La perspective d’économiser des milliers de dollars en mettant fin au gaspillage d’énergie incite un nombre croissant de gestionnaires d’immeubles résidentiels à adopter de nouvelles technologies. Celles-ci contribuent à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre.
Fusion est l’une des entreprises québécoises qui se sont donné pour mission d’enrayer la surconsommation d’énergie en optimisant les systèmes de chauffage, de ventilation et de climatisation existants. L’entreprise lavalloise continue de surveiller sa technologie à distance, une fois celle-ci implantée, pour s’assurer que les économies réalisées se répètent, d’année en année.

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Daniel Sarrazin, président de Fusion (à droite), cherche à réduire le gaspillage d’énergie dans les bâtiments depuis 1994, en compagnie de Loïc Angot, directeur général de l’entreprise.
« Il y a beaucoup d’énergie consommée en pure perte à cause du mauvais fonctionnement de l’équipement mécanique en place », indique Daniel Sarrazin, préoccupé par le gaspillage d’énergie depuis qu’il est devenu président de l’entreprise, en 1994. « L’absence de surveillance fait qu’après quelques années, il n’y a pas moyen de savoir si les systèmes fonctionnent ou pas. »

ILLUSTRATION FOURNIE PAR FUSION
Cette illustration tirée d’une présentation effectuée par Fusion met en évidence les résultats obtenus dans des complexes en copropriété et des hôtels au centre-ville de Montréal.
Le 1200 De Maisonneuve est l’un des premiers complexes en copropriété au centre-ville de Montréal où Fusion a intégré sa technologie pour gérer la consommation d’énergie dans les espaces communs, en 2014, et elle en assure toujours la surveillance à distance, moyennant des frais trimestriels. Calculant que les économies réalisées de prime abord se sont répétées chaque année (192 500 $ annuellement), l’entreprise estime avoir permis aux copropriétaires des deux tours de 27 étages d’économiser 2,11 millions. L’économie nette, une fois le prix de la technologie retranché (385 000 $), serait de 1,73 million.

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Laurent Ciechelski, gestionnaire principal du 1200 De Maisonneuve, est avisé si une anomalie est détectée par le service de télégestion de Fusion. Il peut alors vérifier de son côté et y remédier.
C’est certain qu’on réalise des économies et c’est certain qu’aujourd’hui, on ne pourrait pas se passer d’une solution de gestion d’énergie. La surveillance à distance est aussi une plus-value. Mais au-delà du portefeuille, il faut prendre soin de l’énergie en ayant une pensée globale. Pour le climat et la décarbonation, il n’y a pas de petit geste.
Laurent Ciechelski, gestionnaire principal du 1200 De Maisonneuve
À l’échelle mondiale, le secteur du bâtiment émet 30 % des gaz à effet de serre, fait remarquer Loïc Angot, directeur général de Fusion, qui s’est joint à l’entreprise lorsque l’agence Lemay en a fait l’acquisition en 2024, lui permettant de couvrir l’ensemble du cycle de vie des bâtiments, de la conception jusqu’aux opérations.

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L’entreprise Fusion offre un service de télégestion afin, entre autres, de détecter très rapidement une défaillance d’un des systèmes dans un immeuble.
« Les tours d’habitation comme le 1200 De Maisonneuve et le Roccabella ont des systèmes mécaniques sophistiqués », explique M. Angot. « Ce sont des Formule 1 du bâtiment. Les systèmes mécaniques sont de bonne qualité, mais bien souvent, il n’y a pas de pilote. »
Si on imagine une Formule 1 conduite par un enfant de 14 ans, c’est sûr qu’il ne fera pas un très bon temps au tour. C’est la même chose dans un bâtiment.
Loïc Angot, directeur général de Fusion
« Avec Fusion, quelqu’un devient responsable de la performance énergétique », poursuit M. Angot. « Notre service de télégestion est capable de pointer très rapidement une défaillance et d’aviser le gestionnaire de l’immeuble pour qu’il agisse et envoie un réparateur. On a des forfaits avec 220 bâtiments de différents types et cela augmente. »

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Mathieu Lamarche, président de Groupe GDI, a fait appel à l’entreprise Fusion au complexe locatif Terranova 1, à Terrebonne.
Mathieu Lamarche, président de Groupe GDI, a fait appel à l’entreprise, qui a diminué de 15 à 20 % la consommation d’énergie du complexe locatif Terranova 1, à Terrebonne, grâce à un financement de type crédit-bail. Avant le début de la construction à Laval du complexe de 15 étages Névéa, qui vise la certification Fitwel, il a décidé d’intégrer à nouveau la technologie de Fusion, qui innovera dans le secteur résidentiel en contrôlant la consommation d’énergie jusque dans les logements.

