La France demande à Israël de faire connaître sa position sur la frontière avec le Liban

par John Irish

JERUSALEM, 30 avril (Reuters) –

Le ministre français des Affaires étrangères, Stéphane
Séjourné, a appelé mardi Israël à rendre publique sa position
sur une proposition destinée à apaiser les tensions avec le
Hezbollah libanais à la frontière israélo-libanaise, alors que
la France s’évertue à servir d’intermédiaire entre les deux
camps.

En marge de la guerre dans la bande de Gaza, les
échanges de tirs transfrontaliers sont devenus quotidiens depuis
octobre dernier entre l’armée israélienne et le Hezbollah,
mouvement chiite aligné sur l’Iran. L’ampleur et la
sophistication accrues des attaques alimentent les craintes d’un
embrasement régional.

Plusieurs milliers de personnes, aussi bien dans le nord
d’Israël qu’au Sud-Liban, ont été déplacées par les
affrontements à la frontière, théâtre d’une guerre en 2006.

Stéphane Séjourné a appelé mardi les autorités israéliennes
à prendre publiquement position sur la proposition formulée plus
tôt cette année par Paris à propos de la frontière
israélo-libanaise afin, a-t-il dit dans un entretien à Reuters,
de « nous permettre d’avancer » vers la prochaine phase.

Plus tôt dans la journée, le chef de la diplomatie française
a indiqué qu’un certain nombre de modifications ont été
transmises à Israël à la suite de consultations menées avec le
Liban, où il s’était rendu dimanche. Des représentants français
ont fait état d’avancées dans les réponses formulées par
Beyrouth.

« Nous avons une relation avec le Liban, 20.000
ressortissants là-bas et la guerre de 2006 a été
particulièrement dramatique pour eux », a déclaré Stéphane
Séjourné à Jérusalem avant une réunion avec son homologue
israélien Israel Katz.

Il a rappelé que la proposition portée par Paris a pour
objectif premier de garantir la mise en oeuvre d’une résolution
de l’Onu datant de 2006 qui prévoit le retrait des groupes armés
de la frontière sud du Liban et le déploiement dans la zone de
l’armée régulière libanaise. Le projet appelle aussi Israël à
arrêter les frappes au Liban.

Le Hezbollah, considéré par des observateurs comme plus
puissant que l’armée libanaise, a fait savoir par le passé qu’il
ne prendrait part à aucune discussion directe et ne stopperait
pas ses tirs de roquette transfrontaliers tant qu’il n’y aurait
pas un cessez-le-feu dans la bande de Gaza.

Israël a signalé qu’il pourrait lancer une opération
militaire le long de sa frontière avec le Liban, disant vouloir
rétablir le calme dans la zone afin que des milliers
d’Israéliens puissent y revenir sans crainte.

Au cours de son déplacement en Israël, Stéphane Séjourné
s’est aussi entretenu avec le Premier ministre Benjamin
Netanyahu, alors que les puissances occidentales tentent de
convaincre celui-ci de s’abstenir d’ordonner un assaut terrestre
à Rafah, à la pointe sud de la bande de Gaza, ville considérée
comme l’ultime refuge relatif pour les civils palestiniens.

Le ministre français a demandé l’ouverture de points de
passage supplémentaires pour l’aide humanitaire et estimé
qu’Israël devait « entendre notre hostilité à l’égard d’une
offensive à Rafah » dans les conditions actuelles, près de la
moitié des 2,3 millions d’habitants de la bande de Gaza ayant
fui vers cette ville depuis le début de la guerre.

Il a souligné que la priorité devait être de conclure une
trêve, ajoutant qu’il fallait « réfléchir aux options politiques
qui permettront à cette trêve de s’inscrire sur le long terme ».
« Il n’y aurait rien de pire qu’une trêve de seulement quelques
heures, qui serait un échec collectif », a dit Stéphane Séjourné.
(Reportage de John Irish, rédigé par Jean Terzian)

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