Journée mondiale des réfugiés: la guerre au Soudan exacerbe les besoins humanitaires au Soudan du Sud voisin
A L’OCCASION DE LA JOURNÉE MONDIALE DES RÉFUGIÉS, L’ORGANISATION MÉDICALE INTERNATIONALE MÉDECINS SANS FRONTIÈRES (MSF) ALERTE SUR L’IMPACT DE LA GUERRE AU SOUDAN, QUI ACCROÎT CONSIDÉRABLEMENT LES BESOINS DES POPULATIONS DE L’AUTRE CÔTÉ DE LA FRONTIÈRE, AU SOUDAN DU SUD. MSF APPELLE À UNE AUGMENTATION IMMÉDIATE DE L’AIDE VITALE POUR LES RÉFUGIÉS FUYANT LA GUERRE ET POUR LES COMMUNAUTÉS QUI LES ACCUEILLENT.
La guerre au Soudan, qui a débuté en avril 2023, a engendré l’une des plus grandes crises de déplacement au monde, forçant plus de 10 millions de personnes à quitter leur foyer. Depuis avril dernier, plus de 680 000 personnes1 ont trouvé refuge au Sud-Soudan, alors que le système de santé et l’aide humanitaire existante peinent déjà à répondre aux besoins de la population. Dans les prochains mois, la pression sur les services de santé et les organisations humanitaires devrait encore augmenter. On estime que d’ici juillet, sept millions de personnes n’auront plus accès à une alimentation suffisante 2.
Renk, située dans l’État du Haut-Nil au Sud-Soudan, se trouve à environ 60 kilomètres de Joda, le point d’entrée officiel pour les personnes fuyant la guerre. Actuellement, environ 13 000 réfugiés et rapatriés sont bloqués dans le centre de transit de la ville et ses environs. Ce nombre varie en fonction des mouvements ultérieurs, certains attendant de pouvoir poursuivre leur voyage à travers le Sud-Soudan, d’autres espérant retourner au Soudan. Les conditions de vie y sont désastreuses, avec un accès limité à la nourriture, à l’eau, aux abris, aux installations sanitaires et aux soins médicaux.
De nombreux réfugiés arrivant à la frontière sont blessés et souffrent de malnutrition aiguë, après avoir marché pendant des semaines pour fuir les violences. Actuellement, les agences d’aide leur fournissent de l’argent pour acheter de la nourriture pour sept jours, mais beaucoup restent bloqués au centre de transit de Renk pendant des semaines, voire des mois, en attendant un moyen de transport pour poursuivre leur voyage.
À environ 300 kilomètres de Renk, des milliers de réfugiés et de rapatriés sont hébergés dans le centre de transit de Bulukat, près de la ville de Malakal. Les pénuries de nourriture, d’eau, d’abris et d’installations sanitaires adéquates ont entraîné une augmentation des maladies telles que la diarrhée et les infections respiratoires, selon les équipes médicales de MSF. L’afflux continu de réfugiés et de rapatriés au Sud-Soudan risque d’aggraver les pénuries déjà sévères de nourriture et d’eau, tant pour les nouveaux arrivants que pour les communautés d’accueil, rendant l’accès aux soins médicaux encore plus difficile.
La malnutrition chez les enfants a augmenté de 200%
Avant avril 2023, 30 à 50 enfants souffrant de malnutrition sévère étaient admis chaque mois au centre de traitement de la malnutrition de l’hôpital MSF de Malakal. Depuis le début de la guerre au Soudan, ce nombre a augmenté de 200 %, reflétant une situation de plus en plus critique. Les enfants souffrant de malnutrition sont particulièrement vulnérables à d’autres maladies potentiellement mortelles.
« La malnutrition augmente le risque d’infection, en particulier chez les enfants de moins de cinq ans, qui sont plus susceptibles de mourir de maladies telles que la méningite, la rougeole, la fièvre jaune, le choléra et le paludisme », explique le Dr Eltigani Osman, coordinateur médical de MSF.
Les pénuries d’eau dans la région forcent les habitants à puiser de l’eau dans les rivières. Boire de l’eau non traitée, qui peut être contaminée, présente des risques sanitaires supplémentaires, surtout dans une région sujette aux épidémies de choléra. Ces risques devraient s’accroître avec l’arrivée de la saison des pluies, qui pourrait entraîner de graves inondations dans toute la région, contaminant les puits et les forages et compliquant la réponse humanitaire. Les inondations du côté soudanais de la frontière pourraient pousser encore plus de personnes à fuir vers le Sud-Soudan.
Les organisations humanitaires s’efforcent de répondre à la crise et d’aider tous ceux qui en ont besoin. Depuis avril 2023, MSF gère une clinique au principal poste frontière et deux cliniques mobiles autour de Renk et Bulukat, traitant environ 190 patients par jour, tout en soutenant l’hôpital de Renk. Cependant, cela reste insuffisant face à l’ampleur de la crise, qui nécessite une réponse internationale beaucoup plus importante.
« La réponse humanitaire reste inadaptée à la réalité des besoins, dans un contexte où le système de santé est déjà mis à rude épreuve », déclare Iqbal Huda, chef de mission de MSF. « Nous appelons d’urgence les donateurs internationaux à allouer des fonds pour répondre aux besoins des rapatriés, des réfugiés et des populations d’accueil au Sud-Soudan. Cela doit inclure la fourniture de nourriture, d’eau, d’abris, d’installations sanitaires et de soins médicaux, ainsi que les moyens permettant aux personnes de poursuivre leur voyage. »
1 UNHCR and IOM dashboards
2South IPC Acute Food Insecurity and Malnutrition Analysis September 2023-July 2024.
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