Kinshasa, la cité des rêves perdus

Elle porte sur les épaules son foulard comme une traîne et, sur la joue, sa balafre comme un bijou. Finé, 15 ans, a la voix rauque et la vie rêche de celles qui ont fait de la rue leur chambre et du désir des hommes leur gagne-pain. Avec d’autres enfants perdus, les « shégés », comme on les appelle ici, elle s’est installée dans un recoin sale du quartier de Matongé, sous une tôle ouverte aux quatre vents. Tous ont fui une marâtre cruelle, un grand frère violeur, des parents ignares et violents. Les plus jeunes ont 4 ans. « J’ai été déviergée il y a deux ans, raconte Finé. Moi, c’est 3 dollars l’amour. Pas grand-chose, en fait », réalise-t-elle après un moment de silence. Pour s’être refusée à un compagnon d’infortune, elle a été marquée au couteau, comme il est d’usage. Depuis, elle obtempère : sa beauté est son unique salut. Ses copines rêvent d’avoir un petit commerce ou d’étudier. Elle a tatoué sur son bras « Mbappé ».

Dans la nuit délavée par les lumières des bars, la bande disparaît avec la légèreté d’adolescentes délurées. À la recherche de chanvre à fumer et de lotoko, du whisky frelaté, à 1,5 dollar la bouteille, une demi-passe le prix de l’oubli. Avant, Finé avait soudain éteint son sourire et, de son ton de reine, avait dit : « Regarde autour de toi, regarde Kinshasa, cette ville pourrie. Qui aurait envie de faire sa vie dans ce lieu de souffrance ? Je veux partir. On meurt, ici. »


Finé, 15 ans, marquée au couteau pour avoir résisté à un garçon de son âge. À côté d’elle, Cynthia, 16 ans, vit dans la rue depuis qu’elle a 4 ans. Comme 83% des filles sans abri, elle se prostitue pour pouvoir manger. Le 20 février, à Matongé.

© PASCAL MAITRE

Les « shégés », les enfants abandonnés de Kinshasa. Ils seraient plus de 20000 à survivre, entre ultraviolence, drogues et mendicité.

Les « shégés », les enfants abandonnés de Kinshasa. Ils seraient plus de 20000 à survivre, entre ultraviolence, drogues et mendicité.

© PASCAL MAITRE

C’est l’histoire d’une ville qui agonise en dansant. Mourir, peut-être, mais alors en roulant des hanches sur un air de rumba. Dans ce pays où l’on dit des femmes de 35 ans que « la nuit est tombée », Kin la belle, comme on appelait autrefois Kinshasa, s’est gâtée comme un fruit blet. La fierté, uniquement, la retient de tomber. Même les animaux ont déserté. Aucun oiseau, ni chat, ni chien dans ce clapier géant. Ici, seuls les hommes vivent comme des bêtes.

Adossée au fleuve Congo, la capitale de la République démocratique du Congo (RDC) gonfle comme une baudruche prête à rompre, pleine d’environ 17 millions d’habitants, quand elle n’en comptait que 400 000 en 1960. Pas de cadastre ni de plan de développement urbain, la ville pousse comme le lierre, indomptable, anarchique. Les 35 rivières qui nervuraient la cité coloniale plantée de baobabs et de manguiers sont devenues des décharges à ciel ouvert, comme les trottoirs, où le plastique et les ordures putréfiées se mêlent à la boue noire de rues détrempées.

Au milieu d’une mer de déchets, un jeune garçon tente de « pêcher » du bois de chauffe. Sur la rivière, à Limete, dans le quartier de Mombele, le 18 janvier.

Au milieu d’une mer de déchets, un jeune garçon tente de « pêcher » du bois de chauffe. Sur la rivière, à Limete, dans le quartier de Mombele, le 18 janvier.

