La junte militaire accuse la Côte d’Ivoire et le Bénin d’héberger des bases françaises pour déstabiliser le Burkina Faso

Un gouvernement pour cinq ans supplémentaires, une politique protectionniste sur les ressources minières et une approche méfiante à l’égard des pays de la région – Côte d’Ivoire et Bénin en tête – encore trop considéré dans l’orbite française : tels sont les principaux points du dernier discours prononcé par le capitaine Ibrahim Traore, chef militaire au pouvoir au Burkina Faso depuis le coup d’État du 30 septembre 2022. « Nous n’avons rien contre le peuple ivoirien. Mais nous avons quelque chose contre celui qui gouverne la Côte d’Ivoire. Nous le disons et le répétons. En fait, il y a un centre opérationnel à Abidjan pour déstabiliser notre pays », a déclaré le capitaine, qui a également cité le Bénin parmi les pays dont il faut se méfier. « Il y a deux bases françaises au Bénin et nous en avons la preuve », a-t-il déclaré, affirmant qu’il s’agissait de centres « d’entraînement de terroristes ». Dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux, le porte-parole du gouvernement béninois a aussitôt démenti les accusations du capitaine Traoré, qu’il a qualifiées de « désinformation nauséabonde » qui « alimente le ressentiment des populations et menace la coexistence pacifique des peuples ». Le porte-parole a souligné à son tour que la grande majorité des attaques déjouées au Bénin concernent également des assaillants venant du Burkina Faso et du Niger voisins.

C’est la première fois que Traoré accuse explicitement la Côte d’Ivoire, un pays toujours fermement dans l’orbite française et considéré comme l’un des derniers bastions de la démocratie dans la région, même si divers événements ont conduit le président Alassane Ouattara à être vivement critiqué pour sa gestion personnelle du pouvoir. Le durcissement du ton de la junte de Ouagadougou semble être affecté par les liens plus solides noués ces derniers mois avec les deux autres pays du Sahel par les juntes putschistes pro-russes, notamment le Mali et le Niger, désormais réunis depuis septembre dernier dans leAlliance Sahel (Aes) et qui a officiellement annoncé le 6 juillet dernier la création d’une confédération qui vise à collaborer non seulement dans le secteur de la défense mais aussi dans les domaines économique, sanitaire et culturel. Dans le discours prononcé hier devant le Palais des Sports de Ouagadougou, Traoré a illustré sa vision du gouvernement pour les cinq prochaines années, affirmant clairement sa volonté de rester au pouvoir pendant cette période. Le putschiste a également annoncé la semaine prochaine un projet de loi visant à définir une nouvelle législation protégeant les ressources minières du pays, ainsi que le retrait de nombreux permis d’extraction de minéraux par des multinationales étrangères – notamment d’or – pour les renationaliser.

Les seuls acteurs étrangers qui seront autorisés à obtenir des permis dans le secteur minier, a précisé Traoré, seront ces « partenaires sincères qui acceptent de nous soutenir » dans la lutte contre le terrorisme. « Nous seuls pourrons leur accorder certaines autorisations. Parce qu’ils ont accepté de nous soutenir dans la lutte pour notre souveraineté et dans la lutte contre le terrorisme », a-t-il déclaré. En novembre dernier, la junte militaire burkinabé a lancé la construction d’une raffinerie d’or, tandis qu’en janvier elle a fièrement inauguré la première usine de traitement des déchets miniers du pays (principalement charbon fin, scories, concentrés acides et cendres), soulignant la volonté d’avoir un plus grand contrôle. sur leur traitement et de ne plus les exporter. L’usine, construite dans la zone industrielle de Kossodo, à la périphérie de Ouagadougou, appartient à une entreprise privée burkinabé, Golden Hand, dont l’État contrôle 40 pour cent.

Dans son discours Traoré il s’est donc davantage concentré sur les questions les plus sensibles, à commencer par celle de la sécurité. « Il n’y a pas d’alliance possible avec les terroristes : soit nous les combattons, soit ils nous combattront », a-t-il déclaré, certain que « l’indépendance » et la « liberté » ne peuvent venir que « par la lutte ». Traoré nous a donc exhorté à continuer d’investir dans la sécurité nationale, en finançant les activités de l’armée et en contribuant à l’achat d’équipements militaires. La junte a mis en place depuis longtemps un système de mesures fiscales visant à financer les opérations de l’armée et des Volontaires de la Patrie (Vdp) contre le terrorisme, cette dernière unité composée d’auxiliaires de l’armée et de simples citoyens pour renforcer les opérations de défense. Depuis juillet de l’année dernière, par exemple, une taxe de 5 pour cent est appliquée à l’achat de services téléphoniques, une taxe de 10 pour cent est appliquée aux abonnements à la télévision privée et à la vente de terrains ou à d’autres opérations nécessitant l’intervention d’un notaire et un supplément. égal à 1 pour cent du prix demandé. Depuis le mois d’avril dernier, d’autres taxes similaires ont été imposées aux citoyens du pays lors de l’achat de tabac, de boissons gazeuses et d’alcool. Par ailleurs, l’année dernière, la junte militaire a modifié le code minier du pays afin qu’une partie des sommes du Fonds minier pour le développement local puisse être versée au Fonds de soutien patriotique.

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