La France se tient « aux côtés » du Brésil, qui va développer la propulsion nucléaire, a annoncé Emmanuel Macron

Les présidents français Emmanuel Macron et brésilien Luiz Inacio Lula da Silva ont célébré, mercredi 27 mars, le partenariat stratégique entre les deux pays à l’occasion du lancement d’un sous-marin de fabrication franco-brésilienne près de Rio de Janeiro.

Au deuxième jour de sa visite au Brésil, M. Macron a retrouvé Lula sur le chantier naval ultramoderne d’Itaguai pour la mise à l’eau du troisième sous-marin, d’une série de quatre, de conception française à propulsion conventionnelle. Sous un ciel couvert, le submersible Tonelero a été baptisé par la première dame brésilienne, Rosangela da Silva, dite « Janja ».

Les deux chefs d’Etat ont souligné la signification de ce partenariat dans un monde éprouvé par les guerres et les crises. Cela « va permettre que deux pays importants, chacun dans un continent, se préparent pour que l’on puisse faire face à cette adversité, sans nous préoccuper d’un quelconque type de guerre, car nous sommes des défenseurs de la paix à tout moment de notre histoire », a lancé Lula.

« Une même vision du monde »

Evoquant – malgré les désaccords, notamment sur l’Ukraine – « une même vision du monde » entre Paris et Brasilia, M. Macron a affirmé : « Les grandes puissances pacifiques que sont le Brésil et la France doivent acter que dans un monde de plus en plus désorganisé, il nous faut parfois savoir tenir le langage de la fermeté pour protéger la paix. »

La cérémonie de mercredi renvoie à décembre 2008 et à la signature en grande pompe par le président français d’alors, Nicolas Sarkozy, et déjà Luiz Inacio Lula da Silva d’un vaste accord.

Outre la vente de 50 hélicoptères Caracal, il comprend un contrat de 6,7 milliards d’euros pour développer les capacités sous-marines du Brésil et son industrie. Pour ce programme baptisé Prosub, destiné à la protection des 8 500 kilomètres de côtes du géant latino-américain, la marine brésilienne a choisi de travailler avec l’industriel naval de défense français Naval Group.

Le Tonelero, lancé mercredi, est le troisième des quatre Scorpène à propulsion conventionnelle prévus dans le cadre du vaste partenariat signé en 2008. Le dernier, l’Angostura, doit être lancé en 2025.

En outre, l’accord doit permettre au Brésil de concevoir et construire son premier sous-marin nucléaire d’attaque, l’Alvaro Alberto. « Je souhaite que nous ouvrions le chapitre pour de nouveaux sous-marins, le quatrième, le cinquième, mais (…) que nous regardions en face la propulsion nucléaire en étant parfaitement respectueux de tous les engagements les plus rigoureux de non-prolifération », a dit M. Macron. « Ce cadre existe, est possible. Vous le voulez. La France sera à vos côtés », a-t-il ajouté, mais sans annoncer une aide à Brasilia pour développer la propulsion nucléaire.

Transferts de technologies

Brasilia cherche à convaincre Paris d’accroître ses transferts de technologies pour l’aider à intégrer le réacteur nucléaire dans le sous-marin et de lui vendre des équipements liés à la propulsion nucléaire (turbine, générateur). « Si le Brésil veut avoir accès aux connaissances de la technologie nucléaire, ce n’est pas pour faire la guerre. Nous voulons ces connaissances pour assurer à tous les pays qui veulent la paix que le Brésil sera à leurs côtés », a précisé Lula. La France est très réticente à tout transfert de technologies en la matière, en raison des défis de la prolifération nucléaire.

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Le président français rejoindra ensuite la capitale économique, Sao Paulo, pour vanter les mérites des entreprises françaises au Brésil et faire la promotion de la France auprès des investisseurs brésiliens. Emmanuel Macron annoncera par ailleurs un « paquet santé », avec des engagements français au Brésil et en Amérique latine, à l’occasion de l’inauguration de l’Institut Pasteur de Sao Paulo.

Jeudi, le président français sera accueilli dans la capitale, Brasilia, par Lula au palais présidentiel de Planalto pour des échanges sur les grands enjeux internationaux.

Mardi soir, Emmanuel Macron et Lula ont annoncé, dans le décor luxuriant de la forêt amazonienne, un programme visant à lever « un milliard d’euros d’investissements » verts pour l’Amazonie brésilienne et française côté Guyane.

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Rectificatif le 27 mars à 18 h 16 : correction d’une erreur de l’Agence France-Presse dans la retranscription des propos d’Emmanuel Macron concernant la nature de la coopération française avec le Brésil sur la propulsion nucléaire.

Le Monde avec AFP

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