© Pascal Maitre

En 2015, la ville produisait 9 000 tonnes de déchets par jour. Aujourd’hui, certains parlent de 30 000 tonnes. Impossible de s’en assurer, il y a longtemps que les édiles ne s’encombrent plus de statistiques. En guise de ramassage d’ordures, de pauvres hères entassent pour 2 dollars des déchets ménagers dans leur chariot et s’en vont les jeter plus loin. Les arbres ont été coupés ; les 24 communes, éventrées par des voies rapides bétonnées. Partout, les eaux usées dégorgent, formant des mares brunâtres dans lesquelles s’enlisent les voitures : au fil des années, les collecteurs d’égouts ont été remblayés pour construire des immeubles promis à l’effondrement.

La suite après cette publicité

« Tout a changé en mal ! La vie est devenue dure et laide »

« Vraiment, j’ai honte de ma ville » : le peintre Chéri Samba secoue doucement la tête. À 68 ans, cette icône de l’art contemporain africain ne peut se résoudre à abandonner la capitale à laquelle il est étroitement associé. Mais il y vit désormais retranché dans ses différentes maisons et ne se déplace plus que la nuit. Ce jour-là, il nous reçoit dans son atelier, un labyrinthe niché au fond d’un jardin encombré de voitures, à Ndjili, un quartier pauvre prisé des carrossiers, qui s’épuisent à rendre une vaine jeunesse à des épaves tannées. Sur le trottoir, un barbier rase un client devant une épicerie de fortune qui promet, en lettres bleues : « Votre rêve est notre désir. » « Tout a changé en mal ! La vie est devenue dure et laide », constate le peintre, amer, lui qui n’a pourtant jamais cessé de porter sur ses toiles ces composantes si typiquement kinoises que sont l’impertinence et l’autodérision.

Figure kinoise et peintre star, Chéri Samba dans son atelier à Ndjili.

Figure kinoise et peintre star, Chéri Samba dans son atelier à Ndjili.

Pascal Maitre
/
© Pascal Maitre

Mieux vaut avoir le sens de l’ironie quand on vit avec moins de 2 dollars par jour sur une manne d’or, de diamant, d’uranium, de cuivre, de cobalt, de coltan, de lithium, de pétrole et de tungstène. Le pays au sous-sol le plus riche d’Afrique se classe parmi les dix pays les plus pauvres au monde. Ici, l’humour est un sauf-conduit. Les « trois-pneus », ces tricycles vacillant sous la surcharge de passagers, arborent avec malice la marque Keweseki. Face à sa ville privée de courant, une Kinoise se moque d’une promesse du président Tshisekedi : « Là voilà, l’Allemagne de l’Afrique ! » Lorsqu’il doit marcher, un autre dit qu’il prend « la ligne 11 », celle qui n’existe pas ; quand ses affaires n’avancent pas, il se plaint qu’elles « font du rond-point », hommage sarcastique aux tentaculaires embouteillages ; et lorsqu’il visite sa maîtresse, il explique qu’il est « au bureau ».

La blague plutôt que les larmes, la sueur malgré la rancœur. « Je gagne 100 dollars par mois, mon logement m’en coûte 450, explique Beverly, fonctionnaire. Je suis obligée de vendre des chaussures que je fais venir de Turquie pour le complément. » Impossible de se contenter d’une unique activité pour subsister. Annie, banquière, importe de France des tee-shirts Mango et des parfums Zara, qu’elle revend trois fois le prix ; Claire, étudiante graphiste, fabrique des yaourts qu’elle apporte à la fac : « J’ai payé ma licence avec ! » « Le Kinois est diplômé en sait-tout-faire, résume le sculpteur Freddy Tsimba, originaire de Kinshasa et installé à Matongé. Ici, il n’y a que des problèmes, tu n’as pas le choix, il faut trouver une solution. »

