L’autre dégradation qui menace la France

La France a échappé au couperet de Fitch et de Moody’s, mais le verdict de Standard & Poor’s est à encore à venir, et ce n’est peut-être que partie remise. Il n’empêche, cela reste une bonne nouvelle et, ces derniers mois, elles étaient devenues rares.

L’appétence pour la dette française reste solide, de même que les fondamentaux économiques du pays, soulignent les agences pour justifier leur mansuétude. Cela éloigne les craintes d’une flambée des taux d’intérêt. Et cela ramène un peu de sérénité dans un débat national qui en manque (la France n’est pas la Grèce, contrairement à ce que certains opposants claironnent).

Risque de décrochage

Le gouvernement doit se saisir de cette occasion non pas pour mettre sur pause les efforts budgétaires, mais au contraire pour concrétiser les engagements ambitieux qui ont été pris. Sachant que pas grand monde ne croit (y compris Fitch et Moody’s) à sa promesse de retour sous les 3 % de PIB de déficit à l’horizon 2027.

Car le problème n’est pas tant de convaincre les agences de notation financière que les investisseurs détenteurs de la dette française. Au-delà, l’objectif doit surtout être de raccrocher le bon wagon au sein de l’Union européenne. Le risque pour la France est en effet bien réel de décrocher, avec un déficit durablement supérieur à 5 % et une dette qui pourrait peser le double de celle de l’Allemagne d’ici quelques années.

Dans une zone monétaire et politique commune, où Emmanuel Macron a encore affiché de grandes ambitions lors de son discours de la Sorbonne, toute relégation économique de la France viendrait ruiner ses desseins. La stratégie du chef de l’Etat de mener des réformes favorables à l’emploi et à la croissance afin de doper les recettes publiques reste la bonne (la France est le pays européen le plus attractif pour les investissements étrangers), mais il doit la compléter enfin par un effort de maîtrise des dépenses.

Le débat lancé par TotalEnergies

Le pavé dans la mare lancé par TotalEnergies, qui envisage de transférer sa cotation principale de la Bourse de Paris à celle de New York, vient aussi rappeler la fragilité de la position de l’économie française au sein d’une Europe dépassée par le rythme imposé par les Etats-Unis. Même si le groupe français ne prévoit pas de modifier la localisation de son siège, ses activités, ses clients et ses actionnaires sont de plus en plus mondiaux, à l’instar de nombre de grandes entreprises tricolores.

Pour garder ces fleurons en France, il faut un Etat qui leur assure un environnement juridique et politique stable et favorable, dans une Europe qui accélère sur le plan économique. Au risque, sinon, d’une autre dégradation, encore plus redoutable.

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