«La Planète des singes: Le nouveau royaume»: notre avis

Noa, un chimpanzé dresseur d’aigle et accessoirement le héros du nouveau cycle de La Planète des Singes.Image: 20 century studios

Nouveau volet d’une tétralogie débutée en 2011, La Planète des singes: Le nouveau royaume livre une aventure captivante, bien que classique, aux effets spéciaux (toujours aussi) réussis.

Sainath Bovay
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Qu’on soit familier de la franchise ou non, l’évocation de La Planète des singes résonne forcément quelque part pour tout un chacun tant cette longue saga du cinéma s’inscrit dans la pop culture depuis près de 60 ans. Amorcée par le roman écrit par le Français Pierre Boulle en 1963, cette dystopie imagine un monde dans lequel les humains sont dominés par des primates doués de parole. Le livre connaît une première adaptation cinématographique en 1968. La franchise, depuis, aura connu cinq films et une série TV durant les années 1970, puis une nouvelle adaptation (catastrophique) de Tim Burton en 2001. C’est en 2011 avec La Planète des singes: Les Origines (2011) que la machine est relancée jusqu’à aujourd’hui avec La Planète des singes: Le nouveau royaume.

On rembobine, le premier film, réalisé par Rupert Wyatt s’encre dans notre époque et raconte comment un vaccin contre la maladie de Parkinson testé sur des singes les ont rendus particulièrement intelligents. Un vaccin qui aura l’effet inverse sur les humains, provoquant un virus nommé «la grippe simienne» qui va ravager l’espèce humaine et permettre aux singes d’évoluer». L’histoire suit César, le premier singe à développer son intelligence et qui sera voué à devenir le messie de tout son peuple.

Le film est un succès populaire qui connaîtra deux suites: L’Affrontement et Suprématie en 2014 et 2017 par le cinéaste Matt Reeves (The Batman). L’histoire est toujours centrée sur César et se déroule après la pandémie, dans un monde où la nature a repris ses droits et où les singes et les derniers bastions d’humains vont se livrer une guerre sans merci. Ces deux excellents opus ont largement séduit la presse comme les spectateurs, tant par la qualité de leurs effets spéciaux que par leur écriture.

Une trilogie qu’on pensait, pourtant, achevée, mais qui, sept ans plus tard, bénéficie d’une suite réalisée par Wes Ball (Le Labyrinthe). Intitulé La Planète des singes: Le nouveau royaume, l’intrigue prend place 300 ans après les aventures de César, le premier singe. Les primates ont définitivement pris le pouvoir et vivent en harmonie avec la nature ayant poussé sur les ruines de notre civilisation. Les humains, quant à eux, ont régressé à l’état sauvage et vivent en retrait. Alors qu’un nouveau chef tyrannique construit peu à peu son empire, un jeune chimpanzé nommé Noa entreprend un voyage initiatique pour sauver son peuple qui l’amènera à questionner tout ce qu’il sait du passé et à faire des choix qui définiront l’avenir des singes et des humains.

Rendre à César ce qui est à César

César est mort en sauvant son peuple, concluant Suprématie avec une fin biblique et blindée d’espoir où les singes, libérés des humains, disposaient enfin de leur planète. Dans ce quatrième volet situé «des générations plus tard», la nature achève d’y reprendre ses droits dans une jungle d’anciens gratte-ciel dont il ne reste plus grand-chose. Le film reprend une imagerie des premiers peuples, ne sachant rien de leur passé, vivant en osmose avec leur territoire et dans l’ignorance de ce qui se cache au-delà. Une harmonie qui va vite être mise à mal le jour où le village du héros va être attaqué par des barbares et se retrouver en flammes.

Proximus, le singe qui se prenait pour un empereur romain.

Proximus, le singe qui se prenait pour un empereur romain.Image: 20 century studios

Rien de nouveau sous le soleil, tant le film fait preuve d’une intrigue cousue de fil blanc. L’intrigue reprend quasi trait pour trait le concept du monomythe, qui traduit l’idée selon laquelle tous les grands mythes, de l’Antiquité à nos jours, répondent à un même schéma narratif: celui du voyage initiatique avec jeune héros ignorant qui va connaître le deuil, les rencontres formatrices et trouver son courage.

Une première heure poussive qui enchaîne les expositions, mais qui, fort heureusement, s’avère dans sa deuxième partie véritablement captivante. Le film trouve en effet sa force dans l’héritage légué par les films précédents. César est aujourd’hui une figure mystique et messianique, qui évidemment, comme dans l’histoire des hommes, sera à la fois moteur d’une morale et prétexte au totalitarisme. Dans ce monde où plusieurs clans de singes cohabitent, il y a ceux qui ont oublié César, ceux qui vivent de son enseignement et ceux qui ont corrompu celui-ci pour asseoir leur pouvoir et établir un empire.

Les humains, quasi absents du métrage, existent principalement par la présence d’une jeune fille muette et pleine de mystère nommée Mae (Freya Allan). Exit donc la dualité homme-singe, le film se passe à hauteur de primates.

L’autre divertissement sympa du moment:

Plus vrai que nature

La Planète des singes: Le nouveau royaume ne marquera pas les esprits par son récit qui sent le réchauffé. Cependant, il porte un message écologique et pacifiste plus que bienvenue en ces temps troublés et traite avec habileté des questions d’héritage et de religion.

C’est plutôt au niveau de la rétine que le film laisse une empreinte, tant les singes que nous voyions à l’écran sont impressionnants de réalisme. L’émotion des comédiens sur les visages simiesques est d’une crédibilité hallucinante. On y prend également un plaisir certain à découvrir des environnements magnifiques avec sa nature foisonnante et ses ruines d’une Amérique qui n’est plus.

(L-R): Noa (played by Owen Teague), Soona (played by Lydia Peckham), and Anaya (played by Travis Jeffery) in 20th Century Studios' KINGDOM OF THE PLANET OF THE APES. Photo courtesy of 20th Centur ...

Le secret des bons effets spéciaux? Quand c’est impossible de déceler le vrai du faux. Image: 20th Century Studios

Les effets spéciaux sont assurés par le studio néo-zélandais Weta Digital, créé par Peter Jackson lorsqu’il réalisa Le Seigneur des anneaux. Depuis la création de Gollum, ils sont devenus les experts de la performance capture, la technologie qui consiste à retranscrire chacun des mouvements et émotions des comédiens dans des êtres de pixels. C’est à eux que l’on doit dernièrement le prestigieux Avatar : La Voie de l’eau. On retrouve donc ici la même qualité d’effets spéciaux, avec des mouvements de singes imités à la perfection et des éléments virtuels indissociables de la réalité. L’ensemble participe à une sensation d’immersion parfaite. Notre seul regret face à ce scénario banal sera un léger soupir devant sa forme de reboot déguisé, qui fait de cet opus un nouveau cycle de La Planète des Singes.

Cependant, avec la virtuosité de sa mise en scène et ses personnages attachants, ce nouveau royaume est un blockbuster de qualité, qui, pour une fois, offre un spectacle visuel dont on aurait tort de se priver.

La Planète des singes: Le nouveau royaume sort dans les salles romandes le 8 mai 2024. Durée: 145 minutes


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