De nombreux Guinéens se sont bousculés au baptême de la petite Kadiza Camara ce 4 janvier, au quartier Lambagny de Conakry, les uns, la rage au poing, les autres, une prière à la bouche. Et pour cause, étouffant sous la misère et sous la répression, ne sachant plus à quel saint se vouer, ils perçoivent ce bébé comme un miracle, un messie, un pied-de-nez que le ciel adresse à la tyrannie de Mamadi Doumbouya.
Qui est-ce donc, Kadiza Camara ? C’est la fille de Habib Marouane Camara, vous savez, le dernier disparu de la série, celui du 3 décembre dernier et dont personne n’a revu la trace depuis. Bonté du sort, en tombant dans les mains de ses ravisseurs, le directeur du Révélateur, le journal le plus virulent contre le putschiste qui sévit à Conakry, savait qu’il plongeait dans les ténèbres mais qu’il disposait tout de même d’un superbe lot de consolation : son épouse se trouvait en état de famille (ça se dit comme ça, en Guinée !) avancé. Il savait donc qu’il laisserait une vie derrière lui si jamais on lui arrachait la sienne. Mort peut-être, mais Dieu merci, père ! C’est à cela qu’il devait penser en occupant le énième maillon de la chaîne de cadavres et de kidnappés que Mamadi Doumbouya s’évertue à forger sous les yeux indifférents des grands prêtres de la démocratie et des droits de l’homme.
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