L’aventure a démarré le 2 janvier 1982 à Auray. « On avait 21 ans et on venait de se marier. On a pris la suite de mon père qui partait à la retraite », se souvient Joël, né dans le fournil.
« J’ai toujours connu ça. J’ai commencé à 16 ans », poursuit-il. À l’époque, les horaires étaient différents. Les boulangers sont au fournil dès 22 h pour finir le lendemain à 12-13 h. Mais le travail de nuit ne fait déjà plus recette dans le monde de la boulange. Heureusement, l’arrivée des chambres de fermentation, dans les années 70, a fait évoluer le métier. La pâte est fabriquée la veille avant d’être « endormie » à 4°C. Le lendemain matin, elle est prête à être mise au four.
De son côté, Dominique commence des études à la fac de médecine de Nantes pour devenir sage-femme. Quand elle commence à fréquenter Joël, la jeune femme pense à se réorienter. Ce sera l’IUT gestion-comptabilité à Vannes. Tout naturellement, Dominique trouve sa place à la vente.
« Une page se tourne »
Le couple achète la boulangerie de Crac’h en 2001. Le boulanger et sa femme tiennent les deux boutiques jusqu’en 2014, année de cession du commerce alréen. Joël vient alors épauler son équipe crac’hoise. Dominique est plus présente à la boutique. En 2020, Joël fait valoir ses droits à la retraite. Le couple commence à parler de cession du commerce, mais la création d’une autre boulangerie vient perturber leurs plans. C’est ensuite la covid qui leur joue des tours, puis une deuxième création. Aujourd’hui, la retraite est bien là.
Bénévole aux Restos du cœur
Pour Joël, « une page se tourne, un chapitre se termine, mais ce n’est pas la fin du livre. Il y a sûrement une autre vie après le travail. Je l’appréhende. On n’a plus la même pêche à 64 ans qu’à 35. Je ne saute quand même pas de joie ». Pendant son temps libre, le boulanger compte profiter de ses petits-enfants, jardiner et se mettre à la boule bretonne…
Sa femme a devancé l’appel en s’inscrivant à l’ornithologie et à la marche. Elle va aussi devenir bénévole aux Restos du cœur. Mais le contact humain – elle voit entre 250 et 300 clients tous les jours – va assurément lui manquer.
Dominique et Joël vont saluer leurs clients samedi matin, en organisant un « kenavo ». La boulangerie fermera dimanche à 13 h. Elle rouvrira le 3 mai. Les boulangers Fred et Momo, Arhel le pâtissier, et Françoise à la vente, vont continuer à chouchouter les fidèles clients de Dominique et Joël.
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