La littérature sud-américaine : de l’influence de Borges aux nouvelles tendances : épisode 2/2 du podcast L’Amérique du Sud et sa littérature espagnole | Radio France
L’écrivain argentin Jorge Luis Borges a enthousiasmé deux générations d’écrivains de langue espagnole et a considérablement influencé les auteurs de notre époque. Quel lien entretient un écrivain argentin comme Ernesto Sábato avec le borgisme ? Dans son roman Héros et Tombes, un peu à la manière du Jardin des sentiers qui bifurquent de Borges, un homme s’enfuit, en poursuit un autre et circule dans une espèce de labyrinthe avec ici la peur de la vengeance d’une secte clandestine. Mais d’autres influences inspirent aussi les écrivains sud-américains. Le deuxième numéro de la série diffusée en 1963 sur la Chaîne III Nationale nous plonge dans l’univers et la lecture d’œuvres d’Ernesto Sábato, Virgilio Piñera, Julio Cortázar, Octavio Paz et Nicolás Guillén.
De nouvelles influences et le goût de l’ironie
Avec l’écrivain cubain Virgilio Piñera apparaît une nouvelle influence européenne : celle de Franz Kafka qui marqua profondément la littérature latino-américaine. Dans ses nouvelles, l’humour de Piñera assez proche de l’humour noir, emprunte une forme d’esprit sud-américain appelée « choteo« , une moquerie tendre teintée de mélancolie contenue. Le jeune écrivain argentin Julio Cortázar, lui, « ne nous propose plus ni labyrinthe, ni citation, ni baroque, ni accumulation culturelle, mais le jeu d’une certaine symétrie qui comme un miroir dédouble les personnages avec une ironie féroce. Dans sa nouvelle Axolotl le sens de la symétrie et l’ironie restent unifiés. »
Une reproduction médiate de la réalité
« On cherche une possession profonde de la réalité, sa restitution dans le monde de la parole, sa reconstitution avec le matériau du langage« . Dans son poème Pierre de soleil, l’auteur mexicain Octavio Paz ne fait pas directement référence au calendrier mexicain. Pourtant son poème comprend 584 vers, autant de jours qu’il y avait dans l’année des anciens Mexicains réglée par la planète Vénus, et utilise les thèmes du mouvement et du vent qui commencent et achèvent ce calendrier mexicain.
Quant au cubain Nicolás Guillén, sa poésie est une représentation musicale. Dans son premier livre Motivos de Son, il s’inspire de la danse populaire cubaine, le son, juxtaposant des éléments espagnols et africains. On y retrouve des formules métriques et strophiques espagnoles avec des rythmes africains répétitifs. « Une poésie qui restitue la genèse de la musique des Caraïbes. »
- Production : Severo Sarduy et Jacqueline Trutat
- Réalisation : Georges Gravier
- Lectures d’extraits : Héros et Tombes d’Ernesto Sábato, les contes La viande et L’insomnie de Virgilio Piñera, la nouvelle Axolotl de Julio Cortázar, Pierre de soleil d’Octavio Paz et Chant pour tuer un serpent de Nicolás Guillén par Jean Négroni, Michel Bouquet, Michel Etcheverry, Roger Blin, Guy Tréjan, Pascal Mazzotti, Jacqueline Morane et Pierre Leproux
- Domaine étranger – Littérature espagnole de l’Amérique du Sud 2/2 (1ère diffusion : 06/02/1963 France III Nationale)
- Edition web : Amélie Potier, Documentation de Radio France
- Archive Ina-Radio France
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