Au Soudan, c’est dans la soirée de mercredi (26.03) que des hommes lourdement armés menés par le ministre de la Défense et le chef de la sécurité nationale sont venus procéder à l’arrestation de Riek Machar. C’est en tout cas ce qu’affirme un communiqué du SPLM-IO, le Mouvement populaire de libération du Soudan en opposition, qui est le parti du vice-président Riek Machar.
Richard Orengo, directeur national de l’International Rescue Committee (IRC), redoute une nouvelle escalade de violence au Soudan du Sud.
« Nous craignons que – si la communauté internationale et les pays voisins ne désamorcent pas la situation à temps – la crise latente ne dégénère rapidement en un conflit de grande intensité. Ce qui aggraverait encore la crise actuelle » affirme-t-il.
Méfiance et manque de communication
James Okuk, expert politique au Centre d’études stratégiques et politiques de Juba, explique que les désaccords actuels découlent de la méfiance qui existe entre les dirigeants du pays en plus d’un manque de communication.
« Le conflit actuel au Soudan du Sud trouve ses racines dans des divisions politiques, ethniques et socio-économiques. La lutte pour le pouvoir et les ressources entre les groupes ethniques dominants a alimenté des tensions de longue date. Celles-ci sont exacerbées par des griefs historiques et une compétition pour le contrôle de la jeune nation. »
James Okuk ajoute que la corruption, l’absence de gouvernement efficace et la faiblesse des institutions ont exacerbé la tension qui menace la cohésion du pays.
Réactions et craintes
L’ arrestation de Riek Machar a suscité une avalanche de réactions. Les Nations unies s’inquiète de ce que des millions de vies pourraient être menacées par le non-respect de l’accord de paix de 2018 au Soudan du Sud qui pourrait déclencher un retour « catastrophique » de la guerre.
Pour sa part, le président kényan William Ruto a annoncé l’envoi d’un médiateur dans le pays pour tenter de « désamorcer » la situation.
L’Autorité intergouvernementale pour le développement (Igad), un groupement régional qui associe sept pays est-africains, s’est lui aussi fixé des objectifs clairs pour
« désamorcer la crise et donner la priorité à la mise en œuvre de l’accord de paix » de 2018. Ismail Wais, envoyé spécial de l’Igad au Soudan du Sud.
« Nous n’avons d’autre choix que d’être optimistes, mais l’optimisme seul ne suffit pas. Nous devons faire davantage pour atteindre les objectifs que nous nous sommes fixés, et nous sommes prêts à agir et à engager le peuple sud-soudanais à travailler avec l’IGAD pour la paix et la stabilité » suggère Ismail Wais.
Le Soudan du Sud, une jeune nation
De son côté, l’Union africaine a fait part de « sa vive inquiétude » suite à l’arrestation de Riek Machar. Une arrestation qui, pour vice-président du SPLM-IO, le parti de Riek Machar, constitue » une tromperie, une rupture de promesse, le non-respect d’un accord, un manque de volonté politique d’apporter la paix et la stabilité dans le pays ».
Le Soudan du Sud s’est séparé du Soudan le 9 juillet 2011 à la suite d’un référendum organisé en janvier de la même année.
Deux ans plus tard, en 2013, une guerre civile a éclaté entre les forces de Salva Kiir, l’actuel président, et les milices fidèles à son vice-président, Riek Machar.
Au terme d’un conflit qui a duré cinq ans, causé 400.000 morts et provoqué le déplacement de quatre millions de personnes, les belligérants ont signé un accord de paix en 2018. Ce fragile accord aujourd’hui remis en cause prévoyait un partage du pouvoir entre les deux frères ennemis.
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