La visite en France de Xi Jinping n’a pas permis de dissiper les nuages qui planent sur la relation bilatérale
Au deuxième jour de la visite d’Etat de Xi Jinping en France, les présidents chinois et français ont tombé la cravate, un signe de détente entre les dirigeants. L’Elysée souhaitait mettre en scène une séquence plus personnelle, après une première journée parisienne, lundi 6 mai, à l’agenda très officiel. L’occasion de discuter des sujets importants sans une armée de conseillers, pour infléchir un peu la position du président de la deuxième puissance mondiale, espère la France. Pour la Chine, la séquence permet de montrer un président reçu chaleureusement partout dans le monde. Mais arrivés au col du Tourmalet, c’est un épais blizzard qui a accueilli les deux chefs d’Etat : la belle carte postale espérée n’aura pas eu lieu.
A l’image de la visite d’Etat tout entière qui n’a pas permis de dissiper les nuages qui menacent la relation bilatérale. Principale avancée, les deux présidents se sont engagés en faveur d’une trêve olympique dans les conflits en cours à l’occasion des Jeux de Paris cet été. L’Elysée se félicite aussi d’une déclaration commune sur la situation au Proche-Orient, mentionnant notamment la solution à deux Etats.
Les enjeux commerciaux ont au contraire donné lieu à des échanges fermes, lundi, entre Xi Jinping et Emmanuel Macron, appuyé par Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, invitée par la France. Alors que M. Xi a balayé le « prétendu problème des surcapacités », son homologue français a affirmé sa volonté de « continuer à ouvrir le commerce, mais à s’assurer à chaque fois que celui-ci est pleinement loyal ». L’Elysée se félicite au moins d’avoir obtenu un sursis pour le cognac, menacé par une enquête antidumping chinoise, lancée en représailles à l’enquête de l’Union européenne sur les subventions aux véhicules électriques chinois.
Un dialogue « amical mais aussi très franc »
Faut-il voir dans ce geste – non confirmé par la partie chinoise – une volonté d’apaisement ? « Xi essaie de limiter la casse mais il sait bien qu’on va prendre des mesures : c’est ce qui l’embête le plus, dans le contexte de ralentissement de la Chine », estime le sinologue Jean-Pierre Cabestan, chercheur à l’Asia Centre. Depuis 2023, les officiels chinois multiplient les messages d’ouverture économique pour tenter de faire revenir les investisseurs, après trois ans de fermeture due à la politique zéro Covid mise en place dans le pays.
Alors que la consommation des ménages peine à repartir, les exportations explosent. Difficile, dans ce contexte, d’imaginer l’Union européenne faire des concessions : « On a perdu sur les panneaux solaires, sur les éoliennes, on ne va pas continuer de perdre sur les véhicules électriques », ajoute M. Cabestan.
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