Diversifier le mix énergétique et augmenter la part des énergies renouvelables à 45% d’ici 2030, c’est le pari ambitieux que s’est lancé la Côte d’Ivoire. Ce projet se déploie dans un contexte où le pays cherche à répondre à une demande énergétique exponentielle tout en réduisant son empreinte carbone.
Le 3 avril 2024, la Côte d’Ivoire a inauguré sa première centrale solaire photovoltaïque à Boundiali, dans le nord du pays. Cette centrale, qui représente un investissement de 75,6 millions d’euros, a été financée par un partenariat entre le gouvernement ivoirien, l’Allemagne et l’Union européenne, dans le cadre de la stratégie européenne Global Gateway. Avec une capacité initiale de 37,5 MW, la centrale vise à atteindre 80 MW d’ici fin 2025, réduisant ainsi les émissions de CO2 de 60 000 tonnes par an. Ce projet devrait améliorer l’accès à l’électricité pour environ 430 000 ménages et alimenter 70 000 foyers.
Outre l’énergie solaire, la Côte d’Ivoire investit dans la réhabilitation de ses infrastructures hydroélectriques et explore le potentiel de la biomasse. Avec des infrastructures hydrauliques comme les barrages de Soubré, Taabo et Kossou, la Côte d’Ivoire exploite ses ressources naturelles pour produire de l’électricité durable. Actuellement, l’hydroélectricité représente environ 30% de la production d’énergie du pays.
Les barrages ont des effets multiplicateurs sur les économies locales en créant des emplois et en favorisant l’irrigation agricole. Par ailleurs, la biomasse, dérivée principalement des déchets de l’industrie du cacao, permet non seulement de gérer les déchets agricoles mais aussi de produire de l’énergie renouvelable, renforçant ainsi l’économie circulaire.
Les projets solaires, tels que la centrale solaire de Boundiali et Korhogo Solar Power Station, démontrent l’engagement du pays à diversifier son bouquet énergétique. Boundiali, avec ses 37,5 MW, et Korhogo, avec ses 50 MW prévus, ne sont que le début d’une longue série de projets visant à exploiter le potentiel solaire du pays. En 2023, l’énergie solaire contribue à environ 6% du mix énergétique national, contre 0 en 2017.
L’éolien, de son côté, n’en est qu’à ses débuts en Côte d’Ivoire. Des projets pilotes signalent un avenir où le vent pourrait alimenter les foyers ivoiriens. Le pays s’engage dans des études de faisabilité pour identifier les sites les plus propices à l’implantation d’éoliennes, en particulier le long de la côte atlantique.
Quels grands acteurs pour cette transition ?
Le gouvernement, par l’intermédiaire du Ministère des Mines, du Pétrole et de l’Énergie, et CI-ENERGIES, société d’Etat, pilotent cette transformation. CI-ENERGIES, en particulier, joue un rôle central dans la planification et la mise en œuvre des projets énergétiques, pour rendre l’électricité disponible à tous. Des entreprises comme EDF et SunPower (USA) apportent également leur expertise et leurs investissements, tandis que des start-ups locales innovent dans le solaire et la biomasse. EDF, Meridiam et Biokala, filiale du groupe SIFCA, se sont accordés pour la construction de la plus grande centrale d’Afrique de l’Ouest alimentée de déchets agricoles à l’est d’Abidjan.
Le soutien financier et technique provient de partenaires comme la Banque Mondiale et la Banque Africaine de Développement (BAD). Des initiatives comme Scaling Solar de la Banque Mondiale facilitent l’implantation de projets solaires. Le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) et l’Agence française de développement (AFD) apportent également des subventions et des prêts à taux réduit.
Mais les institutions internationales ne se contentent pas de financer ; elles offrent aussi une assistance technique précieuse. Par exemple, la BAD fournit des conseils en matière de régulation et de gouvernance pour assurer la pérennité des projets.
La Côte d’Ivoire vise l’indépendance énergétique en réduisant sa dépendance aux énergies fossiles (63% du mix). Le Programme national d’électrification rurale (PRONER), utilisant des systèmes solaires pour électrifier les villages reculés, illustre cet engagement. Ce programme a permis d’améliorer significativement la qualité de vie dans les zones rurales, en fournissant de l’électricité pour l’éclairage, la réfrigération des médicaments, et l’alimentation des équipements scolaires.
Avec une stratégie claire et des partenariats solides, la Côte d’Ivoire se dirige vers un avenir énergétique durable et souverain, conformément aux Accords de Paris de 2021, offrant un modèle inspirant pour l’Afrique et au-delà. Les initiatives en formation et en développement technologique renforcent les capacités locales, assurant ainsi une transition énergétique pérenne. Des programmes de formation soutenus par des institutions comme USAID (Agence des États-Unis pour le développement international) et GIZ (Agence allemande de coopération internationale) visent à développer les compétences locales dans les secteurs des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique.
En combinant innovation et vision, la Côte d’Ivoire pave la voie vers un avenir énergétique résilient, démontrant que la transition vers les énergies renouvelables est non seulement possible mais également bénéfique pour tous.
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