À l’approche du 29 juin, plusieurs personnes ont en tête la violente tempête qui s’est abattue sur Edmundston et ses environs à pareille date l’an dernier. Pour bien des gens, il s’agit d’une soirée dont ils se souviendront longtemps.
C’est notamment le cas du maire d’Edmundston, Eric Marquis, qui estime qu’il s’agit du moment le plus marquant de son mandat jusqu’à maintenant. Il raconte qu’il était en vacances au lac Baker lorsqu’il a été mis au courant de la situation.
«Ce qui est bizarre est qu’au lac Baker, il ne pleuvait pas. On entendait un peu de tonnerre, mais sans plus. J’ai eu des messages de ma sœur et de mes parents qui m’ont dit qu’il pleuvait beaucoup. Ma première réaction a été de regarder les applications de météo pour voir ce qui se passait et j’ai vu quelque chose d’assez frappant sur les radars. Pratiquement au même moment, mon directeur général m’a contacté pour me dire qu’il commençait à avoir des situations problématiques dans la municipalité», raconte-t-il.
À Edmundston, on estime que près de 150 millimètres de pluie se sont accumulés sur une période d’environ deux heures.
Décidant de mettre un terme à ses vacances, le maire d’Edmundston est revenu en ville pour constater les dégâts et travailler avec l’administration municipale pour s’assurer que personne n’était en danger.
«Ça nous inquiétait, parce que l’on a appris en soirée que le chemin vers le Haut-Madawaska (Route 120) était coupé. C’était la même chose pour le chemin Rivière-à-la-Truite. Il y a eu beaucoup de décisions qui ont dû être prises à ce moment-là.»
Il y a eu des affaissements de terrain le long de la Route 120, ce qui a forcé les autorités à fermer une partie de cette voie à la circulation. Une résidence située le long de cette même route a même dû être déplacée en raison de son emplacement risqué.
La pluie a occasionné des inondations et des refoulements à Saint-Jacques chez plus de 250 résidentes et résidents.
David Couturier a été l’une de ces personnes affectées par des refoulements dans son sous-sol. Selon lui, cette situation a causé un désarroi total au sein de sa famille.
«On s’est senti extrêmement vulnérable ma conjointe et moi, car on ne s’imaginait pas que c’était quelque chose qui pouvait nous arriver.»
Outre les dégâts causés par la pluie, M. Couturier a aussi déploré le manque d’accompagnement de la part de la Ville d’Edmundston au lendemain de la catastrophe.
«Même 24 heures après, la Municipalité n’a pas décrété une mini mesure d’urgence locale avec des équipes pour nous aider à naviguer dans tout ça et nous donner les étapes à suivre. Les gens ont dû se débrouiller eux-mêmes (…) Quand tu es pris de panique, il est difficile de penser à tout. Ce n’est pas tout le monde qui peut gérer ça.»
Pour sa part, le maire Marquis dit toutefois avoir apprécié la réponse des employés municipaux qui ont décidé de laisser leur long week-end de côté pour revenir au travail.
«Peu importe le secteur, les employés entraient pour aller aider sur le terrain. Ils savaient qu’il fallait agir rapidement. On a aussi eu une bonne collaboration de la part de la province, comme, par exemple, le ministère de la Sécurité publique qui nous a appelés pour savoir si on avait besoin de leurs agents.»
Même s’il n’a pas encore une idée précise de l’ampleur des coûts liés à la tempête du 29 juin 2023, il estime qu’elle pourrait s’élever à au moins 10 millions$.
«Quand on regarde les dégâts dans la partie de Verret, sur la Route 120, ça devient difficile d’évaluer le coût total des dégâts, car on ne sait pas quand les travaux de réparation seront faits et ce que ça va coûter au gouvernement du Nouveau-Brunswick.»
«On souhaite que nos gouvernements fédéral et provincial soient là pour nous aider à mettre des mesures permanentes en place pour régler la situation.»
