L’ONG Human Rights Watch a documenté deux attaques.
Les juntes du Sahel se réarment sur le dos de leurs ex-partenaires
Pour étayer cette accusation, les membres de l’ONG se sont notamment entretenus par téléphone avec des témoins des massacres, des activistes de la société civile locale et des membres d’organisations internationales.
Représailles
Les témoins qui ont survécu aux massacres perpétrés le 25 février par des militaires dans les villages de Soro et Nondin expliquent qu’ils pensent avoir été pris pour cible parce qu’ils étaient suspectés de collaboration avec des djihadistes qui avaient mené un raid, quelques heures plus tôt, contre un camp militaire à Ouahigouya, la capitale provinciale. “Avant d’ouvrir le feu, les soldats nous ont accusés d’être des complices des djihadistes”, explique ainsi une femme de 32 ans qui a survécu au massacre mais a reçu une balle dans les jambes dans le village de Soro. “Ils nous ont reproché de ne pas collaborer avec l’armée parce que nous ne les avions pas informés des mouvements des djihadistes”, poursuit ce témoin.
Tous les témoignages recueillis évoquent le même schéma. Les djihadistes, après leur attaque, ont fui vers le Nord en direction de la frontière malienne. Le camp de Ouahigouya se trouve à une vingtaine de kilomètres au sud des deux villages de Soro et Nondin ; distants entre eux de 5 kilomètres. Trente minutes après le passage du convoi des djihadistes, les militaires sont arrivés dans les deux villages. Ils ont appelé les habitants à se réunir avant d’ouvrir le feu. “Ils n’ont eu aucune pitié”, explique un fermier de 60 ans interviewé par HRW et qui a réussi à se cacher chez lui. “Ils ont tiré sur tout ce qui bougeait. Ils ont tué des femmes, des hommes, des enfants, sans distinction. Certains militaires avaient le visage masqué. Ils étaient lourdement armés. J’ai vu un militaire interrogé une femme avant de l’exécuter à bout portant”.
Au Sahel, les civils sont pris au piège entre les groupes djihadistes et les juntes militaires au pouvoir
Pour Tirana Hassan, directrice exécutive de l’ONG, “les massacres qui se sont produits à Nondin et Soro ne sont que les dernières tueries de masse de civils perpétrés par des militaires burkinabés dans le cadre de leurs opérations d’antiterrorisme”.
Les ONG internationales et locales pointent en effet régulièrement la responsabilité des forces de l’ordre burkinabé dans des exactions ou des tueries commises contre des civils accusés de collaborer avec les groupes armés.
Le coup d’État militaire du 30 septembre 2022, qui a porté au pouvoir une junte dirigée par le capitaine Ibrahim Traoré, a fait du retour de la paix son cheval de bataille mais, jusqu’ici, son bilan est aussi maigre que celui des derniers pouvoirs civils face aux offensives des djihadistes qui occupent une part importante du territoire national.
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