A l’occasion de la 3eme édition du Printemps des technologies organisé par la Revue politique et parlementaire et la ville de Saint-Raphaël, Frédéric Masquelier, Maire de Saint-Raphaël répond a nos questions.
Revue politique et parlementaire – Qu’attendez-vous de cette troisième édition du Printemps des Technologies ?
Frédéric Masquelier – Cette troisième édition s’inscrit dans la continuité d’un engagement clair : faire de Saint-Raphaël un lieu où l’on pense le monde qui vient, où l’on ne subit pas la technologie, mais où on la comprend, on l’interroge, on l’apprivoise.
Je souhaite que cette édition réaffirme notre capacité à agir concrètement sur ces sujets. L’intelligence artificielle, le numérique, les mutations technologiques ne relèvent pas seulement de Silicon Valley ou des grandes capitales européennes. Elles nous concernent tous, ici et maintenant.
Ce que j’attends, c’est que le Printemps des Technologies donne aux citoyens des clés de compréhension, mais aussi des outils d’action. Que chacun reparte avec l’envie de se former, de s’impliquer, de rester libre dans un monde de plus en plus complexe.
Et j’espère aussi que cette édition marquera un tournant structurant avec l’annonce du dispositif des ambassadeurs de l’IA dans nos services municipaux : une action locale, concrète, qui incarne notre volonté de lutter contre la bureaucratie par l’intelligence, et de mettre l’innovation au service de tous.
Rpp – En quoi ces formats – conférences et tables rondes – permettent-ils de mieux appréhender la technologie ?
Frédéric Masquelier – Nous vivons dans un monde saturé de messages courts, d’opinions tranchées, d’algorithmes qui polarisent les idées. Le format conférence-table ronde, lui, offre le luxe du temps long, de la nuance, de l’écoute. Il permet la complexité – et c’est précisément ce dont nous avons besoin face à des sujets comme l’intelligence artificielle.
Ces formats ne sont pas là pour asséner une vérité, mais pour faire dialoguer des points de vue différents : des scientifiques, des entrepreneurs, des penseurs, des juristes, des éducateurs… Le Printemps des Technologies est un espace où la contradiction est non seulement acceptée, mais souhaitée.
Ce sont ces échanges qui permettent d’éclairer les enjeux réels, d’éviter les fantasmes ou les discours technophobes ou technolâtres. La démocratie ne peut pas survivre sans débats, et la technologie ne peut être domestiquée sans démocratie.
Rpp – D’ailleurs, en quoi le débat est-il crucial pour donner une grande place à la nuance, notamment lorsqu’il est question d’IA ?
Frédéric Masquelier – L’intelligence artificielle n’est pas une technologie neutre. Elle pose des questions éthiques, sociales, culturelles, éducatives… Et chaque réponse simple qu’on tente d’y apporter est souvent une fausse réponse.
Le débat est donc crucial pour ne pas tomber dans la facilité. Il permet de rappeler que l’IA est un outil et non une fin, qu’elle ne remplace ni la conscience, ni la responsabilité, ni la liberté humaine.
Je suis convaincu que le débat est aussi un antidote à la peur. C’est par la connaissance, la confrontation des idées, l’explication des mécanismes que l’on dédramatise les ruptures technologiques et qu’on en fait des leviers de progrès pour tous.
C’est pour cela que nous tenons à ce que le Printemps des Technologies soit aussi un événement populaire, ouvert, accessible, avec des ateliers pratiques, des temps de rencontre, des initiatives locales. La technologie ne doit pas appartenir à une élite. Elle doit s’inscrire dans la culture civique.
Rpp – Que souhaitez-vous que les Raphaëlois retiennent de cette édition ?
Frédéric Masquelier – D’abord que la technologie ne doit pas nous éloigner des fondamentaux, mais au contraire nous y ramener : la liberté, la responsabilité, l’exigence, la transmission.
Ensuite que la municipalité agit concrètement pour permettre à tous d’avoir accès à ces nouveaux outils. Nous avons lancé des ateliers pour réduire la fracture numérique, et nous allons plus loin avec le dispositif des ambassadeurs de l’IA: des agents formés pour faire circuler le savoir en interne et améliorer la qualité du service public. C’est une manière de dépasser la bureaucratie par l’intelligence collective.
Enfin, je veux que les Raphaëlois retiennent que nous ne séparons jamais les enjeux technologiques des enjeux de civilisation. L’édition de cette année en est la preuve : nous parlerons d’intelligence artificielle, de souveraineté numérique, de cybersécurité, mais aussi d’éducation, de langue française, de liberté d’expression.
Le point d’orgue de ce Printemps sera d’ailleurs le grand rassemblement de soutien à Boualem Sansal, emprisonné pour avoir voulu penser librement. La technologie sans liberté n’est qu’un instrument de servitude. C’est cela que nous devons, ensemble, refuser.
Frédéric Masquelier
Maire de Saint-Raphaël
Président d’Estérel Côte d’Azur Agglomération
Propos recueillis par Mathilde Aubinaud
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