Coup de théâtre dans la filière noix de cajou : la Côte d’Ivoire, premier producteur mondial et troisième transformateur mondial, a décidé d’interdire de manière temporaire les exportations de noix de cajou brute. Une décision de nature à faire trembler le premier importateur, le Vietnam, et qui devrait alimenter la hausse des prix à l’international.
L’objectif des autorités est clairement annoncé, dans une note d’information datée du 7 mai 2024 : garantir l’approvisionnement des usines locales de transformation. Des usines qui ont pris du retard pour s’approvisionner cette année : elles auraient acheté entre « 50 et 60% de leurs objectifs », selon Pierre Ricau analyste du Service agricole N’Kalo, et ne pourront probablement pas continuer leurs achats aussi tard que d’habitude, car en raison d’une baisse de production, « il risque de ne plus y avoir de noix à vendre dès le mois de juin ».
D’où ce coup de pouce des autorités pour alimenter en matières premières les usines ivoiriennes, avec une ambition explicitée par le porte-parole du gouvernement ivoirien à l’issue du conseil des ministres du 8 mai : « Si on arrive à transformer les 100 % de notre production, il y a des chances qu’on devienne le premier transformateur mondial ».
Déficit de 600 000 tonnes en Afrique de l’Ouest ?
Cette baisse de production inhabituelle est due à une saison pluvieuse plus tardive que d’habitude, suivie d’une saison sèche beaucoup plus sèche et chaude que d’ordinaire. Résultat, les volumes n’ont pas suivi et la baisse est générale du Nigéria à la Guinée.
Au total, le déficit ouest-africain pourrait être de 600 000 tonnes, soit l’équivalent de 12% de l’offre mondiale, selon Pierre Ricau. Ces chiffres expliquent l’augmentation des prix ces dernières semaines, la nouvelle décision ivoirienne devrait logiquement tendre un peu plus le marché. « La hausse des prix ne fait que commencer » résume un acteur de la filière.
Mauvaise nouvelle pour le Vietnam et pour l’Inde
Les pays qui ont encore de la noix à vendre et à exporter devraient tirer profit de la situation : c’est déjà le cas en Guinée-Bissau où le kilo de noix de cajou brute est passé de 300 à 500 FCFA en deux semaines.
Les premiers qui risquent de pâtir du retrait de la Côte d’Ivoire du marché sont les exportateurs ivoiriens, qui ne peuvent plus acheter ni commercialiser de noix brutes, à l’exception des volumes dont l’expédition a déjà été validée.
À l’international, la décision va évidemment porter un coup aux pays importateurs, à commencer par le Vietnam, premier acheteur mondial de noix brutes : selon les dernières statistiques, le pays est loin d’avoir couvert tous ses besoins. L’Inde pourrait aussi se retrouver en difficulté si la baisse de sa récolte se confirme.
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