Tout fictif qu’il soit, le fameux article 15 de la Constitution, « Débrouillez-vous ! », est le plus respecté. Partout la mort rôde, tapie dans les monticules de détritus, les épidémies, l’eau qui tord les entrailles, le manque de nourriture. Elle fouette les sangs, oblige à ruser, à courir aveuglément vers l’heure d’après, le repas d’après, l’espoir que demain offre plus qu’un matin neuf : une affaire en simili-or, un poulet à manger, un pigeon à plumer… Trois millions d’activités ont été dénombrées à Kinshasa, dont 80 % informelles, de la vente de mouchoirs à celle de patins à roulettes. D’infatigables marchands ambulants font valser sur leur tête de fragiles équilibres d’œufs, de cigarettes, de racines censées vivifier la virilité, de lunettes de soleil. Des enfants dépouillent de leurs enjoliveurs les voitures bloquées dans les bouchons. Des étudiantes moissonnent leur fraîcheur grâce au « chic, choc, chèque », triangulation ­sentimentalo-commerciale qui réunit trois amants, le premier pour sortir, le second pour aimer, le troisième pour payer. Même les dealers sont créatifs : le « bombé », l’unique drogue du marché avec le cannabis, est un mélange de poussières de catalyseur et de Nutriline, un complexe vitaminé. Seuls les veinards à galons peuvent se passer d’inspiration et savent se faire « encourager », en toutes circonstances, d’un petit billet.

À chaque quartier son style

Depuis quelques années, les « terrasses » sont devenues l’investissement le plus prisé. Il suffit au propriétaire d’une petite maison d’installer deux tables en plastique devant chez lui, une enceinte et voilà un nouveau bar. À chaque quartier son style : à Ndjili, les terrasses s’enfilent à touche-touche, se mesurant à coups de décibels rageurs. À Matongé, elles se parent de néons pour ceux qui veulent frimer, tandis qu’à Bandal, surnommé Paris, les cœurs chaloupent à la lueur des braseros.

C’est dans ce haut lieu du flirt à la congolaise, où, dit-on, se cueillent les plus belles filles de Kin, ­qu’Emmanuel Macron était venu boire un verre en mars 2023. Rebaptisé dans la foulée Terrasse présidentielle, vendant trois fois le prix la bière élue par le chef d’État français, l’endroit a fait long feu. Chaque jour, un agent du quartier, de la commune, du district, de la ville ou encore un policier vient réclamer sa dîme auprès de ces business illégaux. Faute d’économies, il est plus simple pour un tenancier de débourser 50 centimes par jour en bakchich que de s’acquitter en une fois des 50 dollars mensuels nécessaires pour être déclaré. La survie empêche la croissance… Pas la fête.

De ce vacarme quotidien, la capitale a fait de l’or en quatre temps

Mais avant, il faut rentrer. À 18 heures, dans le couchant et la poussière, s’ébranle la longue cohorte d’ombres kinoises qui s’en retournent à pied vers des bicoques de brique aux peintures vives. C’est l’exode de fin de journée, Kin la laborieuse quitte le centre-ville, la Gombe, le quartier chic des affaires, des expatriés, des patrons libanais, chinois et indo-pakistanais qui tiennent la grande distribution, l’immobilier et les banques. La ville se transforme en un embouteillage géant, les taxis se chargent de passagers, les plus pressés enfourchent une « vite-fait », ces petites motos conduites à toute blinde par des adolescents sur des quatre voies qui en comptent désormais six.

Que les esprits s’échauffent et voilà les agents de la circulation prêts à ramener le calme à leur façon, crevant le pneu d’un chauffeur insolent, tabassant à la volée le motard empoté. « Quand le Kinois arrive chez lui, il y a souvent une coupure de courant. Dans certains quartiers c’est 4 jours sur 7 », se désole dans son costume vert pomme Versace Godé Mpoyi Kadima. Ancien président de l’assemblée provinciale de Kinshasa, député national et professeur en science économique, l’homme est aussi pasteur-sapeur. Un vrai Kinois. « Où peut-il trouver des watts pour boire sa bière fraîche pendant que la femme prépare le dîner ? Au bar, évidemment ! » L’explication peut faire sourire. Elle dit beaucoup de la gabegie qui plombe le pays. Alors que la RDC, forte d’un potentiel hydraulique quasi inégalé de 40 000 mégawatts, a longtemps exporté son électricité, elle doit aujourd’hui en importer, incapable d’exploiter ses fabuleuses ressources, enténébrant régulièrement le pays.

