« La France Insoumise fait campagne pour pas cher en faisant le tour des universités »

Il n’existe aucune règle concernant l’équité et le respect des temps de parole dans les universités françaises.

Le JDD. Regrettez-vous que la direction de Sciences Po Paris n’ait pas annulé la conférence de Jean-Luc Mélenchon comme l’a fait l’université de Lille ?

Terence Blanc. Oui, je regrette que Sciences Po ne l’ait pas interdite. Cette conférence n’aurait pas dû être programmée. Dès le départ, Sciences Po n’aurait pas dû accepter. D’autant que la direction avait déjà annulé une première conférence de Mélenchon à l’automne dernier à cause du contexte international et de ses prises de parole.

Jean-Luc Mélenchon a dit hier qu’il avait été choqué que sa conférence à Lille soit annulée deux fois. « La pensée à l’université est nécessairement libre et contradictoire », a précisé le leader de la France Insoumise. Est-ce qu’il y avait du contradictoire hier lors de cette conférence ?

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Non, il n’y avait pas de contradictoire. Il y a d’ailleurs une grande partie de l’amphi qui s’est mise à taper sur les tables et à chanter « Rima, Sciences Po est avec toi », en référence à Rima Hassan.

Vous avez donc accueilli le patron de la France Insoumise sous les huées et les sifflets. Pourquoi cette mobilisation ?

Il y a deux raisons. D’abord, Jean-Luc Mélenchon s’est illustré ces derniers mois par ses compromissions et une certaine forme de clientélisme dans ses prises de parole. Il est incapable de dénoncer l’antisémitisme et a même montré certaines connivences, au nom de la cause palestinienne, pour diffuser une sorte d’antisémitisme d’ambiance dans le pays. C’est ce qui a posé problème à Lille et ça nous paraissant quand même assez étonnant que Jean-Luc Mélenchon puisse reproduire l’exercice quelques jours plus tard à Sciences Po Paris.

Et puis, nous sommes en période électorale avec les élections européennes début juin. La France Insoumise fait campagne pour pas cher en faisant le tour des universités qui ouvrent leurs amphithéâtres.

En campagne électorale, faut-il appliquer le principe de neutralité universitaire ?

Oui, bien sûr. Les universités ne contrôlent rien. Les Républicains de Sciences Po à Paris, que je préside, considère que l’institution ne respecte pas l’équité dans les prises de parole, ni entre les courants politiques. Pour les Républicains, Céline Imart devrait venir. Mais les candidats du Rassemblement National ou encore de Reconquête, eux, ne viendront pas.

« Le problème majeur, c’est l’anglo-saxonisation de l’école »

Récemment, une étudiante de confession juive a été empêchée d’entrer dans un amphithéâtre de Sciences Po à Paris. Comment vous expliquez cette montée de l’antisémitisme dans votre école ?

Ce n’est pas une majorité d’étudiants. C’est une minorité très bruyante qui a bénéficié d’une forme de complaisance de l’administration jusqu’à présent. Le problème majeur, c’est l’anglo-saxonisation de l’école avec l’importation de conflits des campus anglo-saxons, notamment américains, qu’on n’avait pas en France jusqu’à maintenant. Cela fait une vingtaine d’années que Sciences Po revendique être sur un modèle très anglo-saxon.

On reprend les méthodes, les idées, les cours. Forcément, on se retrouve aussi avec les mêmes problématiques que les campus américains, où vous avez des pro-Israël et des propalestiniens qui se défient, voire se battent.  Cette internationalisation fait monter le wokisme à Sciences Po.

Cette montée du wokisme et de l’islamo-gauchisme dans les universités, est-ce qu’elle vous inquiète ?

Oui, bien sûr. Le wokisme, c’est une intolérance à ceux qui pensent différemment. C’est une intolérance aux autres sous couvert de lutter contre le racisme ou toutes les autres discriminations. C’est un mouvement qui crée de nouvelles catégories et qui nous oppose les uns contre les autres. J’y suis fermement opposé.

« Aujourd’hui, à Sciences Po, être un étudiant de droite c’est compliqué »

Le wokisme, c’est aussi un mouvement qui stigmatise. Aujourd’hui, à Sciences Po, être un étudiant de droite c’est compliqué. Pendant les blocages de l’établissement au moment de la réforme des retraites, j’ai été plusieurs fois pris à parti. Un étudiant m’a répondu devant 450 personnes que le fait que je sois un homme blanc, cisgenre et hétérosexuel, m’interdisait le droit de m’exprimer. C’est violent.

Il faut arrêter la censure des étudiants de droite dans les universités, qui parfois, en viennent à se faire casser la figure par des « antifas » lorsqu’ils militent. C’est arrivé à Grenoble et à Lille. L’université doit pouvoir redevenir un lieu de débat où toutes les opinions s’expriment.

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