Cette catastrophe naturelle a fait réaliser au maire d’Edmundston que la municipalité et la région du Nord-Ouest n’étaient pas à l’abri des changements climatiques et des événements météorologiques de grande envergure.
«On s’est longtemps dit qu’on était bien à Edmundston. On n’avait pas vécu de grands événements comme on l’a vu dans d’autres municipalités», a mentionné Eric Marquis qui estime que la dernière catastrophe de la sorte remonte à 2008, alors que d’importantes inondations avaient frappé la région du Madawaska.
Dans ce contexte, les pluies diluviennes du 29 juin 2023 ont incité la Ville d’Edmundston à mieux se préparer à affronter le déchaînement de Dame nature dans le futur.
«Dans le passé, on faisait peut-être des choses que l’on tenait pour acquises, parce que ça n’avait jamais causé de problème. On est en train de réaliser qu’avec les changements climatiques, on va avoir de nouveaux défis et ça va demander des changements, autant du côté de la Municipalité que chez les citoyens.»
Cet événement a notamment forcé la Ville d’Edmundston à entreprendre un processus de révision de son réseau hydraulique, principalement dans le secteur de Saint-Jacques qui a été affecté par des infiltrations d’eau et des refoulements d’égouts.
«Après Saint-Jacques, il va falloir avoir le même questionnement pour le reste de la municipalité.»
«L’effort communautaire et collectif devra devenir un effort régional, car on a des cours d’eau dans la municipalité, mais ils partent parfois d’ailleurs. Donc, certaines décisions à d’autres endroits peuvent engendrer des défis à Edmundston.»
La création d’un comité formé d’intervenants de la Ville d’Edmundston et des citoyens de Saint-Jacques est aussi l’une des choses qui ont vu le jour à la suite de la tempête du 29 juin.
Deux études ont été commandées. La première, développée par la firme Roy consultants, vise à faire un état du système d’égouts sanitaire et pluvial, ainsi que la nappe phréatique, dans le quartier Saint-Jacques.
La deuxième, réalisée par la firme Englobe, s’est penchée sur la rivière à la Truite qui traverse Saint-Jacques. Selon Eric Marquis, elle servira à comprendre quelles sont les meilleures pratiques afin d’atténuer l’impact de la pluie lorsqu’elle fait grimper le volume d’eau dans cette rivière.
Dans les deux cas, les résultats se font attendre. Ils devraient être dévoilés au cours des prochaines semaines.
«On attend toujours la réponse, même un an après. On comprend que c’est un gros projet, peut-être plus gros que ce à quoi on s’attendait (…) On n’est pas satisfait que ça prenne autant de temps, mais on n’a pas beaucoup de contrôle là-dessus. À la fin de la journée, on veut avoir les bonnes solutions», a expliqué David Couturier qui a tout de même pris le temps de souligner les solutions rapides que souhaite mettre en place la Ville d’Edmundston en attendant la fin des études.
Peu importe ce qui a été réalisé au cours de la dernière année, la date fatidique du 29 juin 2024, suscite une certaine appréhension selon le maire Marquis. Elle refait surface dans les discussions sur une base presque hebdomadaire, que ce soit à l’Hôtel de Ville ou lors de rencontres avec des citoyens.
«Récemment, on a eu une alerte d’Environnement Canada de précipitations majeures. On a tout de suite fait entrer des employés pour installer un système de pompes. Heureusement, on n’a pas eu besoin de les utiliser, mais ça fait partie de notre apprentissage.»
«Quand on regarde la météo et qu’on voit des avis de pluie abondante, on se parle pas mal dans notre réseau interne. Ce n’est pas quelque chose que l’on va oublier demain matin.»
De son côté, David Couturier avoue que, chaque fois qu’il y a un avis ou une période de pluie abondante, les visites au sous-sol sont plus fréquentes.
«C’est sûr que l’on ne va pas trop loin et on reste à la maison. On en est rendu là. Ç’a créé une situation qui a affecté notre moral. On y pense plus souvent.»
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