Ce satellite CSO-3 est crucial pour l’armée française, car il améliorera les capacités de renseignement et attend son lancement depuis 2022.
Une mission plusieurs fois reportée
Après la dernière tentative, Arianespace avait assuré que la fusée Ariane 6 et son passager, le satellite CSO-3, étaient « dans des conditions stabilisées et en sécurité ». Le lancement avait été avorté lundi, trente minutes avant l’heure prévue, en raison du dysfonctionnement d’une vanne sur un des tuyaux d’avitaillement. Le lanceur était pourtant sur son pas de tir et le portique mobile qui protège la fusée avait été retiré.
Cette vanne est un « dispositif lourd » de 150 kg, avait expliqué le président exécutif d’Arianespace, David Cavaillolès. Or, les tests effectués avant le tir « montraient qu’on avait un comportement anormal ». Par conséquent, « la seule bonne décision était d’interrompre la chronologie jusqu’à permettre de comprendre le dysfonctionnement et le traiter ».
Initialement prévue en décembre, la mission avait déjà été reportée au 26 février, puis au 3 mars, une pratique courante dans le secteur spatial.
Sécuriser l’accès autonome de l’Europe à l’espace
Cette mission, hautement symbolique, vise à sceller la souveraineté retrouvée de l’Europe spatiale, en plein contexte de rapprochement entre les États-Unis et la Russie. Le satellite CSO-3 (pour « composante spatiale optique »), qu’Ariane 6 a placé sur une orbite à 800 kilomètres, doit compléter la mini-constellation de surveillance de la Terre pour le ministère français de la Défense et améliorer ses capacités de renseignement. Pour cette mission, la fenêtre de tir était à la seconde près, l’armée française souhaitant une orbite précise pour optimiser la qualité des prises de vues.
En Europe, seules la France et l’Italie disposent de satellites militaires, respectivement cinq avec celui lancé jeudi et deux, alors que les États-Unis comme la Chine comptent « des centaines » de satellites militaires ou civils et militaires, selon Philippe Steininger, auteur du livre « Révolutions spatiales » et consultant du Cnes, l’agence spatiale française.
Après le dernier vol d’Ariane 5 en 2023, Ariane 6 a décollé pour la première fois en juillet 2024. Ce premier vol embarquant un satellite commercial doit sécuriser l’accès autonome des Européens à l’espace, dont ils ont été privés pendant plusieurs mois puisqu’ils n’utilisent plus de Soyouz depuis l’invasion de l’Ukraine en 2022.
Un secteur bousculé par SpaceX
L’autre fusée européenne légère, Vega-C, n’a repris les vols qu’en décembre 2024, après avoir été immobilisée pendant deux ans dans la foulée d’un accident ayant entraîné la perte de satellites.
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