L’Algérie ferme son espace aérien avec le Mali et retire ses ambassadeurs de Bamako et Niamey

La confrontation entre l’Algérie et les pays de l’Alliance du Sahel se poursuit : Mali, Burkina Faso et Niger. 

Si la tension s’était accrue ces derniers jours après la destruction d’une drone malien par l’armée algérienne, ce qui a entraîné le retrait des ambassadeurs du Mali, du Burkina Faso et du Niger à Alger, la confrontation s’intensifie maintenant en raison de l’ordre algérien de fermer son espace aérien avec le Mali et de retirer ses ambassadeurs à Bamako, capitale malienne, et à Niamey, capitale nigérienne.

Ainsi, le ministère des Affaires étrangères et le ministère de la Défense algériens ont publié des notes officielles après la décision conjointe des pays de l’Alliance du Sahel (Mali, Niger, Burkina Faso) de retirer leurs ambassadeurs accrédités à Alger. Ces pays protestent contre ce qu’ils considèrent comme une attitude belliqueuse de la part de l’Algérie, qui entrave la lutte que ces nations mènent contre les organisations criminelles, terroristes et séparatistes dans la région déjà agitée du Sahel.

Les chefs d’Etat malien Assimi Goita, nigérien Abdourahamane Tiani et burkinabé Ibrahim Traore posent pour des photos lors du premier sommet régulier des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) à Niamey, au Niger, le 6 juillet 2024 – REUTERS/ MAHADOU HAMIDOU

Le gouvernement algérien a décrété la fermeture de l’espace aérien, dénonçant des violations de celui-ci par le Mali. Une situation qui a entraîné l’arrêt des vols en provenance ou à destination du Mali. 

Le ministère de la Défense et le ministère des Affaires étrangères du pays maghrébin s’opposent ainsi aux accusations des pays de la toute nouvelle Alliance du Sahel, qui ont convoqué leurs trois ambassadeurs à Alger dimanche en réponse à ce qu’ils qualifient d’« acte d’agression » contre le Mali, après la destruction par l’armée algérienne, sur le territoire malien, de la drone militaire qui était en mission dans le nord du pays le 1er avril.

Ces pays du Sahel accusent Alger d’avoir abattu le drone malien dans le seul but de protéger les terroristes qu’il héberge à ses frontières avec le Mali. De son côté, le gouvernement algérien a fini par accuser le Mali d’avoir violé son espace aérien à trois reprises depuis l’été dernier. Cependant, le dimanche 6 avril, les autorités maliennes ont présenté des coordonnées et des données précises qui démontraient que leur drone, abattu par l’armée algérienne il y a une semaine, se trouvait effectivement sur le territoire malien, ajoutant que les autorités algériennes avaient gardé un « silence coupable » après une demande d’explications sur cette agression flagrante, selon divers médias régionaux africains tels que Le 360. 

Bamako a estimé que cet « acte d’agression » s’inscrit dans le cadre d’un soutien manifeste du régime algérien au terrorisme. L’incident a été qualifié par le bloc sahélien de violation du droit international et de preuve du soutien présumé de l’exécutif algérien au terrorisme.

El coronel maliense Assimi Goita - AP/BABA AHMED
Le colonel malien Assimi Goita – AP/BABA AHMED

Mais, selon le communiqué officiel du ministère algérien des Affaires étrangères, les accusations de terrorisme contre l’Algérie « ne font que masquer de manière très imparfaite la recherche de solutions et de déviations face à l’échec manifeste de ce qui reste un projet putschiste qui a entraîné le Mali dans une spirale d’insécurité, d’instabilité, de désolation et de misère ».

Selon diverses informations, le ministère algérien de la Défense a décidé de rompre son long silence face aux preuves existantes, en invoquant des défaillances de détection radar concernant l’abattage du drone, ce qui aurait dû être fait à l’époque et non plusieurs jours plus tard.

De son côté, le ministère des Affaires étrangères a ajouté, dans un deuxième communiqué, que l’exécutif algérien rejette les « graves accusations » des pays du Sahel, et qu’il « regrette » d’avoir appliqué le principe de réciprocité en convoquant ses ambassadeurs à Bamako et Niamey et en reportant l’installation du représentant diplomatique récemment nommé à Ouagadougou (Burkina Faso).

Ahmed Attaf, Ministro de Asuntos Exteriores de Argelia - REUTERS/ EDUARDO MUÑOZ
Ahmed Attaf, ministre algérien des Affaires étrangères – REUTERS/ EDUARDO MUÑOZ

Divers analystes voient dans l’attitude de l’Algérie l’intention de diviser cette Alliance du Sahel, créée par le Mali, le Burkina Faso et le Niger. Des pays dans lesquels un régime militaire s’est installé au pouvoir après plusieurs coups d’État ces dernières années. Cette organisation multilatérale est désormais opposée à la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), dont ces trois pays se sont retirés, provoquant un émoi régional. En opposition à cette Alliance du Sahel, le régime algérien affirme « regretter l’alignement irréfléchi du Niger et du Burkina Faso sur les thèses fallacieuses du Mali », ce qui peut être interprété comme une tentative de diviser l’organisation composée de ces nations sahéliennes.

Ainsi, la confrontation régionale s’intensifie après que l’Algérie se soit immiscée dans les affaires intérieures maliennes dans le passé, en particulier entre le gouvernement central et les rebelles touaregs du nord. Cependant, après les coups d’État au Mali (2020 et 2021), les relations bilatérales se sont considérablement détériorées. L’Algérie a ouvertement critiqué le recours par Bamako à des mercenaires étrangers et à des armes sophistiquées, y compris des drones, pour réprimer l’insurrection dans le nord du pays. 

Cette escalade des tensions entre l’Algérie et les pays du Sahel s’ajoute à d’autres affrontements de l’Algérie avec d’autres nations comme le Maroc voisin, avec lequel elle a rompu ses relations diplomatiques en août 2021 après avoir dénoncé des « actes hostiles » de la part du royaume marocain et d’importants désaccords politiques tels que ceux liés à la souveraineté du Sahara occidental, et ce malgré la main tendue à plusieurs reprises par le roi du Maroc, Mohammed VI, pour redresser la situation entre deux nations qui ont coopéré dans le passé. Ou comme avec d’autres pays comme l’Espagne et la France, avec lesquels l’État algérien a eu des divergences d’opinion après le soutien explicite franco-espagnol au plan d’autonomie proposé par le Maroc pour le Sahara occidental, que l’Algérie rejette, défendant les thèses du Front Polisario sur la tenue d’un référendum d’indépendance de la population sahraouie.

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