La nuit tombe, une autre Kin s’éveille. Langoureuse, envoûtante, amoureuse. Celle qui honore Papa Wemba, Koffi Olomidé ou Fally Ipupa, les rois de la rumba congolaise, ces mélopées lascives qui se dansent « nombril contre nombril ». Est-ce parce que le silence n’existe pas à Kinshasa ? Toute la journée, des cris, des rires, des coups de klaxons, les « pss-pss » des vendeurs ambulants pour attirer le chaland, les chorales des églises… De ce vacarme quotidien, la capitale a fait de l’or en quatre temps.

Étoile montante, Innoss’B, 27 ans, renouvelle la rumba congolaise.

Étoile montante, Innoss’B, 27 ans, renouvelle la rumba congolaise.

© PASCAL MAITRE

Cœur battant d’une tradition musicale dont les pulsations hypnotisent l’Afrique depuis sept décennies, la capitale est une étape incontournable pour les musiciens congolais. « Tout se fait ici, constate le talentueux Innoss’B, originaire de Goma, venu s’installer à Kin en 2017 avec trois de ses frères, musiciens et danseurs comme lui. Étoile montante de la scène africaine, Innoss’B (en concert à Paris le 8 juin) métisse la rumba de rythmes venus d’ailleurs. « Chez nous, il y a une musique pour tout. Tu es content, fâché, tu veux célébrer, tu vas en prison… il y a une chanson ! La musique rythme notre vie. Elle fait partie des richesses du Congo, comme l’or, les diamants, le coltan. Elle envoie un message positif à l’international : on parle de la RDC pour autre chose que la guerre dans l’Est. Grâce à elle, le peuple continue à vivre malgré tous les problèmes de société. »

Des clubs huppés de la Gombe, où la bouteille de Dom Pérignon se sabre à 600 dollars, comme des terrasses de Bandal, où le coca en coûte 1, s’échappent des refrains que le pays reprend en chœur. On commande une bière, un poulet mayo ou un poisson liboke pimenté et la magie se lève comme l’aube d’une vie nouvelle. Dans l’ombre et les beats, la misère s’envole, les soucis se dissolvent. C’est l’amnésie générale.

« Le Kinois oublie, c’est sa façon de survivre. Il oublie les bourreaux, les voleurs »

« Le Kinois oublie, c’est sa façon de survivre. Il oublie les bourreaux, les voleurs qui au sommet de l’état ont dépouillé le pays, analyse Freddy Tsimba. Il suffit que ceux-ci distribuent des tee-shirts et les gens les élisent à nouveau. Devant le musée des archives, des mamas enveloppent leurs arachides dans des papiers nomenclaturés. Notre patrimoine, notre histoire… transformés en papier d’emballage ! » Tsimba, lui, a choisi de se souvenir. Ses personnages monumentaux sculptés de douilles, de couverts ou de clés témoignent des souffrances d’un peuple. Celles que certains s’échinent à diluer dans la bière, la musique, la prière. « Le pire, ce sont les églises du Réveil. Elles abrutissent les Kinois ! » reprend-il.

Utilisant des douilles, des couverts ou des clés, les sculptures de Freddy Tsimba défient l’oubli.

Utilisant des douilles, des couverts ou des clés, les sculptures de Freddy Tsimba défient l’oubli.

© Pascal Maitre

En quelques années, le nombre de paroisses évangéliques a explosé. Elles seraient aujourd’hui 15 000 à Kinshasa, au point qu’un décret exige désormais une distance minimale de 500 mètres entre elles. Les cultes, chantés, sont quotidiens. Il n’est pas rare que celui du dimanche se retrouve sur TikTok, porté par un pasteur vociférant qui transforme l’office en show débridé où les chorégraphies côtoient les sermons politisés. « Une église s’est installée en face de chez moi. Deux cents personnes, un boucan d’enfer, raconte Freddy. Un jour, le pasteur ordonne aux mères de ne plus donner de lait caillé à leurs bébés parce que c’est du sperme de sorcier. On a déjà suffisamment faim, ici ! J’ai sculpté cinq femmes enceintes immenses avec une croix transperçant leur ventre. Je les ai installées devant chez moi. Ils m’ont pris pour le démon. J’ai réussi à les chasser. »

