Entre 10 000 et 11 000 emplois seraient à risque au Nouveau-Brunswick si les tarifs de Donald Trump demeurent en place pour plusieurs années, selon la première ministre Susan Holt.
La première ministre a révisé son estimation du nombre d’emplois qui seraient menacés par les tarifs généralisés de 25% sur la quasi-totalité des produits canadiens qui seront imposés le 2 avril par le président américain Donald Trump.
L’estimation initiale de 4000 à 6000 était fondée sur l’impact initial des tarifs, mais Susan Holt affirme que selon les prévisions à long terme du gouvernement, entre 10 000 à 11 000 emplois pourraient être perdus de façon permanente si les tarifs demeurent en place jusqu’en 2029.
Elle a rappelé que le gouvernement provincial dispose de fonds pour venir en aide aux entreprises et aux travailleurs, et a cherché à rassurer la population lors de la période de questions, mercredi.
«Nous ne voulons pas que les gens aient peur, même si c’est comprenable que c’est une source d’inquiétude pour les travailleurs, les communautés, et les petites et grandes entreprises qui emploient ces gens.»
Elle a toutefois indiqué que la capacité du gouvernement à aider les entreprises à long terme est limitée si les tarifs demeurent en place pour plus d’un an. Son gouvernement prévoit déjà réaliser des déficits pour les quatre années de son mandat.
«Si on projette des déficits, ça veut dire qu’on emprunte l’argent de quelqu’un et si on a trop de déficits trop grands, ça veut dire que l’argent ne sera plus là pour nous.»
Elle se dit confiante que l’enveloppe de 162 millions $ de son gouvernement pour répondre aux tarifs fera l’affaire pour cette année.
Mais elle dit que son gouvernement «n’a pas tous les fonds du monde» et qu’il faudra trouver d’autres sources de revenus, comme l’exploitation de minéraux critiques, si les tarifs demeurent en place pour plus d’un an.
Elle a aussi dit que le N.-B. doit diversifier ses liens commerciaux puisque la province ne pourra pas «continuer» avec les tarifs généralisés de 25% qui seront vraisemblablement imposés le mois prochain.
«On doit trouver de nouveaux clients pour diminuer le problème à l’avenir.»
La première ministre a aussi indiqué jeudi qu’elle cherche à créer une «zone de libre-échange» au Canada atlantique en éliminant des barrières au commerce entre les provinces.
Son gouvernement a déposé un projet de loi mercredi qui élimine certaines barrières au commerce interprovincial d’alcool, et qui retire la limite personnelle sur la quantité d’alcool que les particuliers peuvent apporter au Nouveau-Brunswick en provenance d’ailleurs au Canada.
La première ministre participera vendredi à une rencontre avec les premiers ministres et le nouveau premier ministre Mark Carney, à Ottawa, qui portera sur les droits de douane et la relation canado-américaine.
Les tarifs chinois menacent le secteur des fruits de mer
La Chine a imposé une taxe de 25% sur les fruits de mer et le porc et de 100% sur l’huile et la farine de canola en provenance du Canada.
Susan Holt dit que ces tarifs sont «préoccupants et significatifs» pour le secteur des fruits de mer de la province parce que la Chine est un client important pour l’exportation de ces produits du N.-B.
Elle dit avoir rencontré des acheteurs du Japon et de la Corée lors du Seafood Expo de Boston qui seraient intéressés à acheter des produits du N.-B.
Le gouvernement du N.-B. a renfloué le Fonds des pêches de l’Atlantique avec un versement de 4 millions $ en réponse aux tarifs.
«Nous aimerions que le gouvernement fédéral s’engage aussi à renouveler son financement pour ce fonds. C’est l’un des outils que nous utilisons pour aider les entreprises du milieu des pêches à traverser des moments comme celui-ci.»
Les entreprises peu optimistes face à l’avenir
La Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI), un groupe de pression qui représente les petites et moyennes entreprises (PME), mesure régulièrement la confiance de ses membres.
Son indice du baromètre des affaires, qui mesure les attentes des PME par rapport aux 12 prochains mois, a chuté à son niveau le plus faible depuis sa création, ce qui est plus bas que le niveau atteint pendant la pandémie de 2020 et celui qui a suivi la crise financière de 2008.
«L’optimisme a diminué de façon considérable. Il va falloir voir si la baisse d’optimisme va se soutenir», dit Louis-Philippe Gauthier, vice-président de l’Atlantique pour la FCEI.
L’indice du N.-B. est à 36, ce qui demeure plus élevé que la moyenne nationale de 25. Mais cela représente quand même une diminution de 15,5 points depuis le mois dernier au Nouveau-Brunswick.
«Ça veut dire que si on demande à 100 entrepreneurs s’ils sont optimistes pour les 12 prochains mois, il va seulement y en avoir 25 qui vont dire oui», explique Louis-Philippe Gauthier au sujet de la moyenne nationale.
Le sondage de la FCEI au niveau national s’appuie sur des réponses à un sondage réalisé entre le 5 et le 7 mars sur un échantillon de 1065 répondants, tous des entreprises membres de la FCEI. Selon l’organisme, les résultats sont exacts à plus ou moins 3 points de pourcentage, 19 fois sur 20. L’échantillon du N.-B. est de 69 répondants.
Les tarifs monopolisent les débats
La menace des tarifs a complètement monopolisé les débats à l’Assemblée législative depuis le retour des députés à Fredericton. Même si le gouvernement vient de déposer, mardi, un budget avec un déficit d’au moins 549 millions $, presque toutes les questions de la période de questions le lendemain ont porté sur les tarifs douaniers.
Glen Savoie, le chef progressiste-conservateur, a critiqué le bilan du gouvernement Holt dans le contexte de sa lutte contre les tarifs, en affirmant que la province devrait en faire plus pour favoriser le développement économique et la diversification des liens commerciaux. Il veut aussi un pipeline.
«C’est clair qu’on a manqué le bateau avec beaucoup de choses depuis les dernières neuf années avec le gouvernement fédéral. Donc est-ce qu’on peut avoir un pipeline Énergie Est? Est-ce qu’on peut faire des choses avec nos ressources naturelles comme les minéraux?»
David Coon, le chef du Parti vert, a demandé un débat d’urgence sur la question des tarifs, un outil législatif rare qui n’avait pas été utilisé depuis des lustres et qui permet aux députés de se prononcer sur une question d’importance pressante. Les débats entre les trois partis se sont étirés pendant plusieurs heures et ont pris fin en soirée mercredi. Ce genre de débat ne conduit pas à l’adoption d’une résolution quelconque.
M. Coon dit qu’il s’agit d’une question qui préoccupe beaucoup les Néo-Brunswickois et qu’il voulait donner la chance au gouvernement de parler de son analyse de la situation avec l’Assemblée et avec le public.
«Nous voulions avoir un débat public approfondi sur cette question afin que les Néo-Brunswickois aient le sentiment que leurs élus sont activement préoccupés par cela.»
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