La Révision de l’Amnistie Contestée en Justice

Des députés sénégalais attaquent la révision de l’amnistie en justice. Une bataille explosive pour la vérité sur les violences de 2021-2024 s’engage… Que va-t-il se passer ?

Imaginez un pays où des années de tensions politiques laissent des cicatrices profondes : des dizaines de morts, des centaines d’arrestations, et une soif de justice qui ne s’éteint pas. Au Sénégal, ce tableau n’est pas une fiction, mais une réalité qui secoue encore la nation en ce printemps 2025. Récemment, des députés de l’opposition ont décidé de frapper fort en déposant un recours devant le Conseil constitutionnel pour faire tomber une loi qui, selon eux, trahit la quête de vérité.

Une Loi au Cœur de la Discorde

Adoptée en mars 2024, sous les derniers jours d’un régime aujourd’hui révolu, une loi d’amnistie avait promis de calmer les esprits après trois années de chaos. Entre 2021 et 2024, le Sénégal a été le théâtre de violences politiques d’une rare intensité. Mais cette tentative de réconciliation a-t-elle vraiment tenu ses promesses ? La réponse semble être un non retentissant pour une partie de la classe politique.

Retour sur une période trouble

Entre mars 2021 et février 2024, le pays a connu des affrontements qui ont marqué les esprits. D’après une source proche d’un collectif de chercheurs, au moins **65 personnes** ont perdu la vie, dont une majorité de jeunes fauchés par des balles. Certains avancent un bilan encore plus lourd, dépassant les **80 décès**. Ces chiffres, aussi glaçants soient-ils, ne racontent qu’une partie de l’histoire : des centaines d’opposants ont été arrêtés, souvent dans des conditions brutales.

Ce climat explosif a vu émerger des figures aujourd’hui au pouvoir, emprisonnées à l’époque pour leur résistance. Leur accession au sommet de l’État a renversé la donne, et avec elle, l’approche face à cette période sombre.

Une révision qui change la donne

La semaine dernière, l’Assemblée nationale, désormais sous l’influence du nouveau régime, a voté une modification choc de cette loi d’amnistie. Exit l’impunité pour les **meurtres**, **assassinats**, **tortures** ou **actes de barbarie**, peu importe qui les a commis ou pourquoi. Cette décision ouvre grand la porte à des poursuites contre d’anciens responsables, jusque-là protégés par le texte initial.

Ne pas faire la lumière sur cette histoire serait un précédent mortifère pour le pays.

– Une déclaration forte du chef de l’État lors d’un récent entretien

Pour le président actuel, cette révision n’est pas une option, mais une nécessité. Il a promis de la mettre en œuvre sans délai dès sa promulgation, un engagement qui résonne comme un cri de justice pour les victimes et leurs familles.

L’opposition contre-attaque

Mais ce virage législatif ne fait pas l’unanimité. Pas moins de **23 députés** issus de l’opposition ont signé un recours déposé mardi auprès du Conseil constitutionnel. Leur argument ? Cette révision serait tout simplement **inconstitutionnelle**. Ils y voient une tentative de règlement de comptes politiques, masquée sous des airs de quête de justice.

  • Un texte accusé de violer les principes fondamentaux de la Constitution.
  • Une bataille juridique qui pourrait redéfinir l’équilibre des pouvoirs.
  • Une opposition déterminée à ne pas céder face au nouveau régime.

Ce recours, s’il aboutit, pourrait bloquer net les ambitions du pouvoir en place. Mais dans un pays où les institutions sont souvent sous pression, l’issue reste incertaine.

Les enjeux d’une vérité à double tranchant

Faire la lumière sur les violences passées, c’est rouvrir des plaies encore vives. D’un côté, les familles des victimes réclament des réponses : qui a donné les ordres ? Qui a tiré ? De l’autre, certains craignent que cette quête de vérité ne ravive les tensions dans une société déjà fragilisée.

Période Morts estimés Arrestations
2021-2024 65 à plus de 80 Centaines

Ce tableau, aussi simple soit-il, illustre l’ampleur du drame. Mais derrière chaque chiffre, il y a des vies brisées, des destins interrompus, et une question lancinante : la justice peut-elle vraiment réparer ?

Un bras de fer politique et judiciaire

Le Conseil constitutionnel se retrouve désormais au centre d’un bras de fer qui dépasse le simple cadre juridique. Sa décision, quelle qu’elle soit, aura des répercussions majeures : valider la révision, et c’est une vague de procès qui pourrait s’abattre sur l’ancien régime. La rejeter, et c’est le risque d’une crise de légitimité pour les nouvelles autorités.

Une chose est sûre : le Sénégal retient son souffle alors que son avenir se joue dans cette bataille pour la vérité.

Les prochains jours seront cruciaux. Les regards sont tournés vers cette institution clé, garante – ou non – d’un équilibre fragile entre justice et stabilité.

Et après ? Vers une réconciliation ou une fracture ?

Si la révision tient bon, les enquêtes pourraient enfin lever le voile sur des années d’impunité. Mais à quel prix ? Certains observateurs redoutent que cette démarche, aussi noble soit-elle, ne polarise davantage un pays encore convalescent. D’autres y voient une chance unique de tourner la page, pour de bon.

Une chose est certaine : cette affaire ne laisse personne indifférent. Elle interroge le rôle de la justice dans une démocratie en transition, et la capacité d’une nation à affronter ses démons sans se perdre en chemin.

Alors que le Sénégal navigue en eaux troubles, une question demeure : la vérité suffira-t-elle à panser les plaies, ou ne fera-t-elle que les rouvrir ? L’histoire, comme toujours, aura le dernier mot.

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