« La France n’est pas un hall de gare »

En déplacement dans le Pays basque, Bruno Retailleau a tenu des propos particulièrement fermes sur la question migratoire en France, dans une déclaration faite ce vendredi sur CNEWS. Nommé récemment ministre de l’Intérieur, il a choisi de ne pas tourner autour du pot pour évoquer ce qu’il considère comme une priorité nationale : la maîtrise de l’immigration, notamment celle jugée illégale. Dans une formule à la fois percutante et symbolique, il a affirmé sans détour : « La France n’est pas un hall de gare », illustrant ainsi son intention de mettre un terme à ce qu’il décrit comme une forme de laisser-aller institutionnel en matière d’entrée et de séjour sur le territoire.

Cette déclaration intervient dans un contexte de crispation politique, où les enjeux liés à l’immigration cristallisent de nombreuses tensions entre les différents courants de la classe politique. Pour Bruno Retailleau, le message est clair : il s’agit de réaffirmer les principes de souveraineté et d’autorité de l’État français face à ce qu’il perçoit comme une pression migratoire de plus en plus difficile à contenir. En s’exprimant ainsi, le ministre cherche à rassurer une opinion publique partagée entre l’aspiration à l’hospitalité et l’exigence de sécurité et d’ordre. Ce choix de mots n’a rien d’anodin. Comparer la France à un « hall de gare » renvoie à l’idée d’un lieu de passage, sans contrôle, où l’on entre et sort librement, souvent sans surveillance. En niant cette image, Retailleau veut tracer une ligne rouge : celle du contrôle des frontières, du respect des lois françaises et du refus de toute forme d’anarchie migratoire.

Au cours de son entretien, il a également abordé les relations diplomatiques avec l’Algérie, insistant sur le respect par la France des accords bilatéraux en vigueur. « Tous les accords qu’on a avec l’Algérie, la France les respecte », a-t-il déclaré, sans équivoque.

Tout savoir sur la lutte Bruno Retailleau – Laurent Wauquiez pour la présidence du parti LR

Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur depuis six mois, a choisi une mise en scène bien calibrée pour marquer ce cap symbolique. Le 10 avril, il s’est exprimé depuis Beauvau dans une conférence de presse au ton volontairement triomphaliste, dressant un bilan flatteur de son action. Une manière de capitaliser sur son exposition ministérielle, à l’approche du congrès des Républicains prévu les 17 et 18 mai. Dans cette course à la présidence de LR, Retailleau avance comme un prétendant sûr de lui, convaincu que son rôle régalien lui donne une longueur d’avance. Son passage place Beauvau, bien que récent, lui a permis de se positionner comme une figure d’autorité, incarnant à la fois le pouvoir et l’expérience. Il n’hésite pas à revendiquer les victoires de son camp dans les législatives partielles, à souligner les avancées dans la lutte contre la délinquance, les trafics de drogue et l’immigration illégale, s’érigeant presque en chef de file naturel d’une droite sécuritaire et républicaine.

Mais derrière le rideau bien tiré de sa communication, quelques failles apparaissent. À vouloir trop montrer ses muscles politiques, Retailleau a parfois dû plier face à la réalité. Notamment sur le dossier algérien, où ses déclarations virulentes sur les accords bilatéraux et les obligations de quitter le territoire français (OQTF) n’ont pas abouti aux résultats attendus. Annonçant vouloir revoir les accords de 1968 et menaçant de claquer la porte du ministère, il s’est retrouvé désavoué lorsque le président Emmanuel Macron a préféré temporiser, renouant le dialogue avec son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune. Ce recul n’a pas échappé à ses détracteurs, qui y voient la preuve que même un ministre de l’Intérieur n’a pas toute latitude quand l’Élysée reprend la main. Retailleau lui-même a glissé un aveu involontaire lors de sa conférence de presse, concédant : « Demain, si nous pouvions avoir les rênes, nous pourrions tellement faire… » Un commentaire révélateur sur les limites du pouvoir quand on n’en détient qu’un fragment.

Face à lui, Laurent Wauquiez manœuvre avec une liberté qui contraste avec les contraintes gouvernementales de son rival. En tant qu’opposant pur, sans portefeuille ministériel, il peut jouer la carte de la radicalité sans en subir les conséquences. Plus rien à perdre, tout à gagner : Wauquiez se glisse dans le costume du candidat antisystème au sein même de la droite traditionnelle. Sa posture offensive lui permet de multiplier les propositions choc, comme celle, très commentée, d’envoyer les étrangers sous OQTF à Saint-Pierre-et-Miquelon, une idée largement moquée y compris dans son propre camp. Marine Le Pen elle-même n’a pas résisté à s’en amuser, tant la proposition semblait difficilement applicable. Mais dans une campagne interne, l’audace, même déraisonnable, peut parfois frapper les esprits. Wauquiez n’en est pas à son coup d’essai. Il reprend des codes bien connus à droite : un zeste de provocation, une dose de surenchère et un mépris affiché pour le politiquement correct. Une méthode que Jacques Chirac avait autrefois résumé par un aveu cynique : « Je vous surprendrai par ma démagogie ». Une recette que Nicolas Sarkozy n’aurait pas reniée non plus lorsqu’il faisait campagne « au karcher ».

Reste à savoir si cette opposition de style séduira les militants de LR. D’un côté, Retailleau mise sur l’image de l’homme d’État, qui a su se hisser dans les sondages depuis qu’il occupe Beauvau. De l’autre, Wauquiez joue la carte du rebelle du système, prêt à renverser la table, quitte à agacer ou à choquer. Le duel promet d’être serré, car si Retailleau semble tenir la corde avec son statut d’homme en poste, Wauquiez pourrait séduire ceux qui veulent un virage plus radical. L’élection interne de mai tranchera, mais une chose est sûre : dans ce duel, rien ne sera laissé au hasard. Chacun avance ses pions, parfois bruyamment, parfois subtilement, dans l’espoir de devenir le prochain visage d’une droite en quête de direction.

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