La francophonie en crise compte sur sa journée internationale

La journée mondiale de la francophonie s’ouvre pour promouvoir l’usage du français dans le monde, dans les champs culturels, sportifs, diplomatiques ou simplement pour échanger. Cette journée a pour but d’étendre l’influence du français. Mais en deux jours, trois pays d’Afrique de l’Ouest, le Mali, le Niger et le Burkina Faso ont quitté l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) pour affirmer leur souveraineté.

« Le Mali ne peut demeurer membre d’une organisation aux agissements incompatibles avec les principes constitutionnels (…) fondés sur la souveraineté de l’État », indique une lettre adressée au ministère des Affaires étrangères français. Ce retrait intervient au lendemain d’une annonce similaire du Burkina Faso et du Niger, alliés au sein de l’Alliance des États du Sahel (AES).

Les trois pays, parmi les premiers membres de l’OIF créée à Niamey en 1970, sont dirigés par des régimes militaires et ont rompu avec l’ancien colonisateur français au nom du souverainisme.

L’OIF, « au lieu d’accompagner ces pays dans la réalisation des objectifs légitimes de leurs peuples, (…) s’est illustrée par l’application sélective de sanctions sur la base de considérations géopolitiques et de mépris pour leur souveraineté », affirmaient les ministres des Affaires étrangères de l’AES dans un communiqué conjoint mardi soir. Elle est ainsi devenue « un instrument politique téléguidé », explique le texte. L’OIF avait suspendu les trois pays après les putschs qui y sont survenus.

Rues débaptisées

Le coup d’État d’août 2020 au Mali a été suivi d’un autre en 2021. Les colonels au pouvoir ont rompu en 2022 l’alliance ancienne avec la France et ses partenaires européens, pour se tourner militairement et politiquement vers Moscou. Ils ont manqué à l’engagement qu’ils avaient pris initialement sous la pression internationale de rendre le pouvoir à des civils élus en mars 2024. Aucune nouvelle échéance électorale n’est fixée.

Des rues et places de Bamako, dont plusieurs évoquaient l’ancienne puissance coloniale française et l’organisation régionale ouest-africaine, ont été rebaptisées en décembre dernier. C’est le cas de la rue Faidherbe, devenue rue Mamadou Lamine Drame, un Sénégalais qui a lutté contre la colonisation. Cette pratique est récurrente dans les régimes militaires sahéliens qui ont fait du respect de leur souveraineté leur mantra, et ont désormais des relations orageuses avec la France. Les trois alliés sahéliens, frappés par des attaques jihadistes, se sont rapprochés de la Russie.

Au Mali, le français était depuis l’indépendance en 1960 l’unique langue officielle, alors que selon l’OIF, un Malien sur sept parle le français. Avec l’adoption d’une nouvelle Constitution en 2023, la multitude des langues traditionnelles parlées dans le pays sont devenues langues officielles.

Basée à Paris, l’OIF ne compte plus que 90 membres, qui poursuivent la mission de promouvoir la « langue française et la diversité culturelle et linguistique » ou « d’appuyer l’éducation ».

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