Alors que plusieurs Canadiens revoient leurs plans de vacances en raison de la guerre commerciale déclenchée par le président américain, de nombreux intervenants de l’industrie touristique au Nouveau-Brunswick disent déjà en ressentir les effets quelques mois avant l’arrivée de la saison estivale.
C’est notamment le cas de Chris et Grazielle Aerni, propriétaires du Rossmount Inn depuis 24 ans.
Leur hôtel de 18 chambres à Saint Andrews offre des repas gastronomiques que plusieurs visiteurs réservent des mois à l’avance. Cette année, les réservations arrivent encore plus tôt.
De ce que je peux voir, à moins d’un revirement de situation drastique, il semble que la saison estivale sera très bonne pour le Nouveau-Brunswick
, explique M. Aerni, un chef originaire de Suisse.
Chris Aerni dit constater que son hôtel de Saint Andrews reçoit déjà des réservations de touristes en prévision de la prochaine saison estivale.
Photo : Gracieuseté : Chris Aerni
Selon des données du Service des douanes et de la protection des frontières des États-Unis, près de 500 000 voyageurs de moins ont traversé la frontière terrestre du Canada vers les États-Unis en février par rapport à la même période l’an dernier.
Si la tendance se maintient dans les prochains mois, la saison touristique pourrait se traduire par d’importantes retombées économiques pour l’industrie du tourisme dans la province.
La directrice générale de l’Association de l’industrie touristique du Nouveau-Brunswick, Joanne Bérubé-Gagné, raconte par exemple avoir récemment assisté à un salon de véhicules récréatifs à Montréal, un événement couru par environ 30 000 visiteurs.
Tout le monde qui a visité notre kiosque nous a dit : « nous allons vers l’est, nous allons au Nouveau-Brunswick, nous voulons vous rendre visite cette année »
, raconte-t-elle.

Joanne Bérubé Gagné est directrice générale de Association de l’industrie touristique du Nouveau-Brunswick. (Photo d’archives)
Photo : Radio-Canada
Selon elle, plusieurs ont annulé leurs vacances aux États-Unis et souhaitent passer leurs vacances au Canada au cours des prochaines années.
Lorsque vient le temps de prévoir un voyage, les touristes réservent généralement d’abord le logement et Mme Bérubé-Gagné confirme que les réservations se font plus tôt qu’à l’habitude.
Nous avons déjà des terrains de camping qui nous disent qu’ils afficheront avant même leur ouverture officielle. Habituellement, c’est quelque chose que l’on voit en avril ou en mai, mais on reçoit des appels depuis février déjà
, dit Joanne Bérubé-Gagné.
Le Suzanne Robichaud, propriétaire du South Cove Camping & Golf à Shédiac, confirme aussi la tendance.
Beaucoup de gens nous disent la même chose, ils ne vont pas aux États-Unis. Ils ont annulé leurs vacances à Old Orchard [Beach] et au New Hampshire
, dit celle qui dirige cette entreprise familiale vieille de 50 ans.

Suzanne Robichaud est propriétaire du Camping South Cove de Shediac.
Photo : Gracieuseté : Suzanne Robichaud
Alors qu’elle accueille habituellement plusieurs touristes québécois et ontariens ayant déjà séjourné dans son camping, elle dit aujourd’hui recevoir des appels de nouveaux clients.
J’ai eu quelques appels cette semaine. Des gens… qui changeaient leurs plans, qui n’iront pas au Maine, et qui voulaient savoir quelles activités Shediac a à offrir et le bon temps pour visiter. Ils ont fini par réserver pour deux semaines.
Un peu plus loin, le Camping Parasol prend des réservations depuis décembre et la plupart des sites affichent complet en juillet et en août, ce qui laissera peu de place pour les retardataires, affirme la propriétaire, Camille Piccinin, qui prédit que la saison estivale sera très bonne.
D’après Chris Aerni, l’intérêt que suscite le Nouveau-Brunswick comme destination touristique est aussi accentué par la faiblesse du dollar canadien, une tendance qui attire des visiteurs des deux côtés de la frontière.
Nous sommes une en quelque sorte une aubaine
, dit-il. Quand le dollar chute dans les sous la barre de 0,70$ US, dans mon expérience, c’est le moment quand les Québécois cessent de traverser la frontière et cherchent à se réserver quelque chose… dans une région où leur dollar va plus loin
, analyse-t-il.
Mme Bérubé-Gagné partage son avis, mais pour la plupart des touristes, le choix de ne pas voyager aux États-Unis est d’abord et avant tout une question de principe.
La première chose qui est évoquée c’est la manière dont nous avons été traités
, dit-elle.
Elle ajoute que les membres de l’industrie touristique continueront d’accueillir les visiteurs américains à bras ouvert et qu’ils s’assureront de leur offrir la meilleure expérience afin qu’ils profitent de leur séjour.
Nous sommes réputés pour offrir un bon service, un service amical. Je crois que nous devons continuer de le faire. Ce n’est pas tout le monde qui pense que comme le président
, juge-t-elle.
D’après les informations d’Allyson McCormack de CBC
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