Dans un contexte géopolitique confronté à divers bouleversements et défis, la France tente de retrouver une voix distincte et audible au sein du monde arabe. Une ambition que le président Emmanuel Macron a clairement affichée lors de son déplacement au Caire, ce lundi 7 avril, où il a échangé avec ses homologues égyptien Abdel Fattah Al-Sissi et jordanien Abdallah II, autour de la situation explosive dans la bande de Gaza.
Ce déplacement, présenté comme une initiative de médiation, s’inscrit dans une stratégie plus large de réaffirmation de la présence française dans une région où Paris a longtemps exercé une influence historique, mais dont elle a été progressivement marginalisée au profit d’autres puissances, notamment les États-Unis, la Russie, la Chine ou encore la Turquie.
En s’impliquant dans le dossier palestinien, la France cherche à incarner une troisième voie, entre le soutien inconditionnel à Israël de certains alliés occidentaux et les condamnations radicales exprimées dans plusieurs pays du Sud. Emmanuel Macron a ainsi insisté, au Caire, sur la nécessité d’un cessez-le-feu durable à Gaza, d’un accès humanitaire sans entrave et d’un cadre de négociations politiques relancé, en particulier autour de la solution à deux États.
Mais derrière cette posture, l’enjeu est aussi stratégique. Car en dialoguant avec l’Égypte, la Jordanie ou le Qatar, la France tente de se repositionner comme un acteur diplomatique de confiance, capable de parler à toutes les parties, une qualité de plus en plus rare dans un monde multipolaire. Ce rôle de “médiateur crédible” est un levier essentiel pour préserver ses intérêts dans la région, notamment sur le plan énergétique, sécuritaire ou migratoire.
La volonté de Paris de reprendre pied dans le monde arabe intervient à un moment où les puissances occidentales sont critiquées pour leur gestion jugée déséquilibrée des conflits du Moyen-Orient. En s’engageant davantage sur le dossier gazaoui, la France tente aussi de rétablir un lien de confiance avec les opinions publiques arabes, où l’image de l’Occident est souvent ternie. Ce repositionnement s’appuie également sur une diplomatie culturelle, économique et militaire.
Des accords de défense, des partenariats dans les énergies renouvelables, ou encore des projets éducatifs sont en discussion dans plusieurs pays de la région, du Liban au Golfe, en passant par le Maghreb. L’offensive diplomatique française dans le monde arabe est loin d’être sans risques. Les marges de manœuvre sont étroites, les acteurs régionaux sont de plus en plus autonomes, et les équilibres changent rapidement. Mais ne rien faire, pour Paris, reviendrait à laisser un vide que d’autres puissances seraient promptes à combler.
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