Les Kinois ne sont pas dupes. Ils râlent, critiquent, se désolent de l’état de cette ville où la classe moyenne n’existe plus. Où une grande partie de la classe aisée, concentrée dans deux ou trois quartiers, doit sa fortune à des amitiés haut placées, des détournements de fonds, des arrangements avec les finances publiques… « La corruption tue le pays. Mais il n’y aura jamais de coup d’État, explique Godé Mpoyi Kadima. Les gens du Kasaï, la province du président Tshisekedi, sont majoritaires à Kin. Ils fulminent, insultent, mais protégeront toujours le président si besoin. C’est la meilleure des gardes rapprochées. »

Une fidèle de l’Église évangélique Image de l’Éternel du pasteur Godé Mpoyi. Le 19 janvier, à Bandal.

Une fidèle de l’Église évangélique Image de l’Éternel du pasteur Godé Mpoyi. Le 19 janvier, à Bandal.

© Pascal Maitre

Récemment, le régime a souhaité marquer les esprits. Non pas en attaquant des travaux de voirie ou d’assainissement, mais en lançant une vaste opération d’arrestations. La cible : les kulunas, ces gangs de délinquants âgés de 15 à 30 ans qui épouvantent la population, violent, détroussent, tuent. Plus de 300 d’entre eux sont déjà passés en audiences publiques, condamnés pour certains à la peine de mort. Le clan de Gurine réunit une cinquantaine de jeunes hommes, « mais quand je suis en colère, je peux en rassembler 150 ». Il en a pris la tête après que leur chef, Eminem, a été ­assassiné à la machette.

Le jour, ce judoka ceinture noire entraîne ses troupes et prépare la relève. « On se forme de génération en génération. Les plus jeunes ont 10 ans. » La nuit, ils font des descentes dans les autres « cartels » pour rapiner ou se venger.

Gurine (au centre), sa garde rapprochée et leurs « instruments » : scie, machette, pelle, pierre… et beaucoup de colère. À Matonge, le 19 janvier.

Gurine (au centre), sa garde rapprochée et leurs « instruments » : scie, machette, pelle, pierre… et beaucoup de colère. À Matonge, le 19 janvier.

© Pascal Maitre

« Il suffit qu’on sorte les machettes. Les gens fuient, on se sert. » Des descentes tout juste suffisantes pour assurer l’argent de poche. Le fixe est assuré par des mécènes d’un certain genre. « Nous servons de milice à certains dealers. Mais ce sont surtout des députés ou des ministres qui nous financent : 150 euros par mois pour mettre des coups de pression à leurs opposants et 20 dollars par personne pour créer du désordre. Au Congo, la politique est une histoire de petits et de grands voyous. Nous sommes un mal nécessaire pour nos dirigeants. » Énervés comme une mauvaise houle, ses garçons trépignent, se coupent la parole, veulent dire la misère de leur vie. Gurine lève le bras. Et sa voix soudain se fait celle de tout un peuple : « La situation du peuple ne changera jamais ; notre souffrance est le bénéfice des puissants. »

Les kulunas, des gangs ultraviolents, louent aussi leurs services aux politiques

Ils sont la terreur de la ville. Regroupés par «car- tels», âgés de 17 à 30 ans, ces bandits à la gouaille aussi affûtée que leurs machettes s’affrontent pour le contrôle des territoires. « On en profite pour saboter et voler», explique Gurine, 32ans, à la tête d’une cinquantaine d’hommes. Pour violer aussi, et tuer parfois. Les habitants les paient pour garder le quar- tier mais leurs vrais mécènes sont ministres ou députés. «Ils nous financent pour créer du désordre et mettre la pression à leurs opposants.»

Depuis l’automne, les arrestations massives de centaines de kulunas se multiplient. Du spectacle destiné à apaiser une population exsangue et ulcérée. «La prison? Des policiers nous libèrent en échange d’un billet ! rigole Gurine. Ils sont nos meilleurs alliés.»

Crédit: Lien source

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.