L’armée du Burkina Faso massacre 223 villageois

Les 24 et 25 février, des groupes armés islamistes ont mené plusieurs attaques à travers le Burkina Faso contre des cibles militaires et des infrastructures civiles, tuant plusieurs dizaines de personnes. « Des attaques simultanées et coordonnées », avait déclaré aux médias le ministre burkinabé de la Défense, Mahamoudou Sana.

En représailles, un convoi de plus de cent militaires de l’armé burkinabé a exécuté sommairement au moins 223 civils, dont 56 enfants, dans deux villages le 25 février, selon un rapport publié jeudi d’Human Rights Watch (ONG internationale pour la défense des droits de l’Homme). Les militaires ont tué 179 personnes à Soro et 44 autres dans le village voisin de Nondin, dans la province du Yatenga au nord du pays. Ces villages font partis des nombreux endroits assiégés par le groupe Jama’at Nusrat al-Islam wa al-Muslimeen (JNIM), lié à Al-Qaïda et à l’État islamique.

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« Ils n’ont montré aucune pitié »

Cette campagne d’exactions, parmi les pires commises par l’armée au Burkina Faso depuis 2015, a été lancée contre des civils accusés de collaborer avec des groupes armés islamistes. « Ils ne nous ont posé qu’une seule question : « Pourquoi ne nous avez-vous pas alertés de l’arrivée des djihadistes ? » […] Ils nous accusaient d’être leurs complices », rapporte une survivante de Soro, âgée de 32 ans, à l’ONG.

D’autres témoins ont déclaré que les soldats faisaient du porte-à-porte, rassemblant les villageois en groupes avant d’ouvrir le feu sur eux à bout portant. Une femme de 22 ans, blessée lors de l’attaque, assure qu’ « ils étaient habillés en uniforme militaire burkinabé et portaient des casques ».

Les survivants ont décrit des scènes d’horreur. « Ils n’ont montré aucune pitié. Ils tiraient sur tout ce qui bougeait, ils tuaient hommes, femmes et enfants », raconte un homme de 60 ans qui s’est caché chez lui. Les vidéos filmées par les villageois montrent des dizaines de corps éparpillés entre les maisons ou rassemblés en tas. 

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Peu d’espoir de justice

Les évènements violents liés au conflit entre les forces burkinabé et le groupe JNIM ont entraîné la mort de plus de 8 000 personnes en 2023 et plus de 430 rien qu’en janvier 2024. Ils ont également contraint deux millions de personnes à quitter leurs foyers et entraîné la fermeture de plus de 6 100 écoles depuis 2021.

Le pays a décidé de suspendre pour deux semaines la BBC et Voice of America (VOA) pour avoir relayé des accusations « d’exactions » commises par l’armée dans son combat contre les djihadistes. | TOBY MELVILLE/REUTERS

Le pays a décidé de suspendre pour deux semaines la BBC et Voice of America (VOA) pour avoir relayé des accusations « d’exactions » commises par l’armée dans son combat contre les djihadistes. | TOBY MELVILLE/REUTERS

Malgré l’ouverture d’une enquête et la création d’une force conjointe, avec le Mali et le Niger, pour lutter contre les groupes armés islamistes, l’impunité bien ancrée des exactions ne laisse que peu d’espoir de justice, comme le souligne Human Rights Watch. Depuis l’intensification des combats, personne n’a été tenu pour responsable.

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