La bataille judiciaire engagée par des lanceurs d’alerte afin que le Groupe Bernard Hayot (GBH) publie ses comptes est loin d’être terminée. Si le groupe s’est effectivement exécuté le 5 février dernier en déposant ses comptes consolidés au greffe sur injonction du tribunal de commerce de Fort de France, la justice étudie désormais la demande des parties civiles de publier les « marges arrière » du groupe. Un délibéré attendu vendredi 4 avril pourrait obliger ce dernier à rendre public ces marges, dont on soupçonne qu’elles sont constitutives du coût de la vie chère aux Antilles.
Un mémoire publié par les quatre lanceurs d’alerte à l’origine des plaintes contre GBH, remet le groupe en première ligne judiciaire. Dans quelques jours, Guadeloupéens et Martiniquais pourraient accéder à un des secrets les mieux gardés de leur histoire contemporaine commune, les « marges arrière » du Groupe Bernard Hayot (GBH).
Le groupe, figure de proue de la Grande distribution aux Antilles, traverse une tempête juridico-médiatique à la hauteur des attentes de transparence et de clarification des citoyens de ces territoires. Et vendredi, c’est l’avenir du GBH, tel que nous le connaissons, qui sera en jeu. En cas d’injonction juridique, du tribunal de commerce de Fort-de-France, le groupe devra dévoiler ces marges arrière, les justifier et démontrer qu’elles ne sont pas le moteur des écarts de prix entre nos territoires et l’hexagone frais d’approche exclus.
Et comme une mauvaise nouvelle n’occupe jamais seule la tête de gondole, la plainte contre X déposé le 14 janvier dernier par les lanceurs d’alerte pour entente et abus de position dominante éclaboussera GBH comme les autres groupes qui versent dans la grande distribution chez nous.
Sur le plan politique et institutionnel, le ministre des Outre-mer Manuel Valls, manifestement convaincu, active également ses leviers et demande une révision du rapport de 2019 de l’autorité de concurrence sur le fonctionnement de ce principe aux Antilles. N’oublions pas la proposition de loi socialiste sur la vie chère votée par les députés qui doit encore être examinée par le Sénat.
Enfin, l’Union Européennes est, elle aussi, invitée a se prononcer sur la question. Cinq Euro-députés Ecologistes sollicitent l’ouverture d’une enquête sur des pratiques anticoncurrentielles présumées et enjoignent la commission à faire respecter le droit communautaire à la France. Celle-ci déroge depuis 50 ans à l’application outre-mer de la Charte Sociale Européenne qui garantit des droits économiques et sociaux fondamentaux. Et pour être tout à fait exhaustif il convient également de rappeler que GBH a de son côté porté plainte contre X le 28 janvier dernier pour dénonciation calomnieuse après la diffusion de l’enquête du journal libération dont nous avons largement fait écho sur nos antennes. Le groupe a annoncé avoir déposé également une autre plainte contre Libération en mars suite à la révélation de l’enquête de la Haute autorité pour la transparence de la vie publique.
Les conseils de GBH font valoir le principe du secret des affaires et rappellent que la publication du détail des « marges arrières » n’est pas « obligatoire selon les normes comptables françaises ». Seulement dans un souci de transparence et de garantie du sacro-saint principe de concurrence loyale, le juge de Fort-de-France, pourrait bien rendre un délibéré le vendredi 4 avril prochain contraignant pour GHB : obliger ce dernier à rendre public ces marges dont on soupçonne qu’elles sont constitutives du coût de la vie exorbitant aux Antilles.
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