Une solution écologique et innovante pour répondre aux enjeux de pollution dans l’archipel.
En Guadeloupe, une nouvelle approche pour le traitement des eaux usées voit le jour. Dans la commune de Vieux-Fort, au sud de l’île, une station d’épuration d’un genre particulier a été inaugurée en mars 2025. Ce dispositif, baptisé « filtre planté », utilise un bassin rempli de graviers et de plantes pour purifier les eaux usées. Une méthode naturelle qui pourrait bien révolutionner l’assainissement dans l’archipel, où plus de la moitié des stations d’épuration ne respectent pas les normes en vigueur.
Concrètement, cette installation traite les eaux usées provenant d’un groupe scolaire accueillant 300 élèves, de 53 logements et de 400 m² de commerces. Contrairement aux systèmes traditionnels, le filtre planté repose sur l’action combinée de graviers et de plantes spécifiques pour filtrer et oxygéner l’eau avant son rejet dans la nature. En milieu tropical, les roseaux, souvent utilisés en métropole, ne sont pas adaptés car considérés comme invasifs. Les experts ont donc opté pour l’héliconia, une plante locale aux multiples atouts. Résistante, esthétique et capable de supporter les cyclones, elle s’avère parfaitement adaptée au contexte guadeloupéen.
L’inauguration de cette station a été marquée par la présence de Manuel Valls, ministre des Outre-mer, soulignant l’importance de ce projet pour l’archipel. En effet, la situation de l’assainissement en Guadeloupe est préoccupante. Selon les dernières données, 56 % des stations d’épuration ne sont pas conformes aux normes environnementales. Cette défaillance a des conséquences directes sur la qualité des eaux de baignade, qui se dégradent année après année, au point de menacer l’accès à certaines plages.
Le concept de filtre planté n’est pas nouveau, mais son adaptation aux conditions tropicales représente une avancée majeure. La première station de ce type a été installée à Petit-Canal, dans le nord de Basse-Terre, au milieu des années 2010. Depuis, le modèle a été reproduit, notamment à Vieux-Fort, où le projet a nécessité un investissement de 2,7 millions d’euros. Ce financement a été assuré à 70 % par le fonds vert pour la transition écologique et à 30 % par l’Office français de la biodiversité (OFB).
Les avantages de cette méthode sont multiples. Outre son efficacité, elle est peu coûteuse en entretien. Un simple passage hebdomadaire suffit pour vérifier son bon fonctionnement, et les opérations de maintenance se résument à des tâches similaires à celles des espaces verts. Avec déjà quatre stations en service, les acteurs locaux ambitionnent d’étendre ce modèle à l’ensemble des communes de l’île. Une évolution réglementaire pourrait également permettre d’étendre cette solution à l’assainissement individuel, actuellement exclu du dispositif.
Face aux défis environnementaux et sanitaires, la Guadeloupe mise ainsi sur une solution à la fois écologique et durable. Une initiative qui pourrait bien inspirer d’autres territoires confrontés à des problématiques similaires.
Crédit: Lien source