Le surendettement continue de progresser en Martinique. Selon les chiffres publiés par l’Institut d’Émission des Départements d’Outre-Mer (IEDOM), 545 dossiers ont été déposés entre février 2024 et janvier 2025, soit une augmentation de 13 % par rapport à l’année précédente. Ce chiffre témoigne d’un budget de plus en plus contraint pour de nombreux ménages martiniquais.
Derrière ces chiffres se cachent des réalités bien concrètes : des familles en difficulté, des foyers qui peinent à boucler leurs fins de mois et des situations parfois irréversibles. Le surendettement touche des profils variés.
Patrick Croissandeau, directeur de l’Institut d’Émission des Départements d’Outre-Mer (IEDOM) de Martinique, identifie trois grandes catégories de ménages touchés par ce phénomène :
Il y a trois types de profils. Je commence par celui qu’on entend le plus souvent, les ménages à gestion imprudente du budget qui vont parfois dépenser plus que ce que leurs ressources ne leur permettent. Il y a ensuite des ménages qui ont des revenus et des situations fragiles, tout simplement insuffisants pour faire face à leurs charges courantes : payer un loyer, l’eau, l’électricité, le transport, etc. Et puis la majorité des dossiers concernent des ménages qui vont connaître un événement, un accident de la vie. C’est la perte d’emploi, une séparation, une maladie… qui, à un moment donné, va créer un déséquilibre dans le budget.
Patrick Croissandeau, directeur de l’IEDOM Martinique,au micro de Gaël Biche
Le bilan d’activité 2024 de la commission de surendettement de la Martinique, présenté mercredi 26 février, confirme cette tendance inquiétante.
Cette hausse s’inscrit dans la continuité de la tendance observée depuis 2021 pour se rapprocher du niveau atteint 10 ans auparavant, soit 539 dossiers.
Cette évolution, bien que marquée, reste inférieure à celle enregistrée dans l’ensemble des DOM (+24,1 %), mais dépasse la tendance nationale (+10,8 %). Rapporté à la population, le taux de surendettement s’établit à 1,5 dossier pour 10 000 habitants en Martinique, contre 2,5 dans l’Hexagone.
Sur les 455 dossiers jugés recevables en 2024, 36 % ont été orientés vers un rétablissement personnel, c’est-à-dire un effacement total des dettes en raison d’une situation financière irrémédiablement compromise. Les 64 % restants ont fait l’objet d’un réaménagement de dettes pour permettre un remboursement partiel ou total.
Le nombre de dossiers recevables a ainsi progressé de 12,4 % en un an.
Le nombre de dossiers recevables progresse de 12,4% en 2024, parmi eux 17,2% concernent des débiteurs propriétaires de leurs résidences principales (contre 12,9% en 2023), 38,7% comportent une capacité de remboursement négative.
L’endettement médian observé dans les déclarations de surendettement reste stable : 21 212 euros hors immobilier contre 21 417 euros en 2023. En moyenne, chaque dossier comporte cinq dettes, illustrant la diversité des créances pesant sur les ménages en difficulté.
Alors que l’augmentation du surendettement en Martinique s’inscrit dans une dynamique plus large à l’échelle nationale et ultramarine, elle reflète surtout les difficultés économiques et sociales croissantes des habitants.
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