En Guinée, le capitaine Moussa Dadis Camara a été gracié par Mamadi Doumbouya, le chef de la transition guinéenne, « pour des raisons de santé“, selon un décret lu vendredi soir à la télévision nationale.
Cette décision intervient alors que toutes les parties engagées dans le procès criminel du massacre au stade du 28 septembre 2009 attendent d’être fixées sur la date d’ouverture du procès en appel des sept hauts responsablesguinéens, condamnés pour crimes contre l’humanité le 31 juillet 2024.
Moussa Dadis Camara, président de la transition à l’époque des faits, avait lui été condamné à 20 ans d’emprisonnement pour des responsabilités de commandement lors du massacre.
« Je ne vois plus pourquoi ce procès va continuer en appel, puisque si le principal concerné dans cette affaire est gracié, je suis certain que pour les autres c’est qu’une question de temps » déclare, un air dépité, Me Alpha Amadou DS Bah, un des avocats des victimes qui voit dans ce décret une grave entrave à la procédure judiciaire en cours.
Indemnisation des victimes
Le 26 mars 2025, au terme d’un décret, les autorités militaires de la transition ont annoncé la prise en charge intégrale de l’indemnisation des victimesdu massacre du 28 septembre 2009 et/ou de leurs ayants droits par le budget national. Cette décision a été saluée par plusieurs organisations de défense des droits de l’Homme et par les familles des victimes.
Mais c’est au moment où les concernés attendent la concrétisation administrative et budgétaire de cette mesure de la part du gouvernement, que l’ancien chef de la junte, Moussa Dadis Camara a été gracié, puis libéré.
« Même pour les réparations annoncées, ils n’ont pas pris toutes les mesures. On dit que Dadis est libre, les autres autres vont sortir et nous, c’est notre vie qui est en danger » se plaint Fatoumata, une des victimes qui exprime son inquiétude.
Arrangement politique et joie
Du côté des activistes de la société civile, la grâce accordée à Moussa Dadis Camara est perçue comme un arrangement politique.
« Que des mesures soient prises le plus vite possible afin que les victimes puissent être indemnisées. Qu’on dise que le capitaine Dadisbénéficie d’une grâce pour des raisons de santé, il faut voir ça sur l’angle politique », souligne Mamadou Kaly Diallo.
Comme Kaly Diallo, plusieurs autres citoyens guinéens qui soupçonnent les militaires au pouvoir de vouloir s’éterniser, voient ce geste du général Mamadi Doumbouya comme « un calcul politique » en vue d’un rapprochement avec la Guinée Forestière, région d’origine de Dadis Camara. Depuis la bousculade survenue dans le stade de N’Zérékoré (Guinée forestière), une partie de la population est mécontente.
Pendant ce temps, dans la famille du Capitaine Moussa Dadis Camara et chez ses proches, c’est la joie, comme le confirme ici sa fille Eveline Camara.
« Franchement je ne sais pas comment l’expliquer mais l’émotion, elle est grande. Au nom de la famille nous sommes tous reconnaissant envers le président Mamadi Doumbouya » a-t-elle déclarée, émue.
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