité est très sociale.

Michael Pauron : Quels ont été selon vous les points de bascule du pouvoir d’Ali Bongo ?

Joseph Tonda : La crise lors de l’élection contestée de 20162 a profondément entaché son pouvoir. De vieilles questions de nationalité sont réapparues. Ali Bongo est un enfant adopté, d’origine biafraise. Il a donc été soupçonné de ne pas être gabonais et de ne pas pouvoir prétendre au poste suprême. Ensuite, lors de son premier mandat, il s’est entouré d’un personnage trouble, Maixent Accrombessi, d’origine béninoise. Les Gabonaises ont accusé ce dernier d’être à la tête d’une « légion étrangère », c’est-à-dire d’un ensemble de personnalités non gabonaises placées au cœur du pouvoir.

Cette rupture avec la méthode du père et l’adhésion au mode de gouvernance occidental (ou « moderne ») ont été marquées par la dépénalisation de l’homosexualité, en 2020. Cet acte a violemment heurté la sensibilité culturelle et anthropologique des Gabonaises. Ils et elles s’y sont opposées, arguant qu’on voulait leur imposer des mœurs venus de l’étranger.

L’idée selon laquelle il y avait beaucoup d’homosexuelles au sein du pouvoir a circulé. J’en parle dans mon livre Afrodystopie3 : il y a eu toute une rhétorique, un répertoire et une symbolique… Des choses affreuses circulaient, comme le fait qu’Ali Bongo aurait « appris l’homosexualité » pendant sa jeunesse au Maroc…

Au-delà de ces fantasmes, une bonne partie de la population gabonaise s’est élevée contre la dépénalisation de l’homosexualité, y compris des personnalités politiques et des universitaires qui ont pris des positions fermes. Chacun a voulu capitaliser sur ce rejet populaire.

« Les Gabonaises n’ont pas un ADN xénophobe »

Michael Pauron : L’homophobie semble assumée, mais la question est plus complexe en ce qui concerne la xénophobie…

Joseph Tonda : Je ne pense pas que les Gabonaises ont un ADN xénophobe, mais des tensions peuvent advenir. Je me souviens de la crise de 1978, entre Omar Bongo et son homologue béninois, Mathieu Kérékou4 : des émeutes ont éclaté contre la population béninoise habitant Libreville et Port-Gentil.

Mais, quand on regarde au quotidien les relations avec celles et ceux qu’on appelle à Libreville les « ouest-africaines », il n’y a aucun problème, cela fait partie de « la norme » gabonaise. Y compris dans les villages les plus éloignés, on trouve des Camerounaises, des Maliennes, des Sénégalaises… Ça ne pose de problème à personne, d’autant que ce sont des gens « utiles » pour la société, qui travaillent souvent dans le petit commerce, et qui sont très arrangeants. Dans les universités, les enseignantes étrangerères n’ont jamais eu d’ennuis.

La xénophobie part d’abord du haut, de celles et ceux qui ont des ambitions politiques et qui instrumentalisent cette question : « Si vous avez des problèmes, c’est parce qu’il y a des étrangers. » Omar Bongo avait aussi des étrangerères autour de lui. Et lui-même avait été accusé d’être un Congolais ou un Centrafricain. Mais, quand il est décédé, il a été pleuré par tous les Gabonaises…

Michael Pauron : On ne peut cependant ignorer ce slogan, « les Gabonais d’abord »… N’y a-t-il pas un recentrage nationaliste ?

Joseph Tonda : Ce recentrage nationaliste s’explique par le fait que les Gabonaises se sont senties humiliées par Ali Bongo, soupçonné d’être biafrais, par son directeur de cabinet Maixent Accrombessi d’origine béninoise et par sa « légion étrangère ». La femme d’Ali Bongo, Sylvia, est quant à elle française, tout comme un ancien conseiller très proche d’Ali Bongo, Brice Laccruche Alihanga [emprisonné en 2019 et libéré en 2023, NDLR].

Ce dernier cas est très intéressant. Lorsque le président a fait son AVC en Arabie saoudite le 24 octobre 2018, Brice Laccruche Alihanga était directeur du cabinet du chef de l’État. Quelques mois plus tard, lors d’une « tournée républicaine », il a commencé à être apprécié par la population, qui s’est mise à envisager de voter pour lui. Sa peau blanche n’a posé aucun problème.

