Monsieur le président,
J’ai l’honneur de prononcer aujourd’hui devant vous cette déclaration au nom du Groupe new yorkais des diplomaties féministes – le « Foreign Feminist Policy Plus Group ».
Cette coalition rassemble dix-sept Etats membres qui représentent la diversité géographique des Nations unies ; dix-sept Etats unis par leur engagement à placer l’égalité de genre et la défense des droits des femmes et des filles au cœur de leurs politiques nationale et internationale.
Nous nous trouvons aujourd’hui à un moment de bascule.
Alors que nous commémorons les anniversaires de plusieurs textes majeurs qui ont permis des avancées significatives – la Déclaration et le Programme d’action de Pékin, le Programme d’action du Caire, l’agenda Femmes, paix et sécurité, ainsi que les Objectifs de développement durable –, nous devons reconnaître que l’histoire n’avance pas toujours en ligne droite quand il s’agit de la pleine réalisation de l’égalité et de l’autonomisation des femmes et des filles. Des acquis durement obtenus sont aujourd’hui ouvertement remis en question, et nous sommes particulièrement inquiets de voir les droits humains relégués au second plan.
En réponse, nos pays qui soutiennent des approches féministes sont déterminés à agir. J’insisterai sur cinq éléments.
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Premièrement, nous nous mobilisons pour mettre pleinement en œuvre la Déclaration et le Programme d’action de Pékin.
Au cours des dernières décennies, la mortalité maternelle a diminué d’un tiers, la proportion de femmes dans les parlements nationaux a été multipliée par plus de deux-et-demi et le renforcement de l’accès à l’éducation a permis à des millions de filles d’étudier.
Nous devons aujourd’hui redoubler d’efforts pour protéger ces acquis et obtenir d’autres progrès sociaux.
Nous luttons pour sortir les femmes et les filles de la pauvreté, alors que 10 % d’entre elles sont toujours touchées par l’extrême pauvreté. A cette fin, nous devons améliorer l’accès des filles à l’éducation jusqu’à l’enseignement supérieur, faciliter l’accès des femmes à l’emploi, combler l’écart salarial entre les femmes et les hommes, et remédier à la charge disproportionnée de travail domestique qui pèse quasiment exclusivement sur elles.
Nous œuvrons pour une représentation réelle des femmes dans tous les systèmes de prise de décision, tant dans la sphère publique que privée, en conformité avec la Recommandation générale n°40 du Comité CEDAW – y compris au sein de la gouvernance des Nations unies et jusqu’à son plus haut niveau.
Nous nous engageons à protéger la santé des femmes et des filles dans toutes ses dimensions, y compris les droits et santé sexuels et reproductifs, ainsi qu’à leur apporter une éducation complète à leur sexualité.
Nous nous employons à l’élimination de toutes les formes de violence à l’égard des femmes et des filles, y compris les violences sexistes et sexuelles amplifiées par les réseaux sociaux et la pornographie.
Deuxièmement, nous intensifions nos efforts pour améliorer la situation des femmes et des filles dans les conflits armés, où la part parmi les victimes civiles a doublé ces dernières années.
Nous luttons contre les violences qu’elles subissent en période de conflit, notamment les violences sexuelles utilisées comme armes de guerre ou armes terroristes.
Nous renforçons les cadres juridiques et les systèmes judiciaires afin de garantir que les auteurs de ces crimes soient traduits en justice et que les victimes obtiennent réparation.
Nous soutenons la pleine participation des femmes à tous les aspects de la résolution des conflits et du maintien de la paix. Nous devons renforcer leur rôle en tant que négociatrices, médiatrices et membres des opérations de paix sur le terrain.
Troisièmement, plus de 75 ans après l’adoption de la Déclaration universelle des droits de l’Homme, et alors que les Nations unies s’apprêtent à célébrer leur 80e anniversaire, nous devons continuer à défendre un multilatéralisme fondé sur le respect de l’État de droit.
Le respect des conventions internationales des droits de l’Homme doit rester une boussole pour nous. Nous continuerons de soutenir les juridictions internationales dans leur lutte contre l’impunité. Nous appelons les États membres à respecter tous leurs engagements internationaux à cet égard.
Nous devons également placer les droits des femmes et des filles au cœur de notre réponse aux grands défis contemporains, qu’il s’agisse des inégalités, de l’intelligence artificielle ou du dérèglement climatique.
Quatrièmement, pour atteindre ces objectifs communs, nous serons au rendez-vous des grandes échéances multilatérales de 2025 : lors la 4e Conférence ministérielle des diplomaties féministes en France, lors la 4e Conférence internationale sur le financement du développement en Espagne, lors du 2e Sommet mondial sur le développement social au Qatar, ou encore lors de la Conférence sur les changements climatiques au Brésil.
Sur chacun de ces fronts, nous mettrons l’égalité de genre et les droits des femmes et des filles, dans toute leur diversité, au cœur de notre action et de notre mobilisation.
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Enfin, nous continuerons de travailler avec les Nations unies.
Nous saluons le travail de toutes les parties du système onusien qui œuvrent pour améliorer la vie des femmes et des filles dans le cadre du multilatéralisme.
Nous continuerons également de soutenir le travail indispensable des activistes et de la société civile, y compris en leur apportant un soutien financier pérenne là où d’autres se rétractent et en luttant contre toutes les menaces qui pèsent sur elles et les représailles pour tous ceux qui se mobilisent en faveur de l’égalité.
Je vous remercie.
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