La France face à la victoire du Rassemblement national

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Le pays se réveille partagé en deux. Avec les régions où la joie explose et celles où la consternation domine.

Place de la République à Paris, le 30 juin, juste après l’annonce des estimations du premier tour des élections législatives françaises.

AFP

Une France, deux pays? Dans le port méditerranéen de Marseille, «l’angoisse» de voir l’extrême droite arriver au pouvoir a dopé la participation aux législatives mais, tout au nord, à Hénin-Beaumont, la victoire du parti de Marine Le Pen a, au contraire, provoqué une explosion de joie. «On veut la France!», s’exclame l’un d’eux.

Quand les premières estimations tombent à 18h00, dessinant une très large victoire du Rassemblement national (RN) dans le pays, c’est l’explosion de joie à Hénin-Beaumont, fief de l’extrême droite et de sa cheffe de file Marine Le Pen, réélue dimanche dès le premier tour.

«Marine ! Marine ! Marine !», scandent d’une seule voix ses partisans réunis dans une salle, égrenant le compte à rebours dans cette ville, ancien bastion de la gauche et dirigée depuis 2014 par l’extrême droite, sous la bannière du Front national d’abord et de son successeur, le RN, ensuite.

L’ancienne candidate à la présidentielle – battue au second tour en 2017 et 2022 face à Emmanuel Macron – a fait de cette commune un laboratoire de ce parti d’extrême droite en quête de normalisation, arrivé dimanche largement en tête des législatives après avoir déjà triomphé aux européennes du 9 juin.

Ses partisans exultent

«Il nous faut une majorité absolue», lance Marine Le Pen devant ses partisans qui exultent à l’idée de voir le jeune président du parti Jordan Bardella, 28 ans, prendre les rênes du gouvernement à l’issue du second tour dimanche prochain.

Son discours achevé, Marine Le Pen provoque un mouvement de foule. Rivée sur les épaules de sa grande soeur, une petite fille au serre-tête à froufrous bleu-blanc-rouge, pavoisé de deux petits drapeaux, approche à moins d’un mètre de la dirigeante.

«Marine !», l’appelle-t-elle timidement, sans réussir à se faire entendre. «Crie plus fort», lui intime sa soeur, avant de se tourner vers une amie: ««Attrape mon téléphone, prends des photos ! ».»

«C’est grave»

Ambiance radicalement différente à un millier de kilomètres de là. Dans les quartiers pauvres de Marseille, deuxième ville du pays et terre d’immigration, la possibilité de voir l’extrême droite arriver au pouvoir fait trembler une grande partie de la population.

«J’avais pas pris ça au sérieux mais là, plus je vois l’actualité, plus je vois que c’est grave», glisse Kaoutara, tout juste 18 ans, abaya et voile bleu, qui refuse de donner son nom de famille et vote pour la première fois.

Même crainte pour Jean-François Pepin, 49 ans, éducateur spécialisé venu voter en famille. «Ça m’angoisse la possibilité de l’extrême droite parce qu’on est dans une ville populaire, cosmopolite et ça peut bouleverser le « bien-vivre » qu’on a ici. On risque la libération de la parole raciste dans les services publics», redoute-t-il.

Le plus grand club de supporters de l’Olympique de Marseille, véritable objet de culte dans la ville, avait, lui, interpelé les quelque 80’000 Marseillais qui avaient voté Jordan Bardella aux européennes. «L’heure est grave»,  ont alerté les South Winners. Et de rappeler que les «vagues d’immigrations successives ont créé le peuple marseillais et son identité cosmopolite».

En Alsace, région frontalière de l’Allemagne, la petite ville de Wissembourg est plus conservatrice et là encore certains électeurs ne font pas mystère de leur vote. «Il n’y a rien à parler (sic), c’est le RN», lance un menuisier de 58 ans, qui préfère garder l’anonymat, attablé au bar «Le Munich».

Il l’affirme : son vote n’est «pas un truc de raciste» mais il souhaite qu’on ne laisse «plus rentrer trop de gens» en France. «Il faut un changement radical (…). Je ne sais pas si ça (ira) mieux après (…). Mais il faut essayer maintenant», explique celui qui dit avoir commencé à travailler «à 17 ans» et veut «la retraite à 60 ans».

Au bureau de vote installé dans l’office de tourisme, Constance, 22 ans, s’apprête à glisser un bulletin pour la coalition de gauche Nouveau Front populaire. Cette étudiante en architecture parle d’«un vote d’urgence» mais refuse de critiquer les électeurs du RN. «Il ne faut pas blâmer les gens: c’est la conséquence des politiques qui ont été menées pendant des années…»

(AFP)


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