L’hypothèse d’un racisme ou d’une xénophobie dans la société gabonaise doit donc être nuancée par le contexte politique. Brice Oligui Nguema a lui-même affirmé avoir été humilié après l’AVC d’Ali Bongo par son entourage, notamment par son fils, Noureddin, qui passait son temps à dire « papa a dit, papa a dit », et qui le traitait comme un subalterne. Ce recentrage nationaliste sert aussi un objectif : renforcer une assise populaire.

Par ailleurs, pendant quatorze ans, ce pouvoir a été arrogant et ne s’est pas montré très discret sur son enrichissement personnel.

« La restauration c’est d’abord effacer les années Ali Bongo »

Michael Pauron : Sur la « restauration », vous dites qu’il ne s’agit pas d’un simple retour en arrière. De quoi s’agit-il précisément ?

Joseph Tonda : Pendant la colonisation, les Gabonaises se sont battues pour avoir les mêmes droits que les colons, c’était une question de « dignité ». Pour eux, la décolonisation ne signifiait pas forcément « chasser le colon ». Léon Mba disait qu’une part du Gabon restait française, et Omar Bongo [qui a pris le pouvoir après le décès de Léon Mba, en 1967, NDLR] n’est jamais sorti de ce schéma. Beaucoup de Gabonaises ont aujourd’hui de la famille en France.

Ce sentiment de « dignité » a traversé la période coloniale, et la « restauration » de Brice Oligui Nguema doit être regardée par rapport aux quatorze années de pouvoir d’Ali Bongo. Elles ont provoqué un sentiment d’oppression dans le sens « ça ne respire pas bien ». Quand il y a eu le coup d’État, on entendait « Ouf ! On respire ! ». Cette oppression devait être supprimée, et les institutions telles qu’elles ont fonctionné à l’époque d’Omar Bongo devaient être restaurées. Mais pas exactement à la lettre : il fallait donner un coup de balai, il fallait nettoyer.

La « restauration » dont parlent les autorités de transition est donc avant tout celle des institutions d’Omar Bongo afin d’effacer la période de quatorze ans du pouvoir de son fils Ali.

Il s’agit aussi de recourir aux symboles en convoquant la mémoire des héros nationaux5 – par exemple en rendant hommage dans le sud du Gabon à la statue de Wongo, un guerrier awandji qui a mené une révolte contre le colon français dans les années 1920.

Le général Brice Clotaire Oligui Nguema, lors d'un hommage à {« Wongo "le Patriote", valeureux guerrier Awandji »}, le 12 mai 2024 à Lastourville.

Le général Brice Clotaire Oligui Nguema, lors d’un hommage à «  Wongo « le Patriote », valeureux guerrier Awandji  », le 12 mai 2024 à Lastourville.

© Présidence du Gabon/Instagram

Un autre symbole de cette restauration est le mariage du président de la Transition avec une deuxième femme. Cet acte a fait « respirer » les Gabonaises par rapport à la « menace » que représentait selon eux l’homosexualité. Pour elles et eux, Oligui Nguema rétablit les traditions et reconnaît les valeurs traditionnelles. Il s’agit de la restauration d’une « dignité culturelle ».

Michael Pauron : Comment Oligui Nguema incarne-t-il cette restauration ?

Joseph Tonda : Elle passe par le corps du pouvoir : le corps défaillant d’Ali Bongo après son AVC a oppressé les Gabonaises, qui se sentaient humilitées par ce président qui manquait de tomber, ce président dont on disait qu’il était une « momie », qui n’était pas vraiment là et qui devenait la risée d’autres peuples. Il fallait restaurer des valeurs virilistes.

Cette tradition viriliste se retrouve chez les militaires, qui en ont hérité du pouvoir colonial. Celui-ci était un pouvoir de commandant, une administration militaire. Oligui Nguema est lui-même militaire et n’hésite pas à s’afficher en tenue militaire.

La dimension martiale s’accompagne d’une agilité intellectuelle : avec sa maladie, le président Ali Bongo avait perdu son agilité intellectuelle et physique. Oligui Nguema incarne la force physique, l’agilité intellectuelle et la tradition culturelle.

