A trois semaines des Jeux olympiques de Paris et à trois jours du second tour des élections législatives, c’est un rebondissement judiciaire dont Amélie Oudéa-Castéra se serait volontiers passée. Selon une information de l’Agence France-Presse, confirmée par Le Monde, la Cour de justice de la République (CJR) a ordonné, jeudi 4 juillet, le renvoi en procès de la ministre des sports pour « diffamation publique envers un particulier » à la suite d’une plainte déposée, le 24 avril 2023, par l’ex-président de la Fédération française de football (FFF), Noël Le Graët, 82 ans.
Mme Oudéa-Castéra était mise en examen depuis décembre 2023 dans le cadre d’une information judiciaire ouverte en juin 2023 par la CJR, seule juridiction compétente pour juger les délits commis par les membres du gouvernement dans l’exercice de leurs fonctions. Noël Le Graët accuse la ministre d’avoir fait, lors d’une conférence de presse, le 15 février 2023, une présentation tronquée du contenu du rapport d’audit mené à la FFF par l’Inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche (IGESR).
Les avocats de M. Le Graët ont pointé un décalage entre ledit rapport et la synthèse du document remis à la presse et publié ce jour-là. La synthèse indiquait que la mission d’inspection a relevé « non seulement des propos et des SMS émanant bien de M. Le Graët, ambigus pour certains et à caractère clairement sexuel pour d’autres ». Elle pointait aussi « l’horaire tardif des envois, leur caractère répétitif et la nature des destinataires – des femmes placées sous son autorité et/ou dans une relation de dépendance – et ce même après le déclenchement » des travaux de l’IGESR.
Les inspecteurs avaient dénoncé un « exercice de pouvoir très centralisé », un « comportement inapproprié (…) vis-à-vis des femmes », un « caractère déplacé et injurieux accentué par la consommation excessive d’alcool ». Sous la pression médiatique, M. Le Graët avait démissionné de la présidence de la FFF, fin février 2023, après un règne de près de douze années, marqué par d’incontestables succès sportifs et économiques.
L’entourage de la ministre des sports déclare au Monde que le renvoi de cette dernière est une « procédure habituelle » qui « correspond à la reconnaissance par la CJR de l’existence matérielle des propos qui lui sont attribués, mais ne préjuge en rien de leur caractère répréhensible ». La ministre, qui devrait quitter le gouvernement après les législatives, « se tient à nouveau à la disposition de la justice pour apporter tous les éléments nécessaires. »
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