ILLUSTRATION FOURNIE PAR GROUPE GDI
Le complexe locatif Névéa, de Groupe GDI, en construction à Laval, est l’un des premiers à intégrer l’intelligence énergétique de Fusion dès le départ.
« On le fait pour quatre raisons, détaille M. Lamarche. La première, c’est la gestion de la pointe. C’est super important parce que cela représente environ 40 % de notre facture d’électricité. La deuxième raison, c’est le délestage des bornes de recharge. C’est maintenant qu’il faut se préparer pour faire face à une demande plus grande. La troisième raison, c’est la gestion de la consommation en énergie et la quatrième, c’est l’aide à la maintenance. »
Des initiatives reconnues
Lors de la remise des prix Eureka !, décernés par Écotech Québec en 2024, le complexe en copropriété Roccabella, situé au centre-ville de Montréal, et Fusion étaient en nomination dans la catégorie Immobilier.

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Isabelle Dubé-Côté, présidente et cheffe de la direction d’Écotech Québec
« On regarde toujours des technologies qui ont amélioré le bilan environnemental et le bilan économique », explique Isabelle Dubé-Côté, présidente et cheffe de la direction d’Écotech Québec. « Dans ce cas-ci, la réduction de la consommation électrique et la réduction de la facture d’électricité et de gaz qui en a découlé étaient assez claires, de même que la réduction des émissions de GES et la réduction du temps requis pour la gestion de l’équipement. On parle vraiment d’efficacité opérationnelle à plusieurs niveaux. »
Au Québec, environ 50 % de l’énergie est perdue, révèle-t-elle. « Avant d’aller vers la production de nouvelle énergie, il y a un gros potentiel à aller chercher en réduisant ces pertes-là et en consommant de manière plus efficace. »
Consultez le site de Fusion
Roccabella

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Le Roccabella est situé rue de la Montagne
- Implantation : mars 2020
- Économies d’énergie : 50 % (400 000 $ par année)
- Réduction des émissions de gaz à effet de serre : 67 % (1003 tonnes par année)
Données fournies par Fusion, à la suite d’une étude de cas
L’intelligence artificielle mise à contribution
L’intelligence artificielle est appelée à jouer un rôle primordial dans la gestion de la consommation d’énergie dans les bâtiments et, par conséquent, dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Les dirigeants de BrainBox AI l’ont compris en établissant des partenariats avec des équipes de chercheurs universitaires, à Montréal.

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L’intelligence artificielle est appelée à jouer un rôle primordial dans la gestion de la consommation d’énergie dans les bâtiments.
« Montréal est l’une des plaques tournantes de la recherche en intelligence artificielle pour ce qui est de l’apprentissage profond », indique Jean-Simon Venne, chef de la technologie chez BrainBox AI. « Avec Yoshua Bengio, avec l’Institut québécois d’intelligence artificielle Mila et avec l’institut de recherche et de transfert en intelligence Ivado, on a plus de 1000 chercheurs en apprentissage profond, qui sont très, très bons pour entraîner des réseaux de neurones à nous donner des prédictions. Dans notre cas, cela sert à prédire, par exemple, comment la température et l’humidité dans un bureau ou une cafétéria seront affectées six heures à l’avance. »
Dans son ancienne vie, M. Venne optimisait la consommation d’énergie dans des hôtels et des casinos partout dans le monde et était frustré de voir que la configuration était déréglée quelques mois plus tard.

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Jean-Simon Venne, chef de la technologie et cofondateur de BrainBox AI
S’il est possible de faire une voiture autonome capable de rouler sans écraser un chat qui traverse une rue, je me suis dit, en 2015, qu’on devrait être capable de contrôler le chauffage, la ventilation et la climatisation de façon autonome en utilisant le même genre de technique d’intelligence artificielle.
Jean-Simon Venne, chef de la technologie et cofondateur de BrainBox AI
C’est à Montréal qu’il est revenu en 2017 pour cofonder BrainBox AI, dont la technologie est déployée dans plus de 15 000 centres commerciaux, hôtels et tours de bureaux (non résidentielles) dans 17 pays, leur permettant de réduire de jusqu’à 25 % leurs coûts énergétiques et de jusqu’à 40 % leurs émissions de gaz à effet de serre.
BrainBox AI travaille en partenariat avec Mila et Ivado, de même qu’avec des équipes de recherche de Polytechnique Montréal, de l’Université de Montréal, de l’Université McGill, de l’Université Concordia et de l’École de technologie supérieure.
« On prend le résultat de leur travail, puis on l’intègre dans la technologie, comme le fait Airbus à Toulouse, qui assemble ses avions avec des pièces venant de différents pays, indique M. Venne. On a pu ainsi développer très rapidement la technologie tout en donnant une expérience extraordinaire à plein d’étudiants. Cela nous permet de toujours rester à la fine pointe de l’intelligence artificielle. »
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