« L’unique idéologie est l’argent »

Michael Pauron : Entend-il restaurer également le système politique mis en place par Omar Bongo ?

Joseph Tonda : Omar Bongo avait créé sa propre géopolitique : il plaçait à la tête de chaque province un « petit Bongo » qui devait régner. Ce représentant du corps de Bongo était très respecté : par exemple, les intellectuelles qui rentraient de l’étranger avec leurs diplômes devaient se faire adouber dans leur province. Chaque responsable de région avait la charge de redistribuer la manne d’une manière ou d’une autre, notamment via un système de cooptation pour servir Bongo. Oligui Nguema restaure cela de manière plus subtile, en le modernisant.

Michael Pauron : Au lendemain de sa prise de pouvoir, Brice Oligui Nguema a invité la société civile à prendre part aux réformes qu’il souhaitait engager. Quelques personnalités ont ainsi répondu présentes, comme le militant écologiste Marc Ona Essangui. La position de ces militantes n’est-elle pas devenue délicate dans le contexte de la « restauration » d’un système qu’ils et elles ont souvent combattu ?

Joseph Tonda : La question de la société civile est un sujet complexe. Incontestablement, elle existe au Gabon. Mais ses intérêts ne sont-ils pas liés aux sources de financement ? Il y a eu une époque où chacun montait une association de lutte contre le sida, se revendiquant membre de la société civile pour toucher des fonds. Quelles sont les réelles ambitions de la société civile ? N’est-ce pas aussi cela la trajectoire de la société civile, à savoir exercer ensuite le pouvoir ?

Jean-Rémy Yama6, un célèbre syndicaliste et militant prodémocratie qui a été emprisonné en 2022, est aujourd’hui sénateur. Il a créé son parti. Cela ne l’empêche pas d’avoir des positions critiques contre le pouvoir – ce pouvoir qui l’a sorti de prison – et de se déclarer candidat à l’élection présidentielle du 12 avril.

La frontière entre la société civile et l’opposition politique « classique » est très mince.

Michael Pauron : L’opposition « classique » a été relativement silencieuse durant cette période de transition. Le candidat de 2023 qui revendiquait la victoire, Albert Ondo Ossa, ne se représente pas en avril… Qu’est-ce que cet effacement signifie ?

Joseph Tonda : Il y a toujours eu des liens entre le pouvoir et l’opposition : le père n’hésitait pas à faire rentrer des membres de cette dernière au gouvernement. Pierre Mamboundou7 est peut-être le seul à avoir résisté jusqu’au bout. Les autres allaient à la soupe.

Je ne sais pas quel poids pèse aujourd’hui sur l’échiquier politique quelqu’un comme Albert Ondo Ossa. Jean Ping8 ne pèse à mon avis plus rien et il demeure très silencieux. La situation actuelle rebat sans doute les cartes côté opposition, qui semble totalement tétanisée. L’horizon de ce côté n’est pas très clair.

Jusque-là, l’opposition gabonaise m’a toujours troublé : une opposition et un pouvoir se confrontent généralement sur une conception du monde, sur une idéologie politique. Quelles sont les idéologies politiques à partir desquelles s’affrontent les oppositions et la majorité ? Mon hypothèse est que l’unique idéologie est l’argent. C’est une idéologie matérialiste. C’est un fétichisme.

Michael Pauron : La religion semble occuper une place importante au sein du nouveau pouvoir. Qu’en est-il exactement ?

Joseph Tonda : En s’autoproclamant Josué9, il capitalise toutes les ressources du corps du pouvoir. Celui-ci a une forte dimension mystique. La religion était déjà constitutive du pouvoir du temps d’Omar Bongo. Quand celui-ci s’est converti à l’islam, d’autres personnalités politiques se sont converties pour obtenir des postes. Et lui aussi laissait planer l’idée qu’il capitalisait sur le pouvoir religieux traditionnel. À cela s’ajoutait la loge maçonnique équatoriale dont il était le grand patron. Depuis l’arrivée d’Oligui Nguema, il y a une manipulation du sentiment religieux, c’est évident.

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