L’Algérie rappelle ses ambassadeurs au Mali et au Niger

L’Algérie a rejeté, dans un communiqué du ministère des Affaires étrangères, les « graves accusations » portées par le Mali, qui affirme qu’Alger a abattu l’un de ses drones sur le territoire malien.

Selon Alger, les données radars de son ministère de la Défense « établissent clairement la violation de l’espace aérien de l’Algérie » par un drone de reconnaissance en provenance du Mali.

L’Algérie a exprimé son regret d' »avoir à appliquer la réciprocité et à procéder au rappel, pour consultation, de ses ambassadeurs au Mali et au Niger et à différer la prise de fonction de son nouvel ambassadeur au Burkina Faso ».

Le ministère des Affaires étrangères a « regretté l’alignement inconsidéré du Niger et du Burkina sur les thèses fallacieuses du Mali » et a condamné, « avec une extrême fermeté », « le langage outrancier et injustifié tenu à l’égard de l’Algérie ».

Les « allégations mensongères » venant de Bamako « ne dissimulent que très imparfaitement la recherche d’exutoires et dérivatifs à l’échec manifeste [d’]un projet putschiste qui a enfermé le Mali dans une spirale d’insécurité, d’instabilité, de désolation et de dénuement », a fustigé Alger.

Le ministère algérien de la Défense avait annoncé, le 1er avril, avoir abattu, « vers minuit, à proximité de la ville frontalière de Tin-Zaouatine, un drone de reconnaissance armé ayant pénétré notre espace aérien », mais n’avait pas précisé sa provenance. 

« Il ne s’agit pas de la première violation par un drone malien de l’espace aérien de l’Algérie, mais bien de la troisième en quelques mois », selon le ministère algérien des Affaires étrangères.

« Toutes les données du ministère de la Défense algérien établissent une violation de l’espace aérien de l’Algérie sur une distance de 1,6 km » dans la nuit du 31 mars au 1er avril, selon le ministère.

En revanche, Bamako affirme qu’une enquête « a conclu avec une certitude absolue que le drone a été détruit suite à une action hostile préméditée du régime algérien » sur son territoire.

En conséquence, « le collège des chefs d’Etats de l’AES (Alliance des Etats du Sahel) décident de rappeler pour consultations les ambassadeurs des États membres accrédités à Alger », a annoncé dimanche soir l’AES dans un communiqué commun.

Selon le gouvernement malien, dirigé par des militaires depuis un double coup d’Etat en 2020 et 2021, l’épave du drone a été localisée à 9,5 kilomètres au sud de la frontière avec l’Algérie.

« Dialogue stratégique »

Le Mali a également annoncé son retrait immédiat du Comité d’état-major conjoint (CEMOC), basé en Algérie, une alliance de forces armées du Sahel contre le terrorisme, ainsi que son intention de porter plainte devant des instances internationales « pour actes d’agression ».

Les relations entre le Mali et son grand voisin du nord n’ont cessé de se dégrader ces dernières années, avec déjà un rappel réciproque d’ambassadeurs en décembre 2023, qui avait duré moins de deux mois.

Le Mali reproche à Alger d’entretenir une « proximité avec les groupes terroristes », notamment dans la région frontalière, où l’armée malienne a subi en juillet dernier de lourdes pertes face à une rébellion à majorité touareg.

L’Algérie a, de son côté, toujours rejeté ces accusations, plaidant pour la poursuite du dialogue entre Bamako et les rebelles pour un retour à la paix dans le nord du Mali, via “l’accord de paix d’Alger”. 

En janvier 2024, le Mali avait annoncé la « fin, avec effet immédiat », de l’accord de paix d’Alger, signé en 2015, longtemps jugé essentiel pour stabiliser le pays. 

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