l’adjoint aux sports Sébastien Jibrayel et son père en garde à vue pour des violences sur des militants LFI

Dans un contexte de tensions politiques croissantes à gauche à l’approche des élections municipales, l’affaire est embarrassante pour la majorité municipale conduite par Benoît Payan (DVG). Selon les informations de Mediapart, que nous sommes en mesure de confirmer, l’adjoint au sport de la Ville de Marseille, Sébastien Jibrayel, et son père, l’ancien député (2012-2017) Henri Jibrayel, ont été placés en garde à vue, ce mardi matin, dans le cadre d’une enquête préliminaire ouverte par le parquet de Marseille pour « violences volontaires en réunion ».

Les événements datent du 18 janvier dernier. Ce samedi en début d’après-midi, deux jeunes militants de LFI âgés de 24 et 26 ans collent des affiches devant l’école Saint-Henri Raphel 2 (16e), en face du cinéma L’Alhambra. « Averti par des riverains« , indiquait-il alors, Sébastien Jibrayel débarque. L’adjoint au maire PS, conseiller départemental du canton, les soupçonne d’arracher les affiches qu’il a fait placarder. Il est accompagné de son père, Henri Jibrayel, de son bras droit, Lyece Choulak, et de militants socialistes.

« Donneurs d’ordres »

Dans leur plainte, que La Provence a pu consulter, Sofiane, l’un des militants LFI, expliquait alors avoir été violemment « pris à partie » par «  2 ou 3«  puis « 10 ou 15 personnes » d’une quarantaine d’années en moyenne. « J’ai répété à plusieurs reprises qu’on était désolés si on avait fait quelque chose de mal et qu’on ne voulait pas offenser« , a-t-il assuré. Des excuses qui ne l’auraient pas empêché de recevoir une volée « de claques au visage«  avant de fuir se réfugier chez un voisin et d’appeler la police.

Resté sur place, David, le second, confiait avoir été roué de coups à la tête et s’être retrouvé au sol, lunettes de vue brisées. Chacun s’était vu prescrire, dans un premier temps, dix jours d’incapacité totale de travail (ITT) pour des « entorses cervicales » et un hématome « évocateur d’une probable fracture du crâne » pour l’un des deux. Leurs ITT ont depuis été ramenées à deux jours.

« Des individus proches des membres du Parti socialiste, Sébastien et Henri Jibrayel, présents sur les lieux et donneurs d’ordres selon les témoignages des militants, les ont agressés physiquement« , s’était indigné dans un communiqué le député LFI du secteur, Sébastien Delogu. « Il se trouve que les faits se sont déroulés sous une caméra de vidéosurveillance« , avait-il poursuivi en demandant que les images soient transmises à la justice.

De son côté, Sébastien Jibrayel avait évoqué une « simple altercation«  tout en qualifiant de « propos mensongers » les témoignages lui donnant un rôle de meneur.

En guise de « preuve », l’élu avait lui-même publié le soir des faits sur son compte X une vidéo montrant l’un des deux jeunes militants insoumis, filmé de près, visage flouté. On l’entend souffler péniblement, face à l’insistance de son interlocuteur, le nom de Sébastien Delogu. « Une vidéo humiliante » qui « accable Sébastien Jibrayel« , avait répliqué LFI, en demandant au maire de Marseille le retrait de sa délégation au sport.

« Les élus doivent être exemplaires »

Les premières investigations, à commencer par les images de la scène saisies par les policiers, semblent, en tout cas, apporter du crédit à la version donnée par les militants insoumis. Selon une source policière, on y entendrait un Sébastien Jibrayel, « particulièrement véhément », inciter ses troupes à frapper les deux jeunes hommes en hurlant « Vas-y, nique-le !« .

De son côté, Henri Jibrayel, ancien député socialiste des quartiers Nord, condamné en 2023 à cinq ans de prison dont deux ferme dans deux dossiers de détournement de fonds publics, n’aurait rien fait pour calmer la situation. Son rôle reste toutefois à préciser.

Parmi les agresseurs, figurerait un professeur de boxe thaïlandaise de l’Estaque dont l’association a notamment été subventionnée en 2022 et 2023 par la Ville de Marseille. Sur la page Facebook de l’association, on le voit poser, tout sourire, entouré de ses adhérents et des Jibrayel, père et fils, invités d’honneur d’une journée festive organisée en juin 2024.

Dans l’entourage du maire de Marseille Benoît Payan, on se contente, à cette heure, de rappeler que « les élus doivent être exemplaires« . « Le travail de la justice et l’enquête en cours permettront de déterminer les faits et les responsabilités de chacun. Toutes les mesures nécessaires seront évidemment prises en conséquence.« 

ce mardi, Sébastien Delogu se refusait à tout commentaire. Sur X, le député LFI Manuel Bompard interpellait Benoît Payan et le Parti socialiste : « Comment le maire de Marseille peut-il conserver comme adjoint un homme complice d’une telle agression ? Comment le Parti socialiste peut-il conserver en son sein un tel individu ? Il est temps de débarrasser Marseille de ces pratiques mafieuses.« 

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