La France s’oppose à toute forme de colonisation et d’annexion (…)

Merci Madame la Présidente,

La France remercie Mme la Coordinatrice spéciale pour son rapport. Le bilan est accablant : presque 10 ans après la résolution 2334, résolution de référence à nos yeux, tout ou presque s’est dégradé et la région vit une catastrophe qui semble ne pas vouloir finir.

Notre Conseil a eu l’occasion de discuter de cette situation hier et avant-hier déjà, ou plutôt de deux de ses dimensions les plus tragiques : le sort poignant des otages israéliens retenus par le Hamas depuis le 7 octobre 2023, le sort tragique de la population de Gaza depuis le début de l’offensive militaire israélienne.

La position de la France est bien connue et je la rappelle en quelques mots :

1 – Rien ne peut justifier les attentats terroristes commis par le Hamas le 7 octobre. La France les condamne absolument.

2 – Comme l’a dit le président Macron, à maintes reprises, Israël a le droit de se défendre mais dans le respect du droit international humanitaire et en ayant conscience qu’il n’y a pas de solution militaire à Gaza.

3 – L’accord de janvier a ouvert une perspective avec ses trois phases et son articulation entre le cessez-le-feu, la libération de tous les otages, la reprise de l’aide humanitaire et l’engagement d’une discussion sur l’avenir. 42 jours ont porté la promesse d’un changement. Depuis la reprise du blocus de l’aide humanitaire par Israël et le lancement d’une nouvelle campagne de bombardements massifs, à nouveau la terreur et la mort règnent sur Gaza. La raison invoquée par Israël pour justifier son revirement ne tient pas : les retards dans la libération des otages ne sauraient justifier la punition de tout un peuple.

4 – Voilà pourquoi nous appelons à nouveau à la libération de toutes et tous les otages, dans la dignité et à la restitution des corps des décédés. Le Hamas doit le faire et épargner au monde la sinistre mise en scène à laquelle il soumet les otages libérés. Qu’y gagne-t-il, sinon de manifester de façon spectaculaire son mépris pour la vie ?

Voilà pourquoi nous appelons le gouvernement israélien à reprendre sans condition l’aide humanitaire, à cesser les bombardements, à s’en tenir à la logique des négociations quelque lentes qu’elles soient, en cessant de répondre à la cruauté par le déchaînement de la violence. Pour notre part, nous nous tenons aux côtés des pays qui, Etats-Unis, Qatar, Egypte, travaillent inlassablement à obtenir du Hamas la reprise des libérations et du gouvernement israélien le retour à la logique de janvier.

5 – Mais, Madame la Présidente, le Conseil ne doit pas détourner les yeux de l’autre réalité que signale le rapport du Secrétaire général et que nous rapporte Madame Sigrid Kaag, en application de la résolution 2334. Relire le texte de cette résolution, et précisément ses paragraphes opérationnels, au regard de la politique israélienne actuelle, c’est mesurer à quel point nous sommes loin du compte.

La colonisation à Jérusalem-Est et en Cisjordanie ne s’arrête pas. Elle s’intensifie et devient de plus en plus violente ; elle se produit avec la participation active des forces de sécurité israéliennes.

Le droit est là, réaffirmé par la Cour internationale de justice dans son arrêt consultatif du 19 juillet dernier : Israël doit cesser toute activité de colonisation dans les territoires occupés car elle est illégale. Puissance occupante, Israël a le devoir d’empêcher les violences commises par les colons extrémistes et de protéger les civils palestiniens, de préserver le statu quo historique sur les Lieux saints, en un mot d’empêcher tout ce qui rapproche de l’annexion de fait des territoires palestiniens occupés. Le ministre Jean-Noël Barrot l’a dit aujourd’hui, la France est opposée à toute forme d’annexion, qu’elle concerne la Cisjordanie ou Gaza.

6 – Le droit l’exige, mais aussi la raison politique. La spirale de violence qui s’est mise en mouvement depuis le 7 octobre, culmination d’une dégradation progressive ces dernières années, ne fait pas que détruire et tuer des civils innocents, elle nourrit la haine, de part et d’autre, elle éloigne de toute perspective de paix. Qui peut raisonnablement penser qu’une solution consentie émergera de ce cauchemar ? Qui peut penser qu’une solution négociée entre Israéliens et Palestiniens peut aboutir quand les esprits sont prisonniers de ce cycle de violence ? C’est cette logique d’escalade et de déni de l’autre qu’il faut rompre.

7 – Pour cette raison, depuis des mois, la France travaille avec tous les pays, arabes en premier lieu, à la recherche d’un mécanisme qui, s’appuyant sur le point de départ d’un cessez-le-feu dans les termes de janvier, réengagera le dialogue.

La conférence internationale sur la solution à deux Etats a été demandée par l’Assemblée générale le 3 décembre, à une écrasante majorité. Avec l’Arabie Saoudite, la France travaille activement à sa préparation. En même temps, nous fondons nos espoirs sur la conférence de reconstruction de Gaza que prépare l’Egypte avec la Ligue arabe.

8 – Enfin, Madame la Présidente, il est du devoir de notre Conseil de réaffirmer avec force que l’ONU, notre maison commune, doit être respectée. La France exprime sa consternation à la suite des frappes qui ont touché des bâtiments de l’ONU. L’attaque a fait plusieurs victimes, dont un mort. Deux ressortissants français, employés des Nations unies, ont été grièvement blessés. La France présente ses condoléances à l’ONU, aux victimes et à leurs familles. Elle rappelle que les installations et personnels de l’ONU doivent être absolument protégés contre les attaques.

En outre, la France appelle à ce que cessent les accusations infondées selon lesquelles l’ONU, ses organisations et ses agences, n’accompliraient pas leur mission de protection des plus vulnérables, de réaffirmation du droit, de secours aux victimes, de condamnation des actes de terrorisme ou des violations du droit humanitaire.

L’ONU remplit sa mission, ses personnels le font du mieux qu’ils peuvent, trop souvent au prix de leur vie. Faisons en sorte que toutes ces victimes sacrifiées, israéliennes, palestiniennes, onusiennes ne l’aient pas été en vain.

Je